Alors qu’en 1939 l’Allemagne nazie et le Danemark avaient signé un pacte de non-agression, le 9 avril 1940, les troupes allemandes envahissent le pays… Le tout en deux heures, sans rencontrer de résistance.
En accord avec le roi Christian X, le gouvernement de coalition accepte l’ultimatum remis par l’Allemagne. C’est ainsi que le Danemark rentre dans la Seconde Guerre mondiale. Les occupants ne se mêleront pas des affaires intérieures et respecteront la « neutralité » danoise.
« Se coucher comme un Danois »
Le roi et le gouvernement danois invitent la population à vivre normalement et à se résigner à cette situation. Les Alliés prennent cette attitude pour de la lâcheté. C’est ainsi que l’expression « se coucher comme un Danois » devient une injure courante aux Etats-Unis.
Pendant un an et demi, le modus vivendi établi par les Allemands est maintenu. Le mécontentement de la population ne se manifeste que par des actions symboliques, comme porter des insignes interdits ou chanter en chœur dans les parcs et sur les places.
Le Danemark et les forces de l’Axe
À la fin de l’année 1941, les Allemands contraignent le gouvernement danois à accepter le pacte anti-Kominterm. Le Danemark dans la Seconde Guerre mondiale est donc du côté des puissances de l’Axe.
Le Parti communiste est interdit, ses membres sont internés et un « corps libre danois », composé de volontaires, part se battre sur le front de l’Est. À l’annonce de cette nouvelle, des émeutes éclatent dans le pays. La résistance prend une forme nouvelle avec des actions de grève et des sabotages. Des élections sous contrôle ont lieu en mars 1943. Mais la situation se dégrade encore, avec de grandes grèves et manifestations en août.
En réaction, les Allemands imposent au gouvernement danois la suppression du droit de grève, l’interdiction de manifestation et de réunion, la proclamation de la loi martiale et l’instauration de la peine de mort pour les saboteurs. Encouragé par la résistance de la population, le gouvernement, au lieu de se soumettre comme en 1940, cesse de fonctionner.
Le roi se déclare prisonnier dans son palais gardé par des troupes allemandes. La Marine nationale se saborde. Mais le gouvernement disparu, la persécution des Juifs danois peut débuter…
La résistance danoise
Le 18 septembre 1943, Adolf Hitler donne l’ordre de les déporter. Première surprise : les responsables allemands qui occupent le pays depuis plusieurs années, et qui ont appris à connaître l’état d’esprit de la population, refusent de s’exécuter ! Werner Best, membre important du parti nazi et de la SS, rentre à Berlin pour tenter d’obtenir une concession de taille : la promesse que tous les Juifs du Danemark seront déportés dans le ghetto modèle créé à des fins de propagande à Theresienstadt (Terezin), en Bohême.
Des unités de police d’Allemagne sont acheminées pour organiser une grande rafle dans la nuit du 1er au 2 octobre 1943. Mais ils ne trouvent pas grand monde à déporter… ! La plupart des Juifs danois ont traversé l’Øresund sur des bateaux de pêche, pour rejoindre la Suède avec l’aide de la population et des réseaux de résistance. La communauté s’organise pour empêcher les arrestations dans les synagogues. Les hôpitaux et cliniques de Copenhague ont renvoyé tous leurs patients portant un nom juif pour les réadmettre sous d’autres noms… Certaines cliniques sont allées jusqu’à hospitaliser des familles entières de Juifs en parfaite santé, se transformant du jour au lendemain en véritables camps de transit pour des centaines de personnes, leur fournissant vivres et argent avant de les diriger vers des organisations de résistance.
Bilan : sur un total de 7 800 Juifs danois, seuls 481 (soit 6 %) ont été déportés. Le jour même des premières rumeurs de rafle, le ministère des Affaires étrangères a demandé à Werner Best de s’expliquer. Une pétition a été présentée par les unions professionnelles et les syndicats. Le roi Christian X a quant à lui fait parvenir un avertissement écrit à l’ambassade d’Allemagne. Il menace d’être le premier citoyen à porter l’étoile jaune si celle-ci était imposée aux Juifs de son pays.
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Sources :
- « Copenhague. La cité libre de Christiania », Urbanisme, no 344, septembre-octobre 2005
- «L’art de voyager » museart, n61 juin 1996
- « Copenhague »,City guide, Phaidon
- Guide du Routard Copenhague 2017/18
- Visitdenmark.fr
- Geo.fr/photos/danemark-copenhague
- Universalis.fr
15 Replies to “Que faisait le Danemark durant la Seconde Guerre mondiale ?”