« Assassin’s Creed » : l’Histoire vue par les jeux vidéo

« Assassin's Creed » : l'Histoire vue par les jeux vidéo

Rien n’est vrai, tout est permis… Ce dicton emblématique de la confrérie des Assassins reflète d’une bien belle manière l’histoire vidéoludique de la franchise Assassin’s Creed débutée en 2007 dans les rues de Damas. En moins d’une vingtaine d’années, le plus grand représentant de l’éditeur Ubisoft aura réussi, avec plus ou moins de succès, à poser ses marques dans le monde de la pop-culture et à devenir un évènement à chaque nouvelle sortie. A l’occasion de la sortie du dernier opus au Japon, retour sur les différents jeux majeurs de la licence.

Du Prince à l’Assassin

Au cours des années 2000, Ubisoft est une société en pleine expansion. Les franchises Splinter Cell et Rayman connaissent des succès critiques et commerciaux amenant l’éditeur à asseoir une renommée mondiale et à se faire un nom au sein des développeurs de jeux vidéo. En 2005, Ubisoft Montréal, le studio phare de la société, vient de terminer la trilogie des Sables du Temps, centrée autour du Prince, héros emblématique de Prince of Persia.

Patrice Désilets, premier employé du studio et directeur créatif de Prince of Persia : Les Sables du Temps, est en charge avec son équipe d’un projet de spin-off tournant autour de l’univers perse. Avec cette nouvelle itération, Désilets souhaite s’éloigner de la figure du Prince et, en parcourant ses livres universitaires, finit par s’intéresser au monde des sociétés secrètes et plus particulièrement à un ancien Ordre religieux d’Assassins musulmans basé dans la forteresse Alamut au temps des Croisades.

Lui et son équipe décident donc d’axer leur histoire autour d’un Assassin, dont la mission est de protéger le Prince et qui souhaite parvenir à la tête de sa confrérie. Le projet débute en 2004 après la sortie du premier opus des Sables du Temps et un prototype est présenté, en se focalisant autour des libertés de mouvement du protagoniste et de son interaction avec l’environnement.

Les exécutifs chez Ubisoft ne sont pas très emballés par l’idée que le Prince devienne un personnage secondaire dans sa propre franchise et proposent la création d’une nouvelle propriété intellectuelle en lieu et en place de celle déjà existante. C’est ainsi qu’en 2006, le nom Assassin’s Creed est trouvé et adopté. L’arrivée prochaine des consoles de la septième génération permet de revoir le concept du projet. En examinant les spécificités prévues, Patrice Désilets y entraperçoit l’opportunité de créer un monde ouvert et réajuste l’ensemble du projet.

Le personnage du Prince disparaissant du projet, l’équipe de Désilets enrichit l’univers de l’Assassin. Pour ce dernier, l’équipe s’intéresse à un oiseau-totem pouvant définir leur personnage. L’image de l’aigle comme oiseau de proie émerge dans la tête des développeurs et il est décidé que le protagoniste se nommera Altaïr, qui signifie « celui qui vole » en arabe et qui est également l’étoile la plus brillante de la constellation de l’Aigle.

L’histoire principale, de son côté, sera abordée par le biais du conflit entre les Assassins et les chevaliers de l’Ordre du Temple durant la guerre des Croisades, avec la pomme d’Eden en enjeu principal. Le concept de l’Animus est également implémenté et tire son inspiration de celui des Sables du Temps, où la mort du personnage devenait une part intégrante de l’histoire et du gameplay. Cette idée n’enthousiasme guère les exécutifs du studio, qui préfèrent focaliser leur campagne marketing autour de l’univers médiéval de cette nouvelle franchise.

Le jeu finit par sortir durant le mois de novembre 2007. Malgré ses missions et quêtes annexes répétitives, Assassin’s Creed est salué par la critique et les joueurs pour l’univers dépeint et la qualité de son open-world. L’immersion au sein de ce Moyen-Orient du XIIe siècle est totale pour les joueurs de l’époque.

Cette revisite de l’Histoire à travers les sociétés secrètes que sont la Confrérie des Assassins et l’Ordre des Templiers est bienvenue dans un monde vidéoludique qui ne s’est jamais réellement investi dans une forme, approfondie ou non, de véracité historique. On redécouvre ainsi les évènements de la Troisième Croisade, où l’on finit par croiser quelques figures historiques de l’époque, comme le Templier Robert de Sablé ou encore le roi Richard Cœur de Lion, tout en arpentant les rues de Jérusalem, d’Acre et de Damas.

Le jeu se permet même de rajouter des éléments de S-F avec l’introduction de l’Animus et de Desmond Miles, incarnation du joueur à l’écran. Cet aspect du jeu dissémine quelques éléments pour une potentielle suite qui verra le jour en cas de succès et qui aura l’opportunité de prendre place à n’importe quel moment de l’Histoire par le biais du concept novateur qu’offre cette partie située au présent. Le jeu devient un succès commercial et finit par atteindre plus de 8 millions de vente au cours de l’année 2009.

Requiescat in pace…

Une fois le premier volet sorti mondialement avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui, l’équipe de Patrice Désilets planche sur sa suite. Elle décide de changer d’époque et s’intéresse aux périodes phares qui ont bouleversé le monde en leur temps. La Renaissance italienne finit par retenir leur attention. Véritable terreau de changements sociétaux et culturels, elle définit la fin du Moyen Âge et le début d’une Europe plus moderne. Elle est également marquée par de grandes personnalités, telles que Léonard de Vinci ou encore Machiavel. L’action de cette suite se déroulera donc en Italie et nous fera voyager entre Florence et Venise.

Qui dit nouvelle période, dit nouveau protagoniste sous le nom de Ezio Auditore da Firenze. On le suivra dès sa naissance jusqu’à l’aube de ses 40 ans. Il nous fera ainsi vivre les différents évènements qui se déroulèrent au sein de l’Italie de la deuxième moitié du XVe siècle, comme la conjuration des Pazzi. Possédant le moteur et le gameplay d’Assassin’s Creed, l’équipe d’Ubisoft Montréal peut développer en profondeur ses mécaniques de gameplay, son histoire et son open-world. Au cours de l’E3 2009, Assassin’s Creed II est officiellement montré au public et l’attente devient unanime.

