Chaque pays comporte son lot de traditions comme le comptage des cygnes royaux en Angleterre. En France, la tradition de l’apéritif dure depuis des siècles et a même évolué en devenant virtuelle pendant la crise sanitaire. Mais d’où vient cette tradition de l’apéritif à laquelle nous sommes tant attachés ? Retour sur les origines de cette tradition plus populaire que jamais.
L’apéritif, un médicament
Le terme « apéritif » vient du latin « aperire » qui veut dire ouvrir. Il désignait à l’origine quelque chose qui éliminait les toxines du corps, un médicament donc. En effet, au Moyen Âge, il existait déjà certaines boissons alcoolisées réservées à un usage médical et l’alcool était déjà considéré comme un remède. Dans l’Encyclopédie de Diderot en 1751, le terme signifie « médicament qui ouvre les voies de l’élimination« . L’apéritif a donc longtemps été associé au bien-être. Cela pourrait expliquer qu’on souhaite la « santé » en trinquant.
L’Italie sera le premier pays à produire des apéritifs, le vermouth, à Turin au XVIIIème siècle. En France, c’est non loin de là, en Savoie, où l’on commença à mélanger les herbes et les plantes que l’on distillait avec de l’alcool pour en faire des médicaments au début du XIXème siècle. On utilisait des plantes comme l’absinthe, l’anis ou la gentiane. À la surprise générale, on ne consommait donc pas l’apéritif par plaisir à l’origine.
Démocratisation avec la colonisation
En 1846, Joseph Dubonnet, un négociant en vins et spiritueux à Paris eut l’idée de créer une boisson à base d’alcool avec de l’écorce d’arbre pour lutter contre le paludisme. Il utilisa l’arbre de quinquina, un antipaludéen naturel. En effet, il vivait à l’époque des débuts des campagnes coloniales africaines.
La Légion étrangère devait donc affronter des nuées de moustiques en Afrique du Nord et avait donc bien besoin d’un remontant pour se soigner. Le vin permit de guérir les fièvres des soldats et l’apéritif moderne était né. La consommation des militaires contribua à la démocratisation de l’apéritif. Lors de la conquête de l’Algérie, on consommait surtout de l’absinthe qui venait de Suisse et du Jura pour assainir les eaux.
L’apéritif dans la société française au XIXème siècle
Cependant, il fallut attendre la fin du XIXème siècle pour que cette consommation d’alcool devienne un rite de sociabilité partagée. En ville, les ouvriers se retrouvaient le soir, après le travail, près des gares et au coin des boulevards pour passer un bon moment. Cette nouvelle consommation de l’alcool eut lieu grâce à la démocratisation du sucre au XIXème siècle.
En effet, les producteurs utilisèrent le sucre pour enlever l’amertume des boissons alcoolisées, les rendant plus agréables. Les taux d’alcool dans les verres d’apéritifs passèrent alors à 40-45°, des taux bien plus importants qu’avant. Toutefois, à l’époque on buvait toujours l’apéritif pour ses vertus hygiéniques. En 1926, on put lire dans le journal La Presse médicale :
« Il faut déglutir l’apéritif à jeun avant le repas est une excellente manière de réveiller l’appareil digestif. »
Quelques années plus tard, les médecins revinrent sur ces croyances alors que l’alcoolisme ravageait la société française.
L’invention du cocktail
L’apéritif des prolétaires fit des jaloux. Les classes supérieures voulurent aussi profiter de l’apéritif mais en se distinguant. Place à la mode du cocktail ! Dans les années 1900, le cocktail débarqua des États-Unis, comble de l’ironie puisque la prohibition y démarra quelques années plus tard. Peu de plantes pour les cocktails, ils étaient préparés à base de gin, cognac ou champagne.
Le prince de Galles, fils de la reine Victoria et futur Edward VII, menait alors la belle vie à Paris s’adonnant à tous les vices : femmes, tabac et alcool. Ce fut donc lui qui aurait lancé la mode du cocktail auprès des aristocrates. Ils prirent donc l’habitude de se rencontrer autour d’un verre avant le repas. Toute la société imita l’aristocratie. Ce fut également à cette époque que les cacahuètes arrivèrent en France. Elles sont aujourd’hui indissociables de l’apéritif.
Finalement, l’apéro est passé de médicament à synonyme de fête et de bon temps, l’évolution n’est pas aberrante. Après tout, l’apéritif remonte le moral ! Aujourd’hui, malgré les dangers bien connus de l’alcool, la tradition de l’apéritif a survécu et se porte mieux que jamais. Alors tchin-tchin ! Après la tradition de l’apéritif en France, découvrez celle du muguet pour le 1er mai.
Sources :
- rtbf.be – Prendre l’apéro, un rituel vieux comme le monde : d’où vient en fait cette tradition ?
- Wikipédia – Apéritif
- France Culture – Aux origines de l’apéritif, cette tradition invincible
- Slate – La vraie histoire de l’apéro en BD
- curieuseshistoires.net – Prendre l’apéritif : une tradition profondément gravée dans l’Histoire
Et dire que le c… qui nous gouverne combat nos traditions… après avoir eu un Président buveur d’eau pauvre France on est bien mal lotis…