Il était «Le Magnifique», il était «L’as des as», il était « Bébel »… Jean-Paul Belmondo, l’une des dernières légendes du cinéma français, s’est éteint ce lundi 6 septembre 2021, à l’âge de 88 ans.
Un jeune homme destiné aux planches de théâtre
Jean-Paul Belmondo naquit à Neuilly-sur-Seine en France, le 9 avril 1933. Toutefois, personne ne pouvait se douter de ce qu’il deviendrait. Il grandit au sein d’une famille d’artistes, sa mère étant peintre et son père sculpteur de renom.
Le futur acteur n’était pas passionné par les études et ne tenait pas vraiment en place… Il fut même renvoyé de l’une des meilleures écoles privées parisiennes, l’Ecole alsacienne, car trop peu discipliné. Il s’intéressa très vite au sport et pratiqua différentes activités comme le football, le cyclisme et bien sûr la boxe, qu’il pratiqua longtemps en amateur, puis un petit temps en tant que professionnel pendant son adolescence. Le jeune Belmondo songea d’ailleurs à en faire son métier. Toutefois, après avoir vu la pièce de théâtre de Molière Les Femmes savantes, l’adolescent, du haut de ses seize ans, décida de devenir comédien.
Un acteur rebelle aux débuts difficiles
Après avoir pratiqué l’art de la scène en amateur, il intégra le Conservatoire en 1952, où il étudia 5 ans aux côtés de nombreuses autres futures légendes du cinéma français, comme Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle ou encore Françoise Fabian. Il joua même avec Guy Bedos.
Bien que très apprécié et estimé par ses camarades de jeu, ses professeurs ne le considéraient pas comme très talentueux. L’un des membres du jury du Conservatoire lui interdit même de travailler pour la Comédie-Française. Jean-Paul Belmondo envisagea alors une carrière uniquement dans le théâtre. En effet, il n’accepta de faire que quelques rôles secondaires au cinéma comme travail alimentaire.
Jean-Paul Belmondo vécut ainsi un début de carrière très difficile. En 1953, il joua dans plusieurs pièces de théâtre, comme Médée de Jean Anouilh, qui furent des échecs. L’acteur fut ensuite au casting de son tout premier film, Les Copains du dimanche en 1956. Cependant, le long-métrage ne trouva pas distributeur et sortit plus d’une décennie plus tard. Il incarna un petit rôle dans l’œuvre Sois belle et tais-toi avec Alain Delon, lui aussi débutant, puis dans Les Tricheurs de Marcel Carné.
Jean-Paul Belmondo, Jean-Luc Godard et la « nouvelle vague »
La carrière de Bébel fut donc difficile à faire décoller… Jusqu’à ce qu’un certain Jean-Luc Godard, alors critique pour les Cahiers du cinéma, repère l’acteur dans le film Un drôle de dimanche, en 1958. Ce dernier souhaitait alors devenir réalisateur et décida d’embaucher Belmondo en tant qu’acteur principal pour son prochain court métrage, Charlotte et son jules. Cette même année, Jean-Paul connut son premier succès au théâtre avec la pièce Oscar.
Malheureusement, en pleine ascension, il fut appelé sur le front en Algérie. À son retour, il ne souhaitait toujours pas faire du cinéma son métier, car il trouvait cela « trop con ». Godard réussit toutefois à le convaincre et Jean-Paul Belmondo décrocha le premier rôle dans À double tour, troisième œuvre du cinéaste Claude Charbol.
Après ce film, Godard fut enfin prêt à réaliser À bout de souffle. L’agent de l’acteur lui déconseilla vivement de participer à ce film qu’il considérait comme la plus grande erreur de sa vie, d’autant plus qu’on lui proposa un autre long-métrage d’un réalisateur bien plus connu à l’époque : Julien Duvivier.
Toutefois, Belmondo, dans sa grande loyauté, choisit Godard, et le film fut un véritable succès dès sa sortie en 1960, ainsi qu’un film phare de la Nouvelle Vague. En effet, c’est avec cette collaboration que l’acteur débuta sa participation au mouvement cinématographique dont il devint l’icône. Il travailla avec bon nombre de ses réalisateurs iconiques, comme François Truffaut dans La Sirène du Mississipi.
« Bébel » à son apogée : entre cinéma d’auteur et films populaires
Suite aux premiers longs-métrages de Jean-Luc Godard, il devint un acteur au charisme et au talent reconnu. Claude Sautet l’embaucha pour son premier film policier, Classe tous risques en 1960 aux côtés de Lino Ventura. Il donna ensuite la réplique à l’incontournable Jean Gabin en 1962, dans Un singe en hiver.