Le jeu sort le 24 septembre 2009 seulement sur les consoles de salon, puis sur PC l’année d’après et les retours sont dithyrambiques. La communauté vidéoludique salue les efforts menés par le studio d’Ubisoft par rapport au premier opus et le personnage d’Ezio finit par conquérir le cœur des joueurs. Tous les compteurs ont été démultipliés et la plongée dans cette Italie de la Renaissance est une franche réussite, avec une composition magistrale de Jesper Kyd qui deviendra la définition musicale de la série au fil des années.

Néanmoins, le constat est nettement différent concernant la période se déroulant dans le présent, où les joueurs se désintéressent de la trame s’esquissant autour du destin de Desmond Miles et de sa découverte de nombreuses théories inspirées de faits réels pendant sa quête de la Pomme d’Eden. Le jeu surpasse l’engouement de son prédécesseur et reste encore aujourd’hui une pierre fondatrice de la licence.

À la suite des succès mondiaux des deux premiers jeux de la franchise, Ubisoft cherche à enchaîner les projets pour s’assurer un retour sur investissement continu. C’est décidé, un jeu Assassin’s Creed sortira une fois par an. Le développement du troisième jeu se met en place et suivra directement l’épilogue d’Assassin’s Creed II, où Ezio se rendait au Vatican affronter le pape Alexandre VI, plus connu sous le nom de Rodrigo Borgia, dans une pièce secrète de la chapelle Sixtine. C’est également à l’issue de cette rencontre que Minerve, dernière représentante de Ceux qui étaient là avant, apparaît pour s’adresser à Desmond par le biais d’Ezio.

On suivra sa lutte face au pape fraîchement élu dans la ville de Rome, qui sera la seule ville visitable du jeu, et l’accent sera mis sur la Confrérie et sa gestion au sein de la ville par Ezio. L’histoire du jeu verra également Ezio aux prises avec le reste de la famille Borgia, Cesare et Lucrèce, et le tout aboutira au siège de Viana qui achèvera l’emprise des Borgia sur l’Italie.

Le développement est toujours chapeauté par le directeur créatif Patrice Désilets, mais celui-ci partira avant la sortie du jeu en justifiant ce départ comme une « pause créative ». Après de nombreuses rumeurs quant à son titre, son annonce à l’E3 2010 clarifie la situation en l’estampillant Assassin’s Creed Brotherhood.

Cette suite directe de Assassin’s Creed II sort durant le mois de décembre 2010 sur consoles et l’année d’après sur PC et reçoit la même réception que son aîné. La retranscription de cette Rome du début du XVIe siècle enthousiasme les passionnés d’Histoire et les retrouvailles avec Ezio ravissent les joueurs. Malgré une mécanique de gameplay sans grandes nouveautés, la Confrérie et sa gestion manuelle dans le jeu renforce ce sentiment d’appartenance à la société secrète.

Un mode multijoueur fait son apparition avec une proposition unique dans son genre, tournant autour de matchs d’assassinat de cibles sous contrôle d’un joueur adverse qui cherchera également à vous éliminer. Certes plaisante, cette nouvelle addition sera plus vue comme un supplément bienvenu par la communauté créée autour de la licence. De son côté, Desmond Miles continue ses aventures dans le présent, malgré un désintérêt grandissant du public envers lui, mais se termine par un rebondissement surprenant qui intriguera tout de même une partie des joueurs.

Suivant sa planification d’un jeu chaque année, Ubisoft annonce dans la foulée l’année d’après la conclusion du triptyque sur Ezio Auditore avec le retour d’Altaïr. Cet opus, initialement prévu sur 3DS sous le nom d’Assassin’s Creed Lost Legacy, nous fera voyager en dehors de l’Italie du II et de Brotherhood pour atteindre le port de Constantinople, ancienne capitale de l’empire byzantin et future Istanbul, et les terres de Masyaf. On dirigera un Ezio vieillissant, qui confie la gestion de la Confrérie de Rome à sa sœur pour revenir là où tout a commencé et pour découvrir les secrets cachés dans la tombe du Grand Maître Assassin Altaïr Ibn-La’Ahad.

Durant ses recherches, il croisera de grandes figures historiques de l’époque, comme Manuel Paléologue, l’héritier du défunt Empire byzantin, ainsi que le prince Soliman, futur sultan de la dynastie ottomane, qui amènera l’Empire à son apogée durant son règne.

Ce jeu est le premier dirigé sans Patrice Désilets, qui ne revient finalement pas chez Ubisoft après la sortie de Brotherhood et partira créer son propre studio. C’est Alexandre Amancio qui en prend la responsabilité et qui fera ses premiers pas au sein de la franchise. Ce troisième volet des aventures de l’Assassin florentin, finalement intitulé Assassin’s Creed Revelations, est annoncé durant l’E3 de l’année 2011.

A sa sortie en fin d’année 2011 sur consoles et PC, Assassin’s Creed Revelations est le premier jeu de la série à connaître un retour critique plus mitigé, malgré un succès notable. Avec un rythme d’une sortie par an, le jeu apporte son lot de lassitude avec un gameplay qui montre des signes de stagnation et une proposition moins novatrice malgré son dépaysement offert par les terres musulmanes.

La conclusion simultanée des aventures d’Ezio et d’Altaïr ravit les fans aguerris de la franchise, mais ce sentiment n’amoindrit pas les critiques d’un jeu qui propose peu de renouvellement. Desmond Miles connaît quelques rebondissements narratifs avec une plongée au sein de l’Animus qui amène à sa rencontre avec le mystérieux Sujet 16, mais l’ensemble n’arrive pas à enthousiasmer les joueurs. Quelle que soit la qualité de ce dernier volet de la trilogie Ezio, le studio Ubisoft Montréal aura réussi à créer un personnage emblématique des jeux vidéo, qui marque encore aujourd’hui de son empreinte le monde de la pop culture.

L’épopée nord-américaine

Assassin’s Creed Brotherhood et Assassin’s Creed Revelations étant considérés comme des œuvres mineures de la franchise, le troisième véritable volet de la série se fait toujours attendre. A l’annonce de son arrivée prochaine, on apprend que certains développeurs avaient commencé son développement dès la sortie d’Assassin’s Creed II et que chaque opus numéroté proposera la vision d’un nouveau personnage dans un tout nouvel environnement et une époque distinctive.

Les ambitions du jeu, sous l’égide du directeur créatif Alex Hutchinson, sont grandes. Un nouveau moteur de jeu est créé pour l’occasion pour pouvoir supporter les nouvelles mécaniques de gameplay, le rendu des paysages et le nombre de PNJ présents durant les batailles. Le jeu aura comme objectif d’amener la quête de Desmond Miles à son terme, avec l’arrivée imminente de la fin du monde durant l’année 2012, qui était une des prérogatives de Patrice Désilets avant son départ précipité en 2010.

