« Les 4 Fantastiques : Premiers Pas » : une bouffée d’air frais maladroite [critique]

« Les 4 Fantastiques : Premiers Pas » : une bouffée d'air frais maladroite [critique]

Les 4 Fantastiques : Premiers Pas, dernier-né des studios Marvel, débarque avec un postulat détonnant par rapport au reste du catalogue via la présentation d’un univers situé en dehors de celui de la continuité que l’on connaît. Est-ce un pas vers la bonne direction ? Ou encore un concept sous-exploité ?

Une ambition affichée et un passé assumé

Ce qui surprend dans les premières minutes, c’est le choix d’introduction. Nous sommes plongés dans un monde qui existe déjà et cette existence est palpable. Les origines de ce quatuor sont expliquées avec une fluidité rarement vue dans une production Marvel et le style comic book est enfin clairement assumé. Ces premières images regorgent d’une vibe années 60/70 et tout ce qui faisait le style des premières aventures de cette famille est bien là. De la référence aux vilains obscurs de ces premières années jusqu’au style pop de l’époque, exacerbé par le thème principal composé par Michael Giacchino rappelant fortement sa prestation sur les Indestructibles. Tout est là pour nous faire vivre une période aujourd’hui révolue.

C’est une des rares fois où les studios Marvel assument leurs origines et n’essaient pas de moderniser son œuvre pour plaire à une audience plus contemporaine. Cela fait plaisir à voir et le film nous fait ressentir une émotion que l’on avait perdu face aux dernières présentations produites par Kevin Feige. Grâce à un montage travaillé et bien rythmé, l’histoire durant cette première heure se laisse suivre sans encombre et garde notre attention tout le long. Le long-métrage veut bousculer les codes poussiéreux de l’écurie, en allant dans une direction autre que celle que l’on connaît.

Les personnages possèdent chacun une personnalité propre et sont un minimum développés tout le long du film. Notamment Reed Richards, interprété par un Pedro Pascal que l’on voit malheureusement trop souvent en ce moment. Cela joue contre lui car l’on finit par ne voir que lui et plus le personnage qu’il incarne à l’écran. La faute aussi à un physique qui ne change pas vraiment entre chaque apparition. En tout cas, M. Fantastique possède une caractérisation poussée avec la dualité que l’on connaît, celle oscillant entre l’intellectualité très froide et calculatrice du scientifique et ses émotions propres qui ont du mal à transparaître face à ses proches.

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Le duo Ben Grimm/Johnny Storm arrive à trouver une bonne dynamique, oscillant entre franche camaraderie et enchaînement de taquineries. Il y a tout de même une pointe de déception quant au développement de Ben. On ne s’intéresse pas ici au statut de l’homme se trouvant sous la carapace, de la vision du monstre que les gens perçoivent et de la mélancolie que cela peut amener. Cette fois-ci, il est acclamé comme un héros et son physique n’effraie pas la population, qui préfère l’ovationner à chacune de ses apparitions dans les rues de New York.

Le personnage de Sue Storm est sûrement la protagoniste avec la personnalité la plus marquée du quatuor. Elle s’assume durant les moments difficiles, avec tout de même certaines décisions un poil déconcertantes, et prouve à l’écran toute l’étendue démesurée de ses pouvoirs. C’est ainsi que cette première heure nous emporte tout le long avec une fluidité rarement vue dans une production de ce calibre, avec certains choix assumés et parfois osés, essentiellement durant la séquence de course-poursuite dans l’espace. Malheureusement, cette ambition n’arrive pas à se maintenir jusqu’au générique.

Un souffle nouveau ne tenant pas la distance

Malgré une première partie forte en proposition, la deuxième partie retombe dans les travers des productions Marvel, comme si le souffle apporté par la première heure n’arrivait pas à garder son intensité démesurée. Au moment du retour sur Terre, quelque chose ne prend plus. Le scénario s’embourbe dans des choix qui font tiquer l’œil. Le kitsch assumé et réussi du début du film se retourne contre lui.

C’est à ce moment que les défauts déjà présents mais occultés par l’ambition affichée ressortent. Certes, le montage possède une fluidité bienvenue et prenante mais cela ne cache pas les défauts de réalisation que l’on a coutume à voir dans les productions Marvel, avec ce côté impersonnel et froid malgré un style rétrofuturiste recherché et très inventif sur certains aspects. Les effets spéciaux varient aussi entre un travail de qualité au regard de la modélisation de la Chose et un traitement visuel maladroit de la Surfeuse d’Argent se rapprochant parfois de l’uncanny valley, notamment au niveau de ses yeux qui dénotent un peu trop du reste.

La Surfeuse d’Argent fait également partie de cette retombée globale de cette deuxième partie. Malgré un travail réussi au travers de sa voix amenant un côté envoûtant fortement inspiré du chant des sirènes, son développement laisse à désirer. Elle apparaît et disparaît au bon vouloir du scénario et les décisions qu’elle finit par prendre sont trop abruptes même si elles restent compréhensibles en s’y attardant quelques instants.

Le cas Galactus joue également un rôle important dans ce ressenti négatif. Malgré une introduction réussie et une volonté de le montrer tel qu’il est dans les comics, son affrontement final face à l’équipe le transforme en méchant d’une banalité déconcertante. Cette déception est encore plus grande quand on compare avec sa première apparition dans le film avec des plans offrant un gigantisme maîtrisé et qui participe à une présence imposante à travers l’écran. Malheureusement, au moment du combat final, la manière de le filmer le desserre fortement et le ridiculise quelque peu. Pour un affrontement cosmique avec l’une des plus grandes puissances de l’univers Marvel, le dénouement déçoit et l’impact est amoindri au plus bas.

Il en débouche de tout cela une scène finale qui pourrait sembler lourdingue face à un humour potache à la sauce Marvel mais qui colle étonnamment bien avec la dynamique du quatuor. Cette impression vécue durant cette dernière scène prouve tout de même l’adhésion qui s’est créée avec le public face à l’arrivée des 4 Fantastiques au sein du MCU.

Les 4 Fantastiques : Premiers Pas est certes un film imparfait souffrant des affres de l’historique créatif des productions chapeautées par Kevin Feige mais qui montre malgré tout un véritable amour envers cette première famille de l’univers Marvel. On est tout de même face à une véritable proposition comparée à la fadeur ambiante dans laquelle le MCU se trouve depuis la sortie d’Avengers : Endgame. Ces premiers pas sont hésitants et maladroits mais prometteurs pour la suite.

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Bande-annonce officielle des 4 Fantastiques : Premiers Pas

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