La Reine Victoria : l’essor la monarchie britannique

64 ans de règne, 17 Premiers ministres, 9 enfants, un empire des Amériques, des Indes et de l’Australie, le nom d’une ère. Comment Victoria a-t-elle su administrer et industrialiser près d’un quart du monde ; et, pour sûr, affirmer la place de la monarchie britannique dans l’Europe républicaine ?

Qui était Victoria ?

Née Alexandrina Victoria le 24 mai 1819 à Londres, Victoria est la petite fille du roi George III. Son père, Edward, duc de Kent, n’est que le quatrième fils du roi George III et il meurt peu de temps après sa naissance. Victoria n’hérite du trône que parce qu’aucun de ses oncles n’a d’enfants pour lui succéder. Elle est élevée par sa mère allemande : Victoire de Saxe-Cobourg-Saafeld. Cette princesse ambitieuse terre sa fille dans le palais de Kensington, avec l’aide de Sir John Conroy. Selon elle, Victoria passe une enfance isolée et « plutôt triste », entourée de tuteurs et de son épagneul Dash.

Victoria avec son épagneul Dash
Victoria avec son épagneul Dash. Peinture de George Hayter, 1833.

Enfin, elle succède à son oncle Guillaume IV en 1837, à 18 ans. Dès son arrivée au pouvoir, elle bannit Conroy de la cour et met sa mère à l’écart. Trois ans plus tard, elle épouse son cousin Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, réellement amoureuse, et aura avec lui 9 enfants. Après la mort d’Albert, Victoria se retire de la vie publique et ne portera que du noir jusqu’à la fin de son règne. Victoria meurt le 22 janvier 1901 à l’âge de 81 ans. On lui célèbre des funérailles militaires.

Photographie de la famille ryale
Le prince Albert, la reine Victoria et leurs neuf enfants en 1857. De gauche à droite : Alice, Arthur, le prince consort, Edward, Leopold, Louise, la reine Victoria avec Beatrice, Alfred, Victoria et Helena.

L’influence grandissante de la famille royale

Si la monarchie constitutionnelle limite les pouvoirs du souverain, elle laisse néanmoins à Victoria une large fenêtre d’influence, que la monarque saura utiliser. La reine est très populaire au début de son règne. Notamment parce qu’elle défend la morale et s’investit dans les arts et les sciences. Mais elle s’empare également de l’espace public d’une nouvelle manière : comme une célébrité. En 1860, elle rend publics les clichés de la famille royale. Ceux-ci sont diffusés sous le format de carte de visite et font le portrait de la reine et de sa famille dans leur quotidien, les rapprochant du public. Sous le règne de Victoria, la famille royale britannique popularisera des traditions ancrées dans notre culture aujourd’hui : la robe de mariée blanche, le sapin de Noël, le noir du deuil.

Par ailleurs, Victoria tente de renforcer le pouvoir des monarchies européennes. Aussi appelée la « grand-mère de l’Europe », elle marie ses enfants à travers le continent afin d’obtenir des alliances politiques. Mais en 1914, ses petits-enfants se disputent dans un conflit d’une échelle sans précédent : la Première Guerre mondiale.

la reine Victoria, le prince Albert et leurs enfants admirant un sapin de Noël
Illustration de 1848 : la reine Victoria, le prince Albert et leurs enfants admirant un sapin de Noël

L’industrialisation britannique

Les Britanniques se développent beaucoup plus vite que leurs voisins européens. En 1830, le Royaume-Uni possède 15 000 machines à vapeur, contre 3 000 pour la France. La même année, les premiers bateaux à vapeur traversent l’Atlantique plus vite que les voiliers les plus rapides. La taille des embarcations augmente, divisant les frais de transport par quatre entre 1820 et 1850 sur les liaisons internationales. Dans le flux de l’industrialisation et de la transition démographique, le Royaume-Uni passe de 6 à 21 millions d’habitants entre 1750 et 1850. A son intronisation, Victoria règne avec l’aide du Premier ministre Lord Melbourne et de son mari Albert. Ils élaborent ensemble un plan de modernisation du pays, favorisant le boom ferroviaire de 1840. 

Sous le règne de Victoria, l’empire s’élargit de 10 millions de km² et de 400 millions de sujets.

gravure représentant la campagne en cours d'industrialisation
Gravure extraite du « Guide de Griffith pour le commerce de fer en Grande-Bretagne »

Les politiques de l’empire

En 1845, l’Irlande est touchée par la Grande Famine qui décime un million de personnes. Surnommée « The Famine Queen » (« la reine famine »), Victoria envoie 2 000 £ (de l’époque) pour aider les Irlandais et soutient les aides catholiques malgré sa profession anglicane. Le problème d’un tel manque de nourriture ne pouvait être réglé facilement à cause des « Corn Laws » : des mesures protectionnistes qui réglementaient les importations de céréales depuis l’étranger. Ces lois sont abrogées en 1846 par le « Peel Act », d’après le nom du Premier ministre de l’époque, Robert Peel, que Victoria soutient : elle n’aimait pas vraiment les Tories (conservateurs). Néanmoins, la famine en Irlande continue jusqu’en 1852.

Cependant, le « Peel Act » ouvre le chemin à de nombreuses autres lois favorables à l’ouverture des frontières : avec notamment l’abrogation du « Navigation Act » de 1651. La Grande Famine n’est que la première de nombreuses crises, notamment coloniales : la dissolution de la Compagnie des Indes en 1857 ou la crise du canal du Suez en 1869 par exemple. En 1867, la reine soutient le « Reform Act », une loi qui rend plus accessible le droit de vote aux classes laborieuses et double le nombre d’électeurs.

la reine Victoria
Photographie de la reine Victoria

En bref, le règne de Victoria n’était pas de tout repos. Et pour cause, il s’agit du troisième plus long règne de l’histoire, derrière Elisabeth II et Louis XIV.

Pour se plonger plus amplement dans la vie de ce personnage passionnant, on vous invite à regarder la série Victoria, avec Jenna Coleman dans le rôle principal. Remix méconnu entre Downton Abbey et The Crown, la série s’approche plus du feuilleton romantique que de la reconstitution historique, mais reste tout de même réussie.

Sources :

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