Pourquoi les tempêtes et ouragans ont historiquement des noms féminins ?

Swali Guillemant
Swali Guillemant
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Après la découverte des chasseurs de tornades, nous vous proposons aujourd’hui de vous tourner vers les ouragans. L’ouragan Ida a touché la Louisiane aux Etats-Unis il y a seulement quelques semaines, avec des rafales allant jusqu’à 270 km/h et des dégâts considérables. Mais vous êtes-vous déjà demandé d’où venaient tous ces noms d’ouragans féminins comme Sandy, Ida ou Katrina ? Chez Cultea, nous nous sommes penchés sur la question… 

Avant le XXème siècle, différents usages arbitraires

Si l’on donne des noms aux tempêtes depuis plus de deux siècles, c’est parce-que cela permet d’identifier rapidement les ouragans et autres évènements météorologiques et de les différencier des précédents. Toutefois, il fallut attendre le XXème siècle pour leur attribuer des noms et prénoms de personnes. Auparavant, on pratiquait différents usages quant aux noms des ouragans.

Le 10 août 1856, des pluies torrentielles et vents violents s’abattent sur la Louisiane. Ce fut un ouragan meurtrier qui toucha principalement Last Island, au sud, et fit environ 200 victimes. Pour parler de cet évènement il fallut le nommer et on le désigna alors comme « l’ouragan de Last Island » ou encore « le grand ouragan de 1856 ». A l’époque, le lieu et la date suffisaient pour baptiser une tempête.

Ouragan Galveston Texas
Conséquences de l’ouragan Galveston au Texas en 1900.

En Espagne, pays éminemment catholique, l’usage était de baptiser l’ouragan du nom du saint patron du jour sur lequel tombait la tempête. Les noms des ouragans étaient donc arbitraires. On désigna l’ouragan « Antje » de 1858 du nom d’un bateau qu’il détruisit. Il arrivait également à l’époque qu’on donne le nom du scientifique qui étudia ledit ouragan comme l’ouragan Benjamin Franklin en 1743.

Clement Wragge Ouragans

Ainsi, différents usages prenaient place en même temps, même si certains n’étaient pas très courants. La première utilisation de noms de personnes comme c’est encore le cas aujourd’hui remonte à la fin du XIXème siècle. Clement Lindley Wragge, un météorologiste anglais installé en Australie, décida de donner aux ouragans et typhons des noms de femmes, d’hommes politiques qu’il n’aimait pas et même de personnages historiques ou issus de la mythologie.

La Seconde guerre mondiale : un tournant pour les noms d’évènements météorologiques

Toutefois, ce ne fut qu’au début du XXème siècle, autour des années 1920-1930, que la pratique de donner aux ouragans des prénoms se démocratisa.

Puis la Seconde guerre mondiale fut un tournant, car il devint nécessaire de les nommer. On utilisait alors des avions et des navires et il fallait donc connaître facilement tous les mouvements de la mer ainsi que de la météo lors de messages d’alerte. La légende raconte que les météorologues de l’armée américaine ont choisit les prénoms de leur copine ou femmes restées à la maison.

Drapeau de l'OMM

Toutefois, la pratique persista après la guerre. Depuis 1953, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), en charge de superviser les différentes régions du monde et les noms proposés publie chaque année une liste de prénoms parmi lesquels choisir les noms des ouragans. Par ailleurs, on peut réutiliser les prénoms, sauf si l’ouragan associé fut trop meurtrier et catastrophique comme celui de Katrina en 2005. Ainsi, ce prénom ne peut plus être employé. Si d’aventure une année connaissait un grand nombre de tempête et épuise la liste, on aurait alors recours aux lettres grecques comme delta ou alpha.

Différents organismes chargés de baptiser les ouragans et tempêtes

Il existe aujourd’hui différents organismes qui ont la responsabilité de nommer les tempêtes, selon la situation géographique où elles se déroulent. En Amérique du Nord et du Sud, le National Hurricane Center de Miami en Floride propose les prénoms. Il donne des prénoms anglais, espagnols et français, selon les régions concernées.

Ouragans

En Europe, c’est l’Institut de Météorologie de l’université libre de Berlin qui établit les noms des ouragans européens. En effet, en 1954, une étudiante de cette université proposa de donner des noms aux différents évènements météorologiques. Cela dans le but de rendre ces derniers et les cartes plus accessibles au public.

De nombreux autres organismes peuvent donner des prénoms aux tempêtes. Dans l’océan indien, le nom des ouragans est la responsabilité du BOM, le service météorologique indien. Mais également la charge de l’agence météorologique de Tokyo ou du Central Pacific Hurricane Center à Hawaï, selon leur localisation.

Des prénoms mixtes et non plus seulement féminins pour les ouragans

A partir de 1950, l’OMM n’utilisait plus que des prénoms féminins. Il fallut attendre 1979 pour qu’enfin les ouragans puissent devenir masculins et cela grâce à la lutte pour les droits des femmes. Depuis, on alterne entre des noms féminins et masculins. Toutefois, dans l’imaginaire de tous, les ouragans restent féminins.

Comme l’OMM, l’université de Berlin a également soulevé le problème de l’utilisation exclusive de prénoms féminins en 1998. Cette dernière a été jugée sexiste et depuis, on donne alternativement des noms masculins ou féminins, selon les années paires et impaires.

On peut désormais acheter le nom d’une tempête

Depuis 2002, tout le monde en Europe peut donner son prénom à une perturbation météorologique. Il suffit d’acheter le droit à hauteur de 150 euros pour une dépression et 350 euros pour un anticyclone. Cette opération a été baptisée « Adopt a Vortex ». Attention cependant, l’Institut de Météorologie de Berlin peut refuser certains noms. Ceux avec des traits-d’union, les noms de famille et de marques sont par exemple rejetés.

Finalement, au fil de l’histoire on utilisa différentes pratiques pour choisir les noms des ouragans. Aujourd’hui, les prénoms sont féminins et masculins, issus d’une liste préétablie. Différents organismes comme le NHC les choisissent, ces derniers supervisés par l’OMM. Après les catastrophes naturelles, découvrez les désastres issus de l’homme comme la destruction du Parthénon ou l’incendie de Londres.

 

Sources : 

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