Le code Hays était un code de production du cinéma américain, mis en place en mars 1930 et appliqué de 1934 à 1966. C’est l’industrie américaine du cinéma qui a elle-même créé ce code dans un but d’auto-régulation. Ce faisant, elle ne risquait alors pas la censure officielle, puisqu’elle s’auto-censurait déjà. Chez Cultea, on vous propose un tour d’horizon de ce code de production !
Au début du XXe siècle, l’industrie du cinéma américaine est encore très puritaine. Dès 1907, on commence à sanctionner des films et à les retirer des salles. De plus, on autorise certains films dans les États du nord, mais pas dans les États du sud. Et lorsqu’un film est censuré, c’est une grosse perte d’argent. Alors, afin de ne pas compromettre son économie et de garder son indépendance, l’industrie du film fonde son propre organisme d’auto-régulation en 1916. Cette organisation connue sous le nom de National Association of the Motion Picture Industry (NAMPI), restera en place jusqu’en 1922.
Des scandales à l’origine du code Hays
À partir des années 1920, on commence à considérer le cinéma comme le septième art. Hollywood, érigé sur les hauteurs de Los Angeles, brille de mille feux avec ses productions excentriques. Et apparemment, il en est de même en coulisses. En pleine prohibition, le milieu du cinéma commence à se faire connaître pour ses excès. Drogue, alcool, sexe, jeux d’argent, prostitution… Les artistes semblent être au-dessus des lois. Par conséquent, les scandales se succèdent mais l’industrie du film parvient à les étouffer.
Malheureusement, ce ne sera pas le cas pour l’affaire Arbuckle, qui choquera le pays tout entier. En septembre 1921, Roscoe «Fatty» Arbuckle, un acteur comique, est accusé d’avoir violé et tué une jeune comédienne au cours d’une orgie à San Francisco. À l’origine adulé de tous, Arbuckle devient un monstre sanguinaire aux yeux des Américains.
L’idée d’une auto-censure
À cause de ce scandale, on pointe du doigt la totalité de l’industrie pour ses vices. En 1922, Hollywood a alors l’idée d’un code de bonne conduite. La même année, la NAMPI est remplacée par la Motion Pictures Producers and Distributors Association (MPPDA), mais rien ne change encore vraiment. Pourtant, en 1930, les studios chargent l’avocat presbytérien et républicain William Hays d’élaborer ce fameux code d’auto-censure. Dès lors, ce dernier préside la MPPDA et commence à donner des recommandations.
Entre 1930 et 1934, un « précode » émerge, et on applique à peine le code Hays. Les cinéastes s’autorisent encore plus de liberté qu’auparavant, en montrant de la violence et du sexe à l’écran. La débauche est dans toutes les salles, afin d’attirer les spectateurs, alors tous fortement touchés par la Grande Dépression. Parmi les thèmes récurrents, on retrouve les gangsters et les femmes déchues (Fallen Woman). C’est par exemple durant cette période que Mae West prononça la réplique mythique à son partenaire dans Lady Louen en 1933 :
« C’est un pistolet que tu as dans ta poche ? Ou c’est juste que tu es content de me voir ? »
En 1934, le très catholique Joseph Breen arrive à la tête de la Commission de censure, et le code Hays finit par être appliqué.
Le code Hays
À partir de là, on commence alors à appliquer sérieusement le code, officiellement appelé Le code de la production (The Production Code). L’objectif principal de celui-ci est en fait d’apaiser les groupes catholiques, ainsi que le public, choqués par les scandales hollywoodiens. Ces derniers menacent en outre grandement l’économie du cinéma.
Le code possède trois principes généraux :
- « Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. De la même manière la sympathie du spectateur ne doit jamais aller du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché. »
- « Des standards de vie corrects, soumis uniquement aux exigences du drame et du divertissement, doivent être montrés. »
- « La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent. »
D’un autre côté, on interdit de manière très stricte le blasphème. De fait, il est interdit d’utiliser les mots suivants : God, Lord, Jesus, Christ, Hell, S.O.B (Son of a bitch, NDLR), Damn et Gawd. Pour ce qui est de la sexualité, de nombreuses choses ne doivent pas être montrées, telles que l’adultère, les scènes de passion, le viol, ou encore la naissance d’un enfant. De plus, on ne doit pas présenter la traite des Blanches, les organes sexuels d’un enfant, des rapports sexuels interraciaux ou une quelconque référence à l’homosexualité.
Les cinéastes détournent le code…
Paradoxalement, toutes ces interdictions vont permettre aux réalisateurs d’être plus inventifs que jamais. En effet, il fallait ruser pour passer entre les mailles du filet. Le cinéma devient alors moins frontal et plus ambigu et érotique, poussant davantage le spectateur à l’interprétation. Le public voit donc des choses qui n’ont jamais été montrées. Le meilleur exemple est sans doute la scène du train qui s’engouffre dans un tunnel dans La Mort aux trousses. Hitchcock a effectivement excellé à cette époque, contournant constamment le code Hays sans jamais risquer la censure. Par exemple, il parvint en 1946 à offrir aux spectateurs un baiser de près de trois minutes dans Les Enchaînés. Toutefois, le code interdit toute scène de plus de trois secondes. De fait, il a entrecoupé le baiser de Cary Grant et d’Ingrid Bergman de dialogues dans le but d’éviter la censure.
On réécrit un code en 1966, mais il n’est que peu appliqué. En 1968, on le remplace par un système de classification des films par âge : le système de classification de la Motion Picture Association of America. Créé par Jack Valenti, il est toujours en vigueur aujourd’hui.
En septembre 2019, l’association a mis à jour sa marque pour refléter la nature mondiale de l’industrie du cinéma, de la télévision et du streaming, changeant officiellement son nom en Motion Picture Association (MPA).