Philippe d’Orléans : le frère surprenant et extravagant de Louis XIV

Philippe d'Orléans : le frère surprenant et extravagant de Louis XIV - Cultea

Tout le monde sait qui fut Louis XIV, le roi Soleil et sa cour à Versailles. Toutefois, on connaît beaucoup moins bien son frère, Philippe d’Orléans, le duc d’Anjou. Ce qui est fort dommage. Personnage extravagant, il a toujours été dans l’ombre de son frère et refusa de correspondre aux normes de la cour. Nous vous proposons de découvrir quelques détails sur la vie de cet homme haut en couleur.

« Monsieur »

Philippe d’Orléans est surtout connu sous l’appellation de « Monsieur ». Mais d’où lui vient ce surnom ? Ce terme, qui prend toujours une majuscule, n’était pas utilisé à cette époque comme il l’est aujourd’hui. Au Moyen Âge, le titre de « Monsieur » était employé pour désigner des saints ou le pape. À partir du XIVe siècle, les rois de France et les princes de la famille royale pouvaient également prendre le titre de « Monsieur ». Cependant, au cours du XVIe siècle, on accorda ce terme au frère cadet du roi, celui né juste après le futur souverain.

Philippe d'Orléans - Cultea

Pendant sa jeunesse et jusqu’en 1660, le frère de Louis XIV fut appelé le « Petit Monsieur », afin de le distinguer de Gaston d’Orléans, le frère du défunt Louis XIII, qui lui était désigné comme le « Grand Monsieur ». Philippe d’Orléans devint donc simplement « Monsieur » à partir de 1660, à la mort de son oncle qui était également son parrain. Il devint par la même occasion le chef de la maison d’Orléans.

Philippe d’Orléans, élevé comme une fille

Philippe naquit en 1640, deux ans après son frère Louis-Dieudonné qui devint ensuite Louis XIV. Il grandit dans l’ombre de son frère aîné, chéri par leur mère Anne d’Autriche. Il ne reçut d’ailleurs pas la même éducation. Anne d’Autriche et le Cardinal Mazarin décidèrent de continuer à l’habiller en fille plus longtemps qu’ils n’auraient dû, jusqu’à l’adolescence de Philippe. Il portait des robes, rubans, boucles d’oreilles et mouches.

Louis XIV et son frère, Philippe d'Orléans - Cultea
Louis XIV est à droite, Philippe d’Orléans est à gauche, habillé en robe

En effet, sa mère et le Cardinal voulaient le rendre efféminé afin qu’il ne fasse pas d’ombre à son frère, seulement de deux ans son aîné, et qu’il ne soit pas attiré par le pouvoir. En effet, le pouvoir était lié à l’époque à la virilité. Sa mère alla même jusqu’à l’appeler régulièrement « ma petite fille ». D’ailleurs, Philippe d’Orléans ne s’intéressa jamais aux activités dites « des hommes » comme la chasse et à l’équitation. Il préféra les parures, la danse, les arts et était spécialiste de l’étiquette à la cour. Cette « absence de virilité » ne l’empêcha pas de remporter une victoire face à Guillaume d’Orange en 1677.

Goût pour le travestissement

Ce goût pour les vêtements de femme, il le garda toujours. Tout au long de sa vie, il eut une attirance pour les costumes féminins et les parures excentriques. Il lia d’ailleurs une amitié de longue date avec l’abbé de Choisy, avec qui il se travestissait. Saint-Simon fut un écrivain ami de Philippe d’Orléans, à l’origine du témoignage le plus complet sur le règne de Louis XIV. Il décrivit Monsieur de la sorte :

« C’était un petit homme ventru, monté sur des échasses tant ses souliers étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets et de pierreries partout, avec une longue perruque toute étalée devant, noire et poudrée et des rubans partout où il pouvait mettre, plein de sortes de parfums et en toutes choses la propreté même. »

Homosexualité et mariages

Philippe d’Orléans eut deux épouses, et ses mariages furent houleux. Il fut une première fois marié à Henriette d’Angleterre, fille du roi Charles Ier d’Angleterre. Elle entretint une liaison avec Louis XIV et n’appréciait pas les préférences de Philippe. Elle mourut soudainement en 1670 dans de mystérieuses circonstances. En 1671, en deuxième noce, il épousa Elisabeth-Charlotte de Bavière, plus connue sous le nom de Princesse Palatine. Sa relation avec sa deuxième épouse fut bien plus cordiale. En effet, la Princesse Palatine accepta les goûts de son mari. Ils se vouaient donc tous deux un certain respect et avaient une grande complicité. Elle écrivit en 1713, dans l’une de ses nombreuses correspondances :

« feu Monsieur, qui aimait extrêmement la parure, aurait eu mille querelles avec moi, pour savoir qui porterait les diamants les plus beaux… Jamais on ne m’a parée sans que lui-même n’ordonnât ma toilette entière ; il me mettait lui-même le rouge sur les joues. »

Philippe de Lorraine, dit "Le Chevalier de Lorraine" - Cultea
Philippe de Lorraine, dit « Le Chevalier de Lorraine ».

Toute la cour de Versailles était au courant de l’homosexualité et du libertinage de Monsieur. À l’époque, la sodomie était considérée comme un crime, mais l’attirance des hommes pour le même sexe n’était pas inhabituelle. On appelait cela le « vice italien ». C’est un neveu du Cardinal Mazarin qui fit découvrir à Monsieur le « vice italien ». Il s’entoura donc de nombreux favoris qui se succédèrent et qu’il préférait à ses épouses. Il a notamment eu une relation avec le Chevalier de Lorraine pendant trente ans. Ce dernier l’aurait manipulé et, selon les rumeurs, aurait même tué la première femme du duc.

Philippe d’Orléans et le divertissement

Dès 1658, Philippe d’Orléans entretenait déjà un goût pour les fêtes, la luxure avec les hommes et le travestissement. Pour le contrôler, le roi lui donna la protection de Molière et de sa troupe. Dès lors, la troupe dont Molière était le directeur devint « la troupe de Monsieur » et s’installa dans la nouvelle salle du Petit Bourbon. La plus grande réussite de la troupe eut lieu quelques années plus tard en 1662 avec L’Ecole de femmes. Philippe d’Orléans assista d’ailleurs à la première représentation.

Egalement en 1658, Philippe se vit offrir le domaine de Saint-Cloud, dont il tomba amoureux. Il vécut une grande partie de sa vie dans ce lieu qu’il passa des années à agrandir et embellir. On le disait d’ailleurs plus Parisien que Versaillais. En 1692, le Roi lui offrit également le Palais-Royal. Philippe y emménagea, accompagné de son favori, et il y organisa de nombreux jeux et fêtes jusqu’à sa mort en 1701 à Saint-Cloud.

Finalement, Philippe d’Orléans eut un destin aussi hors du commun que celui de son frère. Partageant son temps entre Versailles et Paris, il vécut sa vie comme il l’entendait, sans complexe. Saviez-vous qu’à la cour de Louis XIV, les talons étaient portés par les femmes et les hommes

 

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