Mikhail Devyatayev : une évasion spectaculaire en pleine Seconde Guerre mondiale

Mikhail Devyatayev : une évasion spectaculaire en pleine Seconde Guerre mondiale

L’exploit que nous vous contons aujourd’hui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale. C’est celui d’une évasion, digne des plus incroyables scénarios ! Découvrons ensemble la folle histoire de Mikhail Devyatayev.

Qui est Mikhail Petrovich Devyatayev ?

Mikhail Petrovich Devyatayev est né d’une famille paysanne mordovienne en 1917, à Torbeyevo en Russie. En 1938, il obtient le diplôme de la Kazan River Technical School, une école de navigation fluviale. Il devient capitaine d’une chaloupe sur la Volga avant que l’Armée rouge ne l’enrôle cette même année dans ses rangs. Cela lui permet d’entamer des études à l’école de pilotage de Chkalov, dont il sort diplômé en 1940.

Mikhail Petrovich Devyatayev - Cultea
Mikhail Petrovich Devyatayev.

Mais la Seconde Guerre mondiale fait rage. Mikhail Petrovich entre en guerre seulement deux jours après l’attaque de l’Allemagne contre l’Union Soviétique, le 24 juin 1941. Après sa sortie d’hôpital suite à une grave blessure, il retourne au combat. Il est alors le commandant du 104th Guards Fighter Aviation Regiment, en tant que pilote de chasse. Au total, il réussit à détruire neuf avions ennemis.

Une évasion spectaculaire !

D’un camp à l’autre…

Malgré tous ces exploits, le soir du 13 juillet 1944, tout bascule. Alors que Mikhail Petrovich s’envole avec le groupe de chasseurs du major Bobrov afin d’intercepter un raid ennemi, tout ne se passe pas comme prévu… Dans la région de Lviv (actuelle Ukraine, ancienne Pologne), leur avion prend feu, touché dans une bataille. L’engin s’écrase sur le territoire conquis par les ennemis et le groupe, inconscient, se fait capturer.

On détient Mikhail Petrovich d’abord au camp de Lodz, aussi appelé par les nazis Ghetto Litzmannstadt. C’est le premier grand ghetto créé par les nazis à partir d’avril 1940 (le ghetto de Varsovie est institué en octobre 1940). C’est aussi le second plus grand ghetto établi lors de la Shoah en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Lors de cette détention, notre homme tente une première évasion en creusant avec ses camarades derrière une clôture. Mais il échoue et on l’envoie au camp de Sachsenhausen-Oranienburg, un camp de concentration nazi à Oranienburg, en Allemagne. On y détient surtout des prisonniers politiques, comme le fils aîné de Joseph Staline.

Prisonniers du camp de concentration de Sachsenhausen, Allemagne - Cultea
Prisonniers du camp de concentration de Sachsenhausen, Allemagne.

L’île d’Usedom

Là-bas, Mikhail Devyatayev comprend très vite les dangers que lui fait courir son statut de pilote soviétique. Il arrive à changer d’identité pour prendre celle d’un fantassin soviétique mort. On le transfère alors de nouveau, dans un camp de l’île d’Usedom cette fois. Obligé de participer aux travaux forcés, Mikhail se rend compte qu’il est détenu dans la municipalité de Peenemünde et intégré au programme de missiles allemands. Les conditions de travail et de détention sont immondes. Il faut nettoyer les pistes d’atterrissage et les bombes à mains nues…

« Les jeunes prisonniers ont été emmenés et alignés en cercle autour. Au milieu, la fusée bourdonnait de façon assourdissante, crachant une grande flamme, de la chaleur, des gaz. Après le lancement de la fusée, le « médecin » local a attrapé les garçons pour vérifier l’état de chacun. Et il s’est avéré que l’un d’eux avait des tympans éclatés, l’autre avait les yeux brûlés, le troisième avait perdu la raison. » (Les mémoires de Mikhail Devyatayev)

Dans ces conditions, notre homme se dit qu’il est préférable, malgré l’improbable chance de réussite, de tenter une fuite et mourir, plutôt que de rester prisonnier.

Vue aérienne de Peenemünde - Cultea
Vue aérienne de Peenemünde, publiés par Rob Wallace, coordinateur de l’éducation STEM au Musée national de la Seconde Guerre mondiale.

Enfin, l’évasion…

Mikhail Devyatayev convainc trois autres prisonniers, Sokolov, Krivonogov et Nemchenko, de se joindre à lui. Ils prévoient de quitter le camp vers l’heure du déjeuner, quand la plupart des gardes sont occupés dans la salle à manger. Dans leur groupe de travail, ils se débrouillent pour ne se trouver qu’avec des Soviétiques afin de se comprendre.

Vers midi, le 8 février 1945, le groupe se retrouve sur une piste sous la surveillance d’un garde. Un des dix hommes fracasse le geôlier avec un pied-de-biche, tandis qu’un autre enfile l’uniforme du nazi. Grâce à ce subterfuge, le petit groupe s’empare d’un bombardier allemand et Mikhail Petrovich prend les commandes. Ils s’envolent vers leur liberté.

Bundesarchiv Bild 101I-343-0694-21, Belgien-Frankreich, Flugzeug Heinkel He 111 - Cultea
Bundesarchiv Bild 101I-343-0694-21, Belgique-France, avion Heinkel He 111.

Mais l’avion est maintenant la cible des défenses aériennes soviétiques. Ils parviennent tout de même à atterrir sous contrôle. Personne ne croit leur histoire, mais ils fournissent cependant de lourdes informations concernant le programme de missiles allemands. Les hommes sont soignés, puis retenus en prison encore une fois le temps de l’enquête. Durant cette période, beaucoup des survivants mourront.

Mikhail Petrovich Devyatayev, quant à lui, est démis de ses fonctions dans l’armée. Il faut attendre 1957 avant que l’exploit des hommes soit reconnu grâce au chef du programme spatial soviétique Sergueï Korolyov. Ce dernier met en évidence l’utilité décