Vous l’avez peut-être déjà entendu : porter du vert sur scène porterait malheur. C’est là une croyance qui perdure dans le temps ! N’avez-vous jamais remarqué qu’au théâtre, aucun acteur ne porte de vert, dans aucune pièce ? Cette mystérieuse superstition n’existe pas sans raison. Chez Cultea, on s’est penché sur le sujet afin d’élucider les origines de cette tradition scénique !
Porter des vêtements verts au Moyen Âge
Au XVIe siècle, la couleur que l’on portait sur scène avait un sens que l’on peut qualifier de « hiérarchique ». Ainsi, les acteurs de théâtre qui portaient un vêtement de couleur verte étaient généralement considérés comme moins importants que les autres. Et pour cause, le danger que cela représentait ! En effet, à l’époque, les vêtements étaient teints. Or, la teinture verte était très difficile à fabriquer. De ce fait, les tenues vertes n’étaient pas teintes, mais peintes ! Malheureusement, cette solution n’était pas sans risques.
La peinture verte utilisée pour les vêtements était composée de lamelles de cuivre mélangées à du citron ou autre substance liquide. Le problème de cette technique, certes ingénieuse, était que… l’oxyde de cuivre utilisé était très toxique ! Cela était susceptible de provoquer des chocs toxiques chez les personnes qui étaient à son contact. De plus, cette coloration était instable au contact de l’humidité. En plus donc de provoquer des intoxications, la couleur, de prime abord magnifique, se délavait rapidement. La couleur perdait de sa superbe et finissait par s’étendre sur les autres vêtements, ce qui nuisait à la tenue complète.
La légende du vert annonciateur de malheur réside donc dans sa toxicité et son caractère éphémère. Mais est-ce l’unique raison ?
Les acteurs de théâtre vêtus de vert, des malades imaginaires ?
Malheureusement, l’adage a eu gain de cause au XVIIe siècle. En effet, le 17 février 1673, Molière interprétait pour la quatrième fois sur scène, Le Malade Imaginaire. Or, ce soir-là, l’acteur meurt chez lui, après sa représentation (et non sur scène, comme il est coutume de le dire). Sa mort n’a rien d’anormal, puisque l’on sait qu’à cette époque, l’homme souffrait d’une maladie pulmonaire. Seulement voilà, les rumeurs selon lesquelles il portait du vert sur scène devinrent populaires. Aujourd’hui, des experts réfutent ces rumeurs et affirment que Molière portait en réalité du rouge lors de cette représentation.
Ainsi, la mort de Molière, acteur plébiscité au XVIIe siècle, a fait parler d’elle, mais pas que ! Ses vêtements aussi furent beaucoup discutés. Certains y ont vu une preuve irréfutable que le jugement du siècle dernier était juste.
Suite à cela, les cas de plusieurs personnes intoxiquées ont été mis en lien avec leurs tenues vestimentaires. Le vert est alors devenu le coupable parfait de très nombreux malades.
Les autres possibles explications de cette aversion du vert au théâtre
Outre sa dangereuse toxicité, son caractère temporaire et ses malheureuses rumeurs, la popularité du vert souffre encore de bien d’autres choses.
L’une d’entre elles réside dans les techniques d’éclairage des théâtres, qui ont évolué au fil du temps. D’abord éclairés à la bougie, les théâtres ont ensuite joui des différents progrès techniques. À partir du XVIIIe siècle, les théâtres ont commencé à s’équiper de lampes à oxyde de calcium. Cette amélioration du confort au sein de ces bâtiments fut positive pour les acteurs comme pour les spectateurs. Néanmoins, il semblerait que ce nouvel éclairage ne mettait pas la couleur verte en valeur, bien au contraire. On distinguait alors mal les acteurs vêtus de vert sur scène. C’est pourquoi cette mode vestimentaire s’est vu pâlir à partir de cette époque.
Enfin, une autre raison visuelle est à souligner : celle mettant en relation les pièces jouées dehors et les couleurs choisies pour les costumes de celles-ci. En effet, en Angleterre, beaucoup de représentations théâtrales avaient lieu à l’extérieur. Souvent installées dans des jardins, les scènes devaient être suffisamment accrocheuses pour attirer l’attention des personnes aux alentours. Là encore, une tenue composée de vert ne permettait pas de mettre l’acteur en valeur. Le ton sur ton avec la pelouse et le vêtement était contraire à la volonté scénaristique. C’est alors qu’en Angleterre les acteurs ont décidé de bouder le vert.
Ainsi, cette couleur porte-malheur tient sa réputation de diverses raisons, certaines plus rationnelles que d’autres. La raison sanitaire serait la plus plausible, bien que les soucis de lumière soient fort probables également. Quoi qu’il en soit, le vert ne devrait plus représenter de danger aujourd’hui, et pourtant, les acteurs y restent réticents. Une chose est sûre, la connotation du vert au théâtre a influencé sa symbolique. On l’associe ainsi à l’espoir et l’écologie, mais également à la malchance et la maladie. Le logo des pharmacies, par exemple, n’est pas vert par hasard !
Sources :
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