Durant le mois de février 2012, l’annonce est faite sur les réseaux et ce troisième volet se déroulera durant l’indépendance américaine du XVIIIe siècle. Une première bande-annonce pour Assassin’s Creed III est diffusée durant l’E3 de cette même année.

Le cadre est fixé et la promotion commence. Le joueur incarnera un natif américain durant cette révolution et assistera aux dates majeures de cette période des Etats-Unis d’Amérique, comme la Boston Tea Party de 1773 ou la bataille de Breed’s Hill, qui fut la première grande bataille de la guerre d’indépendance. Ces évènements fondateurs permettront de rencontrer le général George Washington, futur premier président, ou encore Benjamin Franklin durant l’écriture de son almanach.

Les différentes présentations se concentrent sur les changements majeurs apportés à la fluidité du gameplay et du déplacement et sur la qualité graphique générale du titre. Les changements de saison proposés par le jeu apportent un contraste saisissant sur le monde ouvert, plus particulièrement durant l’hiver où la neige devient tangible grâce aux traces de pas du personnage. Le jeu finit par sortir dans les bacs des magasins en fin d’année 2012 et bat tous les records de vente de ses deux prédécesseurs, pour atteindre les 12 millions de jeux vendus l’année qui suit sa sortie. Les critiques et le public saluent l’avancée majeure proposée par cette nouvelle itération et l’effort apporté à la reconstitution historique.

Néanmoins, le personnage principal Connor Kenway, nommé Ratonhnhaké:ton en langue native, ne provoque pas le même engouement que son illustre aîné Ezio. Malgré la dynamique intéressante qu’il apporte en compagnie de son père Haytham Kenway et que l’on voit évoluer tout le long de l’histoire, sa personnalité plus froide, torturée et violente que celle du Florentin désarçonne la communauté de joueurs et, par conséquent, il ne parvient pas à sortir de l’ombre du Maître Assassin de la Renaissance.

Après avoir accompagné les aventures d’Ezio, Jesper Kyd se retire de la composition musicale de la série pour laisser la place à Lorne Balfe. Déjà à l’œuvre sur Revelations, il est en grande forme sur le III et délivre une bande originale à la hauteur de l’héritage de la série, même si l’ambiance atmosphérique propre à Jesper Kyd fait preuve de son absence. Assassin’s Creed III voit également la fin des aventures de Desmond Miles, qui se sacrifie pour éviter la fin du monde sous le regard de quelques intéressés.

Le temps n’est pas au repos chez Ubisoft. Faisant suite au succès retentissant des aventures de Connor, le studio Ubisoft Montréal annonce être déjà sur un nouvel épisode numéroté de la sérié. Un premier visuel est mis en ligne avec au premier plan un Assassin pirate et en arrière-plan un drapeau pirate contenant le sigle des Assassins. La bande-annonce officielle est publiée sur les réseaux sociaux au cours du mois de mars 2013 et le jeu se nommera Assassin’s Creed IV Black Flag.

Se situant entre deux générations de console, il sort tout d’abord sur les anciennes versions à la fin du mois d’octobre, puis sur les nouvelles et sur PC le mois d’après. En axant son gameplay sur les phases maritimes, déjà présentes sous forme de balbutiements chez son aîné, Black Flag fait l’unanimité au sein des joueurs et de la critique en tournant sa trame autour de l’âge d’or de la piraterie du début du XVIIIe siècle, au détriment, pour certains, de la partie Assassin qui est quelque peu délaissée. Cependant, tout le monde tombe d’accord concernant l’immersion dans le monde de la piraterie.

On est complètement immergé dans cet univers, où l’on rencontre Edward Thatch, plus connu sous le nom de Barbe Noire, Bartholomew Roberts, Charles Vane,  Mary Read ou encore Anne Bonny. En leur compagnie, nous retraçons les dernières grandes heures de la piraterie et quelques moments marquants de cet âge d’or, comme la bataille de l’île d’Ocracoke où Barbe Noire perdra la vie. Ces différentes séquences permettent au jeu de dresser une vision mélancolique de cette République éphémère, qui finira par atteindre le personnage principal, Edward Kenway, simple pirate devenu Assassin. Il finit par retourner en Angleterre pour retrouver sa femme, avec qui il concevra un deuxième enfant, Haytham.

Les phases se déroulant dans le présent se voient apporter une modification majeure avec l’arrivée d’une vue à la première personne. Le joueur se retrouve à jouer un employé d’Abstergo. La société contrôlée par les Templiers développe un système qui permettrait aux joueurs de ce monde de se plonger dans l’univers de l’Animus via la plateforme Helix. Ces séquences se déroulant à notre époque ne sont guère passionnantes et deviennent plus un passage obligé pour justifier l’ADN de la licence, qui a toujours connu des phases dans le présent amenant vers le passé d’un personnage historique. On notera également que Black Flag sera le dernier jeu à proposer un mode multijoueur, présent depuis Brotherhood.

La huitième génération de consoles ayant fait son apparition, le regard des joueurs est tourné vers un nouveau volet dédié exclusivement à ce nouveau marché. Néanmoins, Ubisoft n’en oublie pas la PS3 et la Xbox 360, en révélant l’arrivée d’un dernier jeu sur cet ancien marché. Le studio en charge principalement du projet est situé à Sofia en Bulgarie et proposera une vision très différente des anciens jeux sortis.

Au lieu d’incarner un Assassin, nous endosserons la tenue d’un Templier après avoir assisté aux intentions néfastes de la Confrérie durant le séisme de Lisbonne en 1755. Le jeu, intitulé Assassin’s Creed Rogue, sort sur les anciennes consoles de salon en novembre 2014, en parallèle de la sortie du nouveau jeu majeur de la franchise.

Développé autour d’un moteur de jeu qui aura fait son temps, cette nouvelle itération ne marque pas les esprits en offrant un gameplay novateur, malgré l’ajout d’une nouvelle arme qui propose des fonctionnalités déjà aperçues dans l’historique de la franchise. C’est plutôt par son scénario que ce jeu mineur dans son développement se démarque de ses prédécesseurs. Assassin’s Creed Rogue comble le vide laissé entre Black Flag et Assassin’s Creed III. On recroise ainsi le futur mentor de Connor, Achilles Davenport, ou encore Adewalé, ancien quartier-maître du Jackdaw, et Haytham Kenway, déjà à la tête de l’Ordre des Templiers nord-américain.