Bébel alterna donc entre des films d’auteur et des œuvres plus consensuelles. En 1962, il participa même à un film d’aventures de cape et d’épée, Cartouche de Philippe de Broca. Ce long-métrage, à l’origine une adaptation des Trois Mousquetaires, fut un triomphe en salles. L’acteur y réalisa de nombreuses scènes physiques et courses-poursuites. Etant un ancien boxeur, il réalisa les cascades lui-même.
Dans la foulée, le réalisateur lui proposa L’Homme de Rio en 1964, une autre œuvre d’aventures inspirée par Les aventures de Tintin. L’acteur enchaîna ainsi les succès, entre films d’aventures comme Cent mille dollars au soleil d’Henri Verneuil ou Les Tribulations d’un Chinois en Chine, et des œuvres plus dramatiques.
Il retravailla avec Jean-Luc Godard en 1965 dans Pierrot le Fou, qui fut un succès critique et public. L’acteur fut alors érigé au rang de vedette et on lui attribua le surnom de « Bébel ». Il reçut d’ailleurs le « César du meilleur acteur » pour Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch en 1989. Cependant, l’acteur n’ira jamais chercher sa récompense, car il considérait que seul l’avis du public comptait et non pas celui d’un jury.
Jean-Paul Belmondo, l’incontournable acteur d’action
Jean-Paul Belmondo devint alors la star incontestée du cinéma français et il est aujourd’hui connu pour ses grands succès au box-office. À son apogée, il joua de plus en plus dans des films populaires et devint l’acteur d’action par excellence. En 1973, il retravailla avec Philippe de Broca pour Le Magnifique, une parodie des films d’espionnage et de James Bond. Il tenta même sa chance à Hollywood, connu pour ses blockbusters, mais ne s’y plut pas et revint en France.
En 1974, il enchaîna avec Peur sur la ville de Verneuil, qui l’enferma un peu dans ce genre de films où l’action domine l’intrigue jusqu’à la fin des année 1980, comme dans l’As des as de Gérard Oury, véritable succès. Le public français allait voir Belmondo comme les Anglais allaient voir Sean Connery dans les James Bond. Bébel était ainsi, en quelque sorte, notre James Bond à nous… En 1985, l’acteur de 52 ans se blessa sur le tournage de Hold-up d’Alexandre Arcady. Cela marqua le clap de fin concernant les films d’action pour notre acteur adoré.
Fin de carrière et maladie
Jean-Paul Belmondo continua d’interpréter des rôles au cinéma jusqu’au début des années 2000. Toutefois, il s’éloigna quelque peu des plateaux et retourna un temps vers les planches. Malheureusement, en 2001, il fut victime d’un accident vasculaire cérébral qui lui paralysa la moitié du visage.
Malgré cet accident qui le tint éloigné de son métier un temps, il continua de se donner en spectacle sur la scène et devant la caméra jusqu’à la fin de sa vie. Sa contribution au cinéma français est ainsi immense et unique. Jean-Paul Belmondo reçut la Légion d’honneur en 2007. Puis, il se vit attribuer la « Palme d’honneur » au Festival de Cannes en 2011 et le « Lion d’or pour la carrière » lors de la Mostra de Venise de 2016.
Ce 6 septembre 2021, l’avocat de l’acteur emblématique de toute une génération annonça la mort de Jean-Paul Belmondo. Ce dernier s’est éteint chez lui à Paris à l’âge de 88 ans :
« Il était très fatigué depuis quelques temps. Il s’est éteint tranquillement.«
Jean-Paul Belmondo : carrière et hommages
L’acteur laisse derrière lui plus de 80 films et une soixantaine d’années de carrière. On lui a rendu de nombreux hommages depuis l’annonce de son décès, notamment par son rival de toujours, Alain Delon :
« Je suis complètement anéanti. Je vais essayer de m’accrocher pour ne pas faire la même chose que lui dans cinq heures. Remarquez ce serait pas mal si on partait tous les deux ensemble. C’est une partie de ma vie : on a débuté ensemble il y a soixante ans.«
Finalement, Jean-Paul Belmondo restera toujours dans la mémoire des Français, que ce soit en amoureux fou ou en espion cascadeur. Il restera à jamais « Le Magnifique » du cinéma français.
À bout de souffle – Bande-annonce
Sources :
- Le Monde – Jean-Paul Belmondo est mort
- France Info – Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du cinéma français, est mort à l’âge de 88 ans
- Le Figaro – Jean-Paul Belmondo, le Magnifique, est mort à 88 ans
- La Provence – L’acteur Jean-Paul Belmondo, légende du cinéma français est mort
- La Dépêche – L’acteur Jean-Paul Belmondo est mort à l’âge de 88 ans
- Wikipédia – Jean-Paul Belmondo
3 Replies to “Jean-Paul Belmondo : « le magnifique » et « l’as des as » s’en est allé…”