L’abbé de Choisy : le prêtre qui s’habillait en femme au XVIIème siècle

Swali Guillemant
Swali Guillemant
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Sous le règne de Louis XIV, un drôle de personnage, connu aujourd’hui sous le nom de l’abbé de Choisy, défia la société et les mœurs de son temps pour vivre comme il le souhaitait. En effet, écrivain, prêtre et diplomate, François-Timoléon de Choisy passa une partie de sa vie habillé en femme. Il mena donc une vie très libre pour son époque. 

L’abbé de Choisy habillé en fille pendant sa jeunesse

François-Timoléon de Choisy est né en 1644. Il était le quatrième et dernier fils d’une bonne famille. Son père était chancelier du Duc d’Orléans, le frère de Louis XIII. Sa mère aimait quant à elle vivre à la Cour. Elle s’intéresse aux commérages, à la séduction et était très ambitieuse… Souhaitant introduire son fils à la cour et projetant sa propre ambition sur lui, elle souhaita lui trouver un bon parti et l’introduire au frère de Louis XIV. Elle choisit donc de l’habiller en fille.

Par ailleurs, son père mourut alors qu’il n’avait que 15 ans, laissant sa mère seule maîtresse de sa vie. Cette dernière lui perça les oreilles et lui enleva les poils. Elle l’accoutuma donc aux vêtements de femme. Toujours poussé par sa mère, il apprit également la danse et la musique.

Goût pour la liberté : il s’adonne à tous les vices

Il finira par fuir sa mère, devenue trop ambitieuse et exigeante. Il s’en alla à Bordeaux pour rejoindre une troupe de théâtre. Un tel choix était audacieux car très mal vu pour quelqu’un d’une telle famille. Là, il aura de nombreuses liaisons, aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes. Sa famille l’envoya donc à Venise afin qu’il se calme. Cependant c’était mal le connaître, puisqu’il y développa le goût du jeu.

A la mort de sa mère, il hérita de sa garde-robe et de ses bijoux. Il porta cependant des vêtements d’homme pendant un temps à la Cour. Préférant le costume féminin, il y revint finalement quelques années plus tard. Il portait notamment des boucles d’oreilles, du fard, des mouches, des rubans et même des perruques. En bref, il faisait les choses très sérieusement.

« L’envie d’être belle me reprit avec fureur ; je fis faire des habits magnifiques, je remis de beaux pendants d’oreilles… Les rubans, les mouches, les airs coquets, les petites mines, rien ne fut oublié… Je croyais être encore aimable et je voulais être aimée. »

L'abbé de Choisy
L’abbé de Choisy en femme, illustration publiée en 1855.

Costume féminin : un certain succès pour l’abbé de Choisy

L’abbé de Choisy bénéficia de la tolérance des gens autour de lui. Le quartier populaire où il résidait était amusé de son comportement. Etant un homme généreux, son curé et son évêque lui donnèrent leur approbation et l’encouragèrent même. Il se fit donc appeler de tous « Madame de Sancy » et fut très apprécié. Il aimait se donner en spectacle et était fier de ses accessoires comme de sa peau douce, qu’il entretenait avec de la pommade.

Outre son quartier, il était toléré à la Cour, qui l’appréciait et le courtisait même. Il se rendait également aux fêtes habillé en femme et devint ainsi très proche de certaines femmes de la noblesse. Il arrivait cependant qu’on se moque de lui. Parfois il recevait des lettres anonymes ou bien on parlait de lui dans la gazette. Mais il n’en avait que faire.

L’abandon des vêtements pour femmes

Cependant, ce travestissement prit fin le soir où il rencontra le fils du roi, le Grand Dauphin, à l’opéra. Ce dernier s’amusa de cette rencontre avec cet homme original. Mais le gouverneur du Dauphin, le duc de Montausier, lui adressa de violents reproches devant tout le monde et proféra des menaces. François-Timoléon se résigna donc à faire profil bas et se retira à la campagne. Plus tard, il tomba malade et frôla la mort en 1683. L’abée de Choisy décida donc de mener dès lors une vie pieuse.

Abbé de choisy

Ouverture d’esprit et homme de lettres

En plus d’être très ouvert d’esprit pour son époque, il était également un homme brillant et très instruit. Il étudia notamment la philosophie et la théologie à la Sorbonne dans sa jeunesse. Après avoir mis ses robes de côté, il assuma le rôle de diplomate. En 1687, il entra même à l’Académie Française où il travailla avec Charles Perrault. Il mourut en 1724 à l’âge de 80 ans, laissant derrière lui de nombreux écrits, dont ses mémoires.

L’abbé de Choisy fut donc un homme qui défia les mœurs de son époque. Il prouva que l’on pouvait réussir même en étant un marginal dans la société. Tout le monde peut porter ce qu’il veut, peu importe les époques, les vêtements n’étant après tout qu’une simple construction sociale.

 

Sources : 

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