Ancré durant la guerre de Sept Ans, on y observe une vision plus nuancée de la guerre ancestrale entre Assassin et Templier, avec un regard plus critique envers les Assassins. Cela amène à la désintégration de la Confrérie dans le Nord de l’Amérique par Shay Cormac, protagoniste de ce dernier épisode nord-américain. Il arrive également à faire le lien avec le nouvel opus majeur de la franchise situé à Paris. En fermant une page de l’histoire des jeux Assassin’s Creed, Assassin’s Creed Rogue en ouvre une autre toute aussi ambitieuse.

Révolution sociétale et industrielle

Malgré l’apport d’une nouvelle mécanique via les phases navales de Black Flag et Rogue, le système de gameplay propre à la licence commence à être usé et une refonte totale doit être envisagée pour garder l’attention du public. Celle-ci commence à être étudiée dès la sortie du second volet des aventures d’Ezio en 2010. Le directeur créatif de Revelations, Alexandre Amacio, s’incorpore au projet au cours de sa phase plus avancée pour une fenêtre de sortie se situant en 2014.

À la suite de nombreuses fuites sur Internet, Ubisoft confirme la localisation et le contexte de ce prochain jeu vidéo. L’action se déroulera à Paris durant la Révolution française et le jeu s’intitulera Assassin’s Creed Unity. C’est donc la fin des numérotations pour chaque grande avancée de la licence. Durant l’E3 2014, le jeu est présenté ainsi que son tout nouveau mode de coopération pouvant atteindre 4 joueurs en simultané.

Le jeu finit par sortir au cours du mois de novembre 2014 et l’accueil est très mitigé. Beaucoup de reproches se font autour de son optimisation catastrophique sur PC, toujours dans les mémoires aujourd’hui. Cette mauvaise presse ternit les qualités indéniables de cet opus français, comme la retranscription hautement fidèle de la ville parisienne de cette fin du XVIIIe siècle et la gestion d’une foule pouvant atteindre un total de 1 000 PNJ.

Comme le premier volet nord-américain en son temps, cette nouvelle plongée dans l’Histoire nous fait revivre les grandes heures de la Révolution française, comme la Marche des femmes ou encore la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. C’est aussi l’occasion de croiser les figures qui auront marqué cette époque et qui deviendront les architectes d’une France en pleine reconstruction, à l’image de Maximilien de Robespierre, Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau ou encore Napoléon Bonaparte, général à cette époque.

On suit les aventures d’Arno Dorian, Assassin en devenir et fils d’un père assassiné par Shay Cormac quand il n’était encore qu’un enfant. L’accent romantique, cher aux romans de Victor Hugo, est mis en avant pour retranscrire sa vie durant cette époque charnière de l’Histoire de France et sa relation avec Elise de la Serre, Templière de l’Ordre. Ce nouveau personnage ne réussit pas à conquérir entièrement le cœur de la communauté de joueurs. L’ombre d’Ezio Auditore plane toujours sur la licence et Arno ne possède pas le charisme d’un Edward Kenway.

Ce nouvel épisode revoit entièrement les mécaniques poussiéreuses de la série. Le déplacement perd un peu plus le maniement de l’ensemble du corps du personnage jouable, mais gagne en fluidité et le système de combat se base sur un combo attaque/esquive pour lorgner vers de l’escrime, sport très réputé en France.

Le présent est de plus en plus écarté pour devenir une excuse scénaristique pour justifier les passages dans une époque médiévale ou contemporaine durant quelques séquences. Le jeu, malgré un succès notable sur le long terme, finit par devenir le vilain petit canard de la franchise à cause de son lancement très compliqué, mais gagnera au fil des années de nombreux fans.

A peine un mois après la sortie d’Assassin’s Creed Unity, des fuites parlent d’un nouvel opus situé dans l’Angleterre victorienne et sobrement intitulé Victory. Cela provoque un certain agacement chez les joueurs, qui sont déjà abreuvés d’informations alors que le nouveau volet vient à peine de sortir mondialement.

Durant les mois qui suivent, on apprend que ce nouveau projet est le deuxième développé par un studio autre qu’Ubisoft Montréal. En effet, Victory est chapeauté par le studio Ubisoft Québec et, durant le mois de mai 2015, l’annonce officielle se fait et le titre Assassin’s Creed Syndicate remplace Victory.

L’opus victorien finit par sortir dans nos contrées en fin d’année 2015 et connaît un succès mitigé. On sent clairement une lassitude du public face à la formule annuelle proposée par Ubisoft et l’impact négatif qu’aura provoqué la sortie d’Assassin’s Creed Unity. La licence, autrefois porte-étendard d’une volonté d’évolution du jeu vidéoludique, ne parvient que tant bien que mal à reprendre les codes qui ont su marcher dans le cœur des joueurs, à l’image du système de combat repris directement de la licence Batman Arkham, qui venait tout juste de sortir la conclusion des aventures du Chevalier Noir avec Batman Arkham Knight.

La reconstruction du Londres victorien de la fin de XIXe siècle est tout de même saluée, mais l’histoire ne fait que suivre un cahier des charges et ne propose pas de réelle inventivité. La mécanique de gameplay basée sur deux personnages jouables, les jumeaux Jacob et Evie Frye, amène une belle dynamique de jeu et d’écriture scénaristique, mais l’essai ne se confirme jamais réellement et le joueur reste sur sa faim.

Au niveau de la composition musicale, le thème Ezio’s Family de Jesper Kyd finit par devenir le leitmotiv de la série et le travail d’Austin Wintory, reprenant le concept de la musique de chambre, offre un résultat plus intimiste qui réussit à marquer les esprits des joueurs mélomanes. Le présent n’est là que pour faire acte de présence par le biais de quelques séquences et finit par désintéresser même les joueurs qui suivaient les aventures de Desmond Miles avec attention.

Trilogie mythologique

Assassin’s Creed Syndicate n’ayant pas réussi à atteindre les espérances de Ubisoft et sentant une perte de vitesse de la franchise aux yeux du grand public, les responsables décident de ralentir la cadence et de mettre entre parenthèses la sortie annuelle mise en place depuis Assassin’s Creed Brotherhood. Cela permet à l’équipe d’avoir un temps de développement plus étendu pour éviter de revivre le lancement de Unity.

