En 1995, une épave de frégate est découverte. Les fouilles durent une quinzaine d’années, et les résultats sont sans appel : le navire n’est autre que le Queen Anne’s Revenge, le bateau de Barbe Noire coulé en 1718.
L’épave retrouvée et identifiée
En 1718, le navire baptisé Queen Anne’s Revenge, « la vengeance de la reine Anne », s’échoue à proximité de Beaufort, dans la baie de Pamlico en Caroline du Nord. L’épave est découverte entre 1995 et 1996 ; les fouilles quant à elle démarrent en 1997. Les recherches aboutissent à un résultant époustouflant, puis attesté avec conviction une quinzaine d’années plus tard : ce navire échoué a bel et bien appartenu à Barbe Noire.
Si le grand public s’interroge sur la véracité de ces résultats, des signes ne trompent pas. Claire Aubel, coordinatrice des relations publiques des musées maritimes de Caroline du Nord déclare : « Il y a eu une succession de découvertes et une déduction évidente, tirée des différents indices. » Tout d’abord, l’envergure de l’épave et le nombre faramineux d’armes découvertes : le navire comptait en effet 40 canons et pouvait porter jusqu’à 350 hommes à son bord. Une telle grandeur atteste que ce navire ne pouvait appartenir qu’à des pirates. Les navires des corsaires n’étaient pas aussi armés, quant aux bateaux nationaux, ils n’étaient pas aussi grandioses.
Les preuves d’authenticité
Au delà de la piraterie, des artefacts plus précis ont permis de relier la frégate à Barbe Noire, de son vrai nom Edward Teach. Tout d’abord, des poids d’apothicaire estampillés de toutes petites fleurs de lys. Ce dessin, symbole de la royauté française du 18e siècle, correspond donc à un navire français. Barbe Noire s’était justement emparé de l’un de ces navires pour le transformer en Queen Anne’s Revenge : Le Concorde. Dans sa récupération, Barbe Noire aurait forcé le chirurgien du bateau français à rester au sein de l’équipage. Or, un chirurgien est fort susceptible de posséder des poids d’apothicaire. Autre indice, la petite quantité d’or dissimulée dans les canons était une technique des équipages français pour ne pas être pillés par les pirates. Enfin, une cloche gravée de l’année 1705 vient corroborer la découverte du Queen Anne’s Revenge.
Le naufrage signe la fin de Barbe Noire
Barbe Noire serait né à Bristol vers 1680. L’année de son décès coïncide avec le naufrage du Queen Anne’s Revenge, en 1718. Il serait plus précisément mort le 22 novembre sur l’île d’Ocracoke. Le pirate aurait été tué par un petit groupe de marins, dirigé par le lieutenant Robert Maynard. Après avoir abandonné son navire, il aurait repris du service à bord d’un sloop plus petit.
Alexander Spotswood, alors gouverneur de la colonie de Virginie se met à sa recherche. Ce dernier est l’instigateur d’une violente bataille qui signe la fin de Barbe Noire, alias Edward Teach. Le surnom de Teach provient de son physique, son visage étant orné d’une barbe noire et épaisse. Mais une légende ressasse son habitude de mettre des mèches à canon allumées dans ses cheveux lors des combats. Ses faits de pirateries restent avérés, alliances de pirates et demandes de rançons sont son quotidien.
Une figure majeure de la piraterie devenue un mythe
Barbe Noire reste connu jusqu’aujourd’hui, ses exploits rentrent dans le folklore. L’Histoire générale des plus fameux pyrates, de Charles Johnson, publiée en Grande-Bretagne en 1724, retrace en partie son histoire. L’ouvrage est une source majeure de ce que l’on sait à son propos. Après sa mort, son « fantôme » reste dans les récits : on appelle « Lumière de Teach » les lumières inexplicables en mer. Sur les navires, on fredonne des chansons narrant son errance entre le monde des morts et celui des vivants.
En 1930, un juge local de Caroline du Nord affirme avoir bu dans le crâne du feu pirate. La région use en effet du mythe pour le rattacher à ses attractions locales (le parc d’attraction Blackbeard’s Cove de Charleston, le château de Barbe Noire de Charlotte Amalie dans les îles Vierges des États-Unis).
Une source d’inspiration pour les écrivains et scénaristes
Le personnage a aussi conquis la littérature au travers de trois œuvres : Blackbeard : A page from the colonial history of Philadelphia de Matilda Douglas, sorti en 1835 ; L’Âge de la déraison, de Gregory Keyes, sorti en 1998 et On Stranger Tides de Tim Powers, qui a paru en 1987. Il apparaît dans le manga One Piece, avec la bande dessinée Le Vieux Nick et Barbe-Noire.
Outre la littérature, Barbe Noire a inspiré plusieurs scénaristes. On le retrouve dès 1951 avec le film La Flibustière des Antilles de Jacques Tourneur, puis plus récemment avec la saga de Pirates des Caraïbes. Dans le film Pan, sorti en 2015, le personnage est interprété par Hugh Jackman. Sur le petit écran, on le voit dans la série Once Upon a Time, Black Sails ou le Simpson Horror Show IV. Enfin, Assassin’s Creed IV : Black Flag s’en est saisi.
Jean Soulat, archéologue, ingénieur d’études au laboratoire LandArc, a déclaré : « L’archéologie de la piraterie, c’est une thématique de recherche, avant tout, qui s’intègre pleinement dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’archéologie moderne […]. Elle se développe notamment depuis une vingtaine d’années en France et en Europe. »
Cette science n’aura de cesse de nous transmettre de nouvelles découvertes. En attendant, peut-être vous intéresserez-vous aux histoires de Mary Read ou encore de Black Bart que nous avons déjà pu vous narrer !
Sources :
J’adore les photos de France 1900 et l’histoire de Barbe Noire.
Disney a aussi fait un film sur barbe noir mais celui ci est plus comic que les autres certes