En 2022, nous célébrions les 400 ans du baptême de Molière. Né aux Halles et mort à quelques centaines de mètres de son lieu de naissance, Molière a pourtant eu une existence faite de voyages. Cependant, de nombreux mystères peuplent la vie du dramaturge. En effet, on connaît surtout Molière par ce qu’en disent ses contemporains. Retour sur les grandes périodes de sa vie et de sa mort.
Jeunesse et premiers succès
Molière est né au début du mois de janvier dans le quartier des Halles à Paris. Baptisé le 15 janvier 1622, c’est une carrière de tapissier qui l’attend. Il obtient de son père le titre d’officier de la Maison du roi. Dès 1660, il entre au service de Louis XIV dans cette fonction. Il a la tâche de participer à l’aménagement des appartements du souverain, ce qui fait de lui un homme proche du roi. Louis XIV n’habite alors pas encore à Versailles.
Avant cela, Jean-Baptiste Poquelin, de son vrai nom, est déjà passionné de théâtre et d’écriture. Il connaît d’ailleurs un certain succès avec sa troupe. Dès 1643, il s’associe à la fratrie Béjart pour créer cette troupe. Nommée l’Illustre Théâtre, la troupe se produit dans le Jeu de Paume des Métayers, dans le faubourg Saint-Germain. Malheureusement, le succès se dément lorsqu’ils se déplacent rive droite et que Molière va en prison en août 1645 pour dettes.
Néanmoins, ce n’est que le début pour la troupe de Molière. Dès 1646, la troupe est embauchée par le duc d’Epernon pour jouer dans une « troupe de campagne ». Ces troupes faisaient de très grandes tournées en province dans le but de promouvoir le spectacle, même dans les lieux les plus reculés du pays, mais aussi pour promouvoir et imposer la langue française comme langue unique. Forte de son succès, la troupe entre au service du Prince de Conti en 1653. Elle perd sa protection trois ans plus tard, mais continue seule. En 1658, les comédiens regagnent Paris pour tenter de s’y réimplanter.
Molière et le Roi Soleil
De retour à Paris, la troupe trouve un nouveau protecteur en Philippe d’Orléans, dit Monsieur, le frère du roi. Ils se produisent alors au Louvre devant Louis XIV. C’est un succès, et la salle du théâtre du Petit Bourbon est mise à leur disposition. Ils partagent la salle avec la troupe italienne de Scaramouche. Molière y comprend alors toutes les ficelles de la comédie et perfectionne son jeu et son approche du genre. Dès novembre 1659, Molière acquiert le statut de dramaturge en publiant une première pièce : Les Précieuses Ridicules.
Malgré le succès de cette comédie, la troupe s’entête à jouer des tragédies, le genre considéré comme le plus noble à l’époque. Cependant, celles-ci n’ont que peu de succès. Si bien qu’après un ultime essai non transformé en succès, Molière n’écrit plus de tragédies. Ses comédies sont en revanche un tel succès qu’en 1661 Nicolas Fouquet lui commande une pièce pour la fête donnée en l’honneur du roi dans son château de Vaux-le-Vicomte. Pour ce spectacle, Molière s’associe pour la première fois à Jean-Baptiste Lully. Ils créent ensemble leur première comédie-ballet. Ce nouveau genre intègre la comédie, la danse et la musique.
À partir de ce moment, Louis XIV, grand amateur des arts, fera jouer Molière à la cour. Le dramaturge produit alors ses comédies les plus connues. Cependant, ce n’est pas sans créer de nombreuses polémiques. Notamment autour du Tartuffe, que le roi acclama avant de l’interdire quelques jours plus tard. Faisant écho à l’indignation du clergé, le roi n’avait en réalité que très peu de marge de manœuvre avec cette comédie de Molière dénonçant les faux dévots. Cependant, jamais Molière n’arrêtera de créer des satires de la société dans laquelle il vit. Il se moquera principalement des médecins et des religieux.
Les mystères de la mort de Molière
Après tant de succès, mais si peu de sources écrites, la mort de Molière ne pouvait pas faire exception. En effet, de nombreuses légendes et un certain mystère l’entourent.
Officiellement, Molière s’est éteint le 17 février 1673 à Paris. Le comédien et dramaturge joue ce jour-là la quatrième représentation du Malade Imaginaire au théâtre du Palais Royal. Molière est souffrant, mais refuse d’annuler la pièce. Il joue alors difficilement cette représentation. C’est là que les faits ne sont pas clairs. Selon la légende, on raconte que Molière aurait expiré son dernier souffle dans son fauteuil sur scène. Ce fauteuil est aujourd’hui exposé au sein de la Comédie Française.
Selon toute vraisemblance, on transporta d’abord Molière chez lui. En effet, on eut une grande difficulté à trouver un prêtre pour lui faire les derniers sacrements, si bien qu’il était déjà décédé lorsque le prêtre de la paroisse de Saint-Eustache est arrivé. Il s’est donc éteint après sa représentation du Malade Imaginaire, chez lui, rue de Richelieu.
On ne sait pas exactement de quoi il est mort, si ce n’est d’une toux persistante. Le dramaturge ayant peur des médecins ne souhaitait pas se faire soigner. Ce mal l’a emporté très jeune, à l’âge de 51 ans.
La tombe de Molière
N’ayant pas reçu les derniers sacrements, il était impensable d’inhumer Molière selon les rites chrétiens. C’est ici que les choses se compliquent aussi. En effet, on sait que le roi a accepté de faire une dérogation pour Molière. Cependant, on devait l’inhumer de nuit avec un cortège discret. Il est donc enterré de nuit dans le cimetière de la chapelle Saint-Joseph. Cependant, ce cimetière n’existe plus aujourd’hui.
En effet, on peut aujourd’hui rendre visite au dramaturge au cimetière du Père-Lachaise. Comment cela ? Lors de la destruction du cimetière Saint-Joseph en 1796, on inhume des restes que l’on pense être ceux de Molière. Ils sont alors transférés au cimetière du Père-Lachaise en 1817. Sa tombe actuelle est voisine de celle de Jean de la Fontaine. Aujourd’hui, on sait que les restes des artistes ne sont que des restes supposés. On parle alors plus souvent de cénotaphes que de tombes.
Finalement, on connaît la vie de Molière grâce aux témoignages de ses contemporains. Cependant, il n’a laissé aucun écrit de sa main, que ce soient des brouillons ou bien des lettres. Uniquement quelques signatures sur des actes notariés. Il n’en reste pas moins l’un des auteurs français les plus connus. En effet, nous lui devons la périphrase « la langue de Molière » pour désigner le français, tout comme les Anglais parlent « la langue de Shakespeare ».
Sources :
2 Replies to “Molière : retour sur la vie mouvementée du dramaturge !”