L’intégralité du projet est menée par les directeurs créatifs Ashraf Ismail et Jean Guesdon, duo déjà à la tête d’Assassin’s Creed IV Black Flag. A cette occasion, Jean Guesdon devient la tête pensante de la licence et vérifiera la cohérence des différents projets de la franchise. Des rumeurs apparaissent en ligne en début d’année 2017, faisant état d’une plongée dans l’Egypte antique sous le titre Assassin’s Creed Empire. Le jeu est annoncé courant de la même année durant l’E3 2017 et sortira sous le nom d’Assassin’s Creed Origins.

Le choix de l’Egypte antique aura longtemps germé dans la tête des responsables de Ubisoft Montréal. Mise de côté de nombreuses années en raison du risque technique que cela pouvait impliquer, cette époque est finalement choisie à la suite de la fin du développement d’Assassin’s Creed IV Black Flag. La période choisie de la fin du Ier siècle av. JC correspond au choc des grandes civilisations de l’Antiquité : l’Egypte et la République de Rome. Après mure réflexion sur le choix ou non d’un protagoniste féminin du nom d’Aya, c’est finalement son mari Bayek de Siwa, Medjay de profession, qui est sélectionné.

On se baladera sur une carte retraçant l’ensemble de l’Egypte de ce Ier siècle av. JC, partant d’Alexandrie et son phare mythique pour atteindre la frontière subsaharienne en passant par la ville de Memphis. Le jeu sort sur les consoles de salon et sur PC en octobre 2017 et est salué par la critique et le public pour son renouvellement apporté à la série.

La critique est bluffée par l’ampleur de la carte et la minutie de l’univers dépeint. On assiste à la fin de l’ère des pharaons en côtoyant les derniers visages de ce monde en voie d’extinction que sont Ptolémée XIII et Cléopâtre. La fin de cette civilisation culminera avec le siège d’Alexandrie, où le joueur participera au conflit au cours duquel les troupes romaines, emmenées par le général Jules César, feront face au pharaon Ptolémée pour se terminer sur les rives du Nil avec la mort par noyade du souverain égyptien.

Comme son nom l’indique, cet opus s’intéresse aux origines du conflit des Assassins et des Templiers. Bien que nous soyons loin des premières Croisades, les développeurs décident de créer l’Ordre des Anciens et décrivent l’origine de Ceux qu’on ne voit pas et de leur Credo à travers Aya et Bayek. Aya finit par s’en aller vers Rome pour participer à l’assassinat de Jules César, tandis que Bayek s’installe à Memphis pour créer le premier bureau de la Confrérie.

Une nouvelle impulsion est donnée aux phases du présent par l’intermédiaire de Layla Hassan, employée d’Abstergo qui finira par rejoindre la Confrérie des Assassins dirigée par le père de Desmond, William Miles. L’accent est mis sur Ceux qui étaient là avant, imbriquant pour la première fois une thématique mythologique plus poussée, que l’on retrouve également dans les phases avec Bayek où il visite le Champ des Offrandes ou encore la Douât.

Première dans la série, le concept du Discovery Tour est proposé au grand public. Ce concept permet à tout joueur possédant le volet égyptien de se plonger dans l’Histoire dépeinte dans le jeu à travers une déambulation dans les lieux mythiques de cette époque et renforce la volonté d’Ubisoft de proposer une plongée dans un contexte historique, même pour les personnes allergiques aux jeux vidéo.

Ayant axé son histoire sur les origines des Assassins, le gameplay est remodelé. Les phases d’assassinat restent toujours présentes en fonction de l’avancée de l’histoire, mais les combats deviennent primordiaux et sont étoffés pour lorgner vers le RPG. L’ADN de la série est toujours là, notamment via son histoire, mais un tournant majeur a été enclenché pour grapiller le public qui se consacre maintenant à des jeux comme The Witcher 3. Certains fans de la première heure en sortiront déconcertés et un schisme commencera à se créer entre eux et la nouvelle génération de joueurs découvrant la série.

L’intégration d’éléments RPG au sein d’Assassin’s Creed Origins n’était que les prémices pour la suite de la série. Ubisoft Québec, à la sortie de Syndicate, se lance dans un nouveau projet qui suivra la continuité créative amorcée par le dernier volet sorti. Le studio souhaite introduire pour la première fois dans la série principale une protagoniste, mais la direction d’Ubisoft préfère que cela soit une option, ce qui colle à la volonté d’incorporer des éléments RPG au sein du projet.

Le contexte historique sera centré autour de la Grèce antique durant la guerre du Péloponnèse, qui a vu s’affronter la région de Sparte et celle d’Athènes. Le jeu est ensuite dévoilé à l’E3 2018 sous le titre Assassin’s Creed Odyssey.

 Assassin’s Creed Odyssey finit par sortir sur toutes les plateformes de sa génération et sur PC en début d’octobre 2018. Le jeu propose ainsi de jouer soit Alexios, soit Kassandra, même si elle sera considérée par le studio comme le canon officiel une fois la sortie passée. A ses côtés, nous parcourons l’entièreté du monde grec de l’époque et le fonctionnement de sa société, que ce soit Sparte, Athènes ou encore la future Macédoine d’Alexandre le Grand.

Le jeu débute par la bataille des Thermopyles où l’armée sparte, menée par le roi Léonidas, ancêtre de notre personnage, défendit la terre grecque face à l’envahisseur perse. On rencontre durant notre aventure différentes personnalités renommées de l’Antiquité, comme Socrate, Alcibiade ou encore Périclès.

Durant les nombreuses heures de jeu, le joueur assiste à la peste qui ravagea la ville d’Athènes, ainsi qu’à la bataille d’Amphipolis, à laquelle succombèrent deux grandes figures des guerres du Péloponnèse, Brasidas et Cléon, et qui amènera à la signature d’un traité de paix entre les deux camps. Assassin’s Creed Odyssey est une plaque tournante majeure de la série. Se déroulant quatre siècles avant la fondation de la Confrérie, il n’existe aucune trace de Ceux qu’on ne voit pas et les mécaniques sont considérablement modifiées. Il n’est quasiment plus possible d’assassiner un ennemi et le combat devient inévitable.

Le lien qui unit cet opus au reste de la franchise se fait à travers Ceux qui étaient là avant, dorénavant appelés Isus, que l’on côtoie directement durant la partie, essentiellement dans les contenus supplémentaires sortis quelques mois après la sortie d’Odyssey. Le réalisme, qui constituait une des moelles épinières des codes de la licence, s’estompe pour faire place à un univers plus en accord avec un style RPG, à base d’attaques spéciales et de compétences surhumaines. C’est ce qui partage un peu plus la communauté de joueurs. Certains louent ce changement salvateur et d’autres deviennent nostalgiques d’une époque révolue.

Cela ne ternit pas les performances commerciales, ce qui permet à ce volet grec de battre les records de vente de ses aînés sur la huitième génération de consoles. Le présent continue la trajectoire lancée par Origins en nous faisant incarner de nouveau Layla Hassan, qui connaîtra des changements majeurs malgré une caractérisation en dents de scie. Les compteurs sont au vert, la licence est plus forte que jamais et la tentative amorcée par Origins porte ses fruits.

Après la sortie d’Assassin’s Creed Origins, l’équipe d’Ashraf Ismail s’attèle au développement du prochain grand opus de la licence, malgré le départ en cours de route d’Ashraf Ismail pour cause de relations extra-conjugales et d’abus de pouvoir. Darby McDevitt, scénariste de Revelations et de Black Flag, devient le directeur narratif du projet et s’affirme en tant que porte-parole de la franchise aux yeux de la presse et du grand public. La volonté reste la même que pour les deux précédents épisodes, en se concentrant principalement sur le côté RPG.

Le choix du sexe du protagoniste sera une nouvelle fois proposé, mais n’aura aucun impact sur l’histoire principale, contrairement à Odyssey. Le jeu sera également le premier de la série à sortir sur la toute nouvelle génération de consoles constituée de la PS5 et de la gamme Xbox Series.

La pandémie de Covid-19 ayant frappé le monde en début d’année 2020, l’E3 ne proposera pas d’édition cette année-là, donc Ubisoft propose de l’annoncer directement en ligne, tout d’abord via un live de huit heures sur la création de l’artwork par BossLogic pour révéler l’époque choisie et le titre. Ce sera durant l’ère des Vikings au milieu du IXe siècle, avec pour titre Assassin’s Creed Valhalla.

Le jeu sort durant la fin d’année 2020 sur un large catalogue de consoles et rencontre un succès immédiat, qui bat tous les records de la série dans un contexte très favorable aux jeux vidéo. Accompagné du Maître Assassin Basim Ibn Ishaq, on suit le personnage d’Eivor Varinsdottir qui décide de partir de la Norvège pour se rendre en terre anglicane.

L’objectif principal de sa mission sera de démanteler chaque région qui constitue cette contrée en pleine expansion mais divisée qu’est l’Angleterre. On y croisera la route de quelques grands Vikings de cette période, comme Ivar Ragnarsson ou encore le roi Harald. Nous finirons par faire face au roi Ælfred du Wessex qui reprendra les terres anglo-saxonnes des mains des Danois.

Un des contenus supplémentaires nous amènera à Paris durant son fameux siège par les Vikings qui passèrent par la Seine pour envahir la Cité, l’occasion de repasser dans un monde déjà observé par le biais de Unity moins d’un millénaire plus tard. Malgré son immense succès, Valhalla reçoit de nombreuses critiques, notamment au niveau de sa durée de vie et de l’implication que cela procure. L’invasion de tout un royaume donne certes envie sur le papier, mais la dynamique proposée par Ubisoft Montréal est monotone. Cela renforce la répétitivité globale et le manque de personnalité d’Eivor n’aide pas à cacher ce défaut.

Toutefois, la retranscription de l’ensemble du continent anglais impressionne et l’immersion dans cet environnement est toujours aussi impactante. Valhalla annonce également le retour à un style d’assassinat plus direct qui avait disparu peu à peu de la licence. Si l’effort est salué, le jeu manque de grandes intentions sur le reste avec un système d’escalade et de parkour devenu extrêmement limité, contrairement à celui de la trilogie d’Ezio et de Unity.

On notera le retour de Jesper Kyd à la BO en compagnie de Sarah Schachner, qui avait déjà livré un travail de qualité dans Assassin’s Creed Origins. Ce retour apporte une plus-value non négligeable à l’ensemble des titres composant la musique du jeu, sans atteindre les sommets des thèmes florentins et vénitiens. Ce troisième épisode mythologique, où l’on découvre les contrées d’Asgard et de Jötunheim à travers les yeux d’Odin, apporte une conclusion à la trame narrative du présent au personnage de Layla Hassan, qui n’aura pas réussi à marquer les esprits et à intéresser un minimum les joueurs. La faute à une caractérisation sans ligne définie et à un charisme aux abonnés absents.

Ce sera plutôt la personne qui la remplacera qui apportera un souffle nouveau et un certain intérêt en la personne de Loki, sous les traits de Basim, qui aura erré toutes ces années sur la Terre des Hommes pour réapparaître soudainement. Quelques temps après la sortie du jeu, Ubisoft, via quelques communiqués, annoncera avoir entendu les différentes plaintes autour de Valhalla et que ces problèmes seront pris en considération pour les prochaines sorties.

La Confrérie au-delà des frontières

En dehors de la série principale, le monde des Assassins a connu de nombreux dérivés, par exemple dans le monde de la littérature par le biais des romans officiels de chaque jeu. De qualité souvent variable, certains se démarquent tout de même du lot, à l’image du roman Assassin’s Creed Forsaken, regroupant les écrits de Haytham Kenway de son enfance jusqu’aux événements d’Assassin’s Creed III. Des comics et des bandes dessinées se sont également imprégnés de l’univers en proposant des aventures durant des époques inédites.

Des courts-métrages, premiers produits cinématographiques d’Ubisoft, sont réalisés pendant la trilogie d’Ezio pour apporter des précisions sur ce qui se passe avant, après ou entre chaque épisode. Assassin’s Creed Lineage, centré sur la vie de Giovanni, père d’Ezio, et Assassin’s Creed Embers, retraçant la retraite florentine de ce dernier, sortent du lot et restent dans les mémoires. Un film voit aussi le jour en 2016 sous les traits de Michael Fassbender, mais ne réussit pas à attirer le public, malgré son imbrication dans la chronologie officielle de la franchise.

Du côté des jeux vidéo, nous pouvons retrouver une poignée de jeux conçus pour le téléphone sous IOS et Android, qui débutèrent par la sortie d’Assassin’s Creed Pirates en 2013. Au sein de ce lot, quelques-uns ont réussi à se démarquer.

Durant la production du volet centré autour de la guerre d’indépendance, un spin-off est mis en chantier par les développeurs d’Ubisoft Sofia sous le titre Assassin’s Creed III Liberation, à destination de la console portable PlayStation Vita. Il sera également situé dans la même période et on suivra pour la première fois un personnage féminin. Pour se démarquer d’Assassin’s Creed III, l’action sera placée en Louisiane française et on y jouera Aveline de Grandpré, une métisse franco-africaine.

Sorti en 2012 et malgré des spécificités limitées pour une console portable, les développeurs réussissent à recréer un monde ouvert de qualité qui nous permet de visiter la Nouvelle-Orléans, ainsi que les marécages environnants et des vestiges mayas. Cela ne sauve pas le scénario qui n’arrive pas à atteindre l’ampleur nécessaire pour happer le joueur dans son récit, malgré un personnage possédant un bon potentiel narratif pour porter une histoire prenante et une proposition de mécanique de déguisement bienvenue.

Le jeu sera par la suite remasterisé en 2014 sous l’appellation Assassin’s Creed III Liberation pour pouvoir sortir dans une définition agréable pour les consoles et les PC de ce milieu des années 2010. A noter qu’Adeline apparaîtra de nouveau au sein d’un contenu additionnel compris dans le Season Pass d’Assassin’s Creed IV Black Flag.

 Pour accompagner la sortie de Black Flag, un contenu supplémentaire s’intéressant à la vie d’Adewalé après les événements du jeu principal est dévoilé pour sortir en fin d’année 2013, seulement quelques mois après la sortie de l’épisode principal. Développé par Ubisoft Québec, l’action se placera dans la colonie française Saint-Domingue, actuelle Haïti, et se concentrera sur la libération des esclaves opprimés de cette région.

Le point fort de ce DLC, qui sera vendu en tant que stand-alone en début d’année 2014, est sa trame narrative autour d’Adewalé et sa quête principale. Pendant l’aventure, sa personnalité évoluera au contact des Marrons, les esclaves libérés combattant contre l’oppression, et on y trouve une thématique qui se rapproche plus de ce que l’on attend d’un Assassin’s Creed, comparé à Black Flag qui aura préféré axer son histoire sur le monde de la piraterie.

Pendant le laps de temps entre la sortie de Syndicate et d’Origins, aucun jeu majeur dérivé de la franchise n’est développé par les studios d’Ubisoft. Cependant, le studio Climax Studios, essentiellement connu pour avoir travaillé sur deux Silent Hill à destination des consoles Wii, PS2 et PSP, est chargé de sortir un contenu additionnel pour Assassin’s Creed Unity.

Au lieu de suivre la continuité de l’épisode et d’en reprendre les codes, ce projet ressemblera plutôt à un jeu en 2,5D et s’inspirera fortement de l’époque visitée concernant son style graphique. En début d’année 2015, ce contenu centré sur la Chine de la dynastie des Ming au XVIe siècle devient un contenu à part entière, donc séparé de Unity, et sera le premier épisode d’une trilogie intitulée Chronicles.

Assassin’s Creed Chronicles: China finit par sortir sur toutes les consoles de l’époque et sur PC en avril 2015. Malgré des critiques mitigées, le jeu offre une visite agréable de la Chine de l’ère des Ming et remet sur le devant de la scène Shao Jun, personnage formé par Ezio Auditore et précédemment apparu dans le court-métrage d’animation Assassin’s Creed Embers. En mettant de côté un système de gameplay parfois peu intuitif, le passage entre les différents niveaux composant le jeu se fait sans accroc et les cinématiques permettent aux développeurs de produire des styles visuels attrayants collant avec le monde dépeint.

La sortie d’Assassin’s Creed Chronicles: India renouvelle certaines mécaniques et bonifie l’expérience générale, en y ajoutant de nouveaux modes de jeu et de nouvelles récompenses en fonction du style de jeu choisi. L’expérience de jeu en est renforcée, malgré le caractère inoffensif que procure l’impact de cette trilogie, qui ne cherche aucunement à révolutionner la vision que l’on a de l’ensemble de la série.

Comme le titre l’indique, nous sommes propulsés dans l’Inde du milieu du XIXe siècle, où l’Assassin indien Arbaaz Mir vient à la rescousse de sa dulcinée et de la Confrérie au cœur du conflit entre l’Empire sikh et la Compagnie des Indes. C’est l’occasion pour le studio d’appliquer le style propre de ce pays dans la construction des niveaux et dans ses cinématiques.

La même année, Assassin’s Creed Chronicles: Russia débarque sur nos machines. Il ne modifie que très légèrement les mécaniques mises en place dans l’épisode en Inde, mais évolution de l’époque oblige, une arme à feu figure dans l’inventaire du protagoniste, Nikolai Orelov. Nikolai est un Assassin officiant dans la Russie de 1918, année de grands bouleversements dans le pays avec le renversement du pouvoir et l’assassinat de la famille royale Romanov par les Bolcheviks pendant la révolution d’Octobre. Nikolai y rencontre Anastasia, jeune femme amnésique chahutée par des visions mystérieuses.

Même si les nouveautés du gameplay sont peu visibles, le scénario est bien plus travaillé que ses prédécesseurs et possède un véritable lien historique avec l’époque sur laquelle l’équipe a jeté son dévolu. Le style graphique est peut-être le plus abouti des trois, en trouvant son inspiration dans les affiches propagandistes russes du XXe siècle.

Dans l’ensemble, cette trilogie, qui ne connaîtra pas de suite, fournit un voyage dans trois époques différentes, avec pour chaque jeu un style visuel propre tout en cherchant à lier l’ensemble via un artefact ancien. Elle sera plutôt jouée en majorité par une communauté déjà adepte de la licence Assassin’s Creed.

En 2020 sort Assassin’s Creed Valhalla. Dans cet épisode majeur pour ses records de vente, nous y rencontrons un mystérieux personnage, Basim Ibn Ishaq, dont le passé est rapidement abordé. Originaire de Bagdad, il est venu rejoindre Sigurd en Norvège et fait la rencontre d’Eivor, envers qui une certaine animosité finira par éclore. Pendant le développement du jeu, l’équipe d’Ubisoft Bordeaux est chargée de développer une histoire autour de ce Maître Assassin pour un contenu additionnel de Valhalla.

Le projet prend de l’importance au sein du studio et la maison-mère décide de le produire en tant que stand-alone. Le moteur de Valhalla est réutilisé, mais Ubisoft Bordeaux décide de s’éloigner de la formule de base mise en place par Origins et perfectionnée par les suivants pour revenir aux fondamentaux de la série. L’histoire durera une quinzaine d’heures et le monde ouvert se concentrera sur une seule ville : le Badgad de l’Âge d’or de l’Islam à la fin du IXe siècle. Assassin’s Creed Mirage est annoncé durant l’Ubisoft Forward de septembre 2022.

Durant la promotion, l’accent est clairement mis sur la réappropriation d’une communauté de joueurs déboussolée par l’arrivée des éléments RPG dans la structure de la série. Les développeurs nous décrivent les modifications apportées aux mouvements du personnage et à ses styles d’assassinat. La ville et son histoire sont également mises en perspective, en détaillant le travail de recherches accompli pour reproduire la ville de l’époque. Un filtre est également présenté pour pouvoir retrouver la couleur bleutée du tout premier Assassin’s Creed. L’aspect nostalgique est l’atout principal de cette prochaine sortie, qui finit par débarquer dans le monde durant le mois d’octobre 2023.

Le jeu est salué une nouvelle fois pour sa retranscription du monde musulman et sa volonté de se repositionner sur les rails de la franchise. Sa durée de vie amoindrie, qui avait fait défaut à Valhalla à sa sortie, est plébiscitée par la critique et les joueurs et apporte un vent frais idéal après trois épisodes plus chargés en termes de contenus. Malgré la reprise du moteur de jeu utilisé sur Valhalla, l’équipe de Bordeaux a fait en sorte de le remodeler pour y inclure des éléments de parkour permettant un meilleur contrôle des mouvements de Basim et des animations plus fluides.

C’est toujours un plaisir de parcourir les premiers paysages offerts par un jeu Assassin’s Creed et la découverte au fur et à mesure de la ville principale nous montre la grandeur de cette ancienne cité. Mais le scénario n’arrive pas à décupler cette impression. Même si le passé de Basim est abordé, le jeu fait en sorte de ne pas creuser sa psyché et son devenir et propose à l’arrivée un résultat assez lisse et un poil décevant face aux questions que soulève ce mystérieux protagoniste.

Ce problème revient sûrement au moment du développement où le concept évolua au fil du temps pour s’annoncer comme plus ambitieux qu’il ne l’est réellement. Assassin’s Creed Mirage est finalement une petite sucrerie que l’on savourera pendant une poignée d’heures, sans pour autant se rappeler de sa saveur une fois l’expérience passée.

Durant la même année, une tentative est faite pour relancer un engouement autour de la réalité virtuelle avec l’annonce d’un projet VR prenant place dans l’univers d’Assassin’s Creed. Le concept est simple : glissez-vous littéralement dans la peau d’un Assassin et combattez les Templiers. La particularité se trouve dans le choix des trois personnages que l’on sera amené à incarner. Connor et Kassandra sont de retour, ainsi que le personnage préféré d’une majorité des joueurs : Ezio.

Ce jeu VR, intitulé Assassin’s Creed Nexus, est annoncé en 2022 et sort l’année d’après. Développé par Red Storm Entertainement, studio d’Ubisoft précédemment spécialisé dans la licence Tom Clancyon nous fait incarner nos personnages dans une vue à la première personne en réalité virtuelle pour retracer une étape de la vie de chaque Assassin. On endosse la tenue du Grand Maître Assassin Ezio deux ans après les évènements de Brotherhood, celle de la Misthios vingt ans après la bataille d’Amphipolis et enfin, la tenue amérindienne de Connor au moment de son apprentissage avec Achilles. Cette tentative dans la réalité virtuelle se solde par un échec, avec des ventes qui furent décevantes pour l’éditeur.

Un avenir dense, mais incertain

Au moment de l’annonce de l’arrivée prochaine d’Assassin’s Creed Mirage, une présentation des prochaines sorties de la licence est également révélée par Ubisoft. Un jeu se déroulant dans l’Europe du XVIe siècle et où l’on incarnerait une sorcière est dévoilé sous le nom de Codename Hexe, avec au développement le studio Ubisoft Montréal pour une sortie sur les consoles de salon. Un jeu à destination des mobiles, Codename Jade, est également présenté et sera sous la forme d’un free-to-play. Le joueur incarnera un Assassin durant la création de la Confrérie dans la Chine antique.

Un des détails intéressants se trouve dans l’annonce d’Assassin’s Creed Infinity, un hub reprenant le principe d’un Animus où le joueur pourra se rendre pour lancer les jeux récents de la licence, ainsi que les anciens sortis. Ce hub aurait la même fonction qu’un Call of Duty : Warzone avec la mise en avant de boutiques et d’un battle pass lié aux différents jeux de la licence fonctionnant via ce hub.

Ce même jour, un nouvel Assassin’s Creed est annoncé durant l’époque féodale, en tant que Codename Red. Un shinobi apparaît à l’écran, explicitant une envie de la part du studio de revenir un style d’assassinat plus classique, mais avec toujours une pointe de RPG.

Durant une plus importante présentation en mai 2024, un ressentiment grandissant apparaît chez les joueurs envers ce prochain volet, relevant des incohérences flagrantes du Japon féodal ainsi qu’en développant une aversion très violente pour le personnage Yasuke, un ancien esclave africain présenté comme étant devenu samouraï.

Ces violents retours négatifs poussent le studio à repousser plusieurs fois sa sortie pour peaufiner au mieux le jeu. Durant cette période, Ubisoft connaît des sorties mitigées voire négatives, qui font plonger sa valeur en bourse au plus bas de son histoire. Assassin’s Creed Shadows finit par devenir l’ultime recours d’une boîte qui ne finit pas de s’écrouler, morceau par morceau. Malgré des précommandes élevées, la colère des joueurs ne baisse pas face à la promotion de la prochaine sortie. A sa sortie, nous saurons si ce nouvel Assassin’s Creed empêchera ou non d’enfoncer le dernier clou du cercueil d’une compagnie en perte de vitesse.

Fort d’un succès qui n’en dément pas depuis plus d’une quinzaine d’années, la franchise Assassin’s Creed aura proposé une plongée minutieuse et immersive dans quelques grands moments de l’Histoire du monde. Avec un public qui n’en démord pas, chaque sortie est toujours un événement, malgré l’état de santé d’une maison-mère au bord de la faillite suite à de mauvaises gestions commerciales de certaines franchises et une ambiance en interne qui décroit face à un avenir incertain. Les prochains mois suivant la sortie d’Assassin’s Creed Shadows détermineront le destin de la maison d’édition des Guillemot.

Sources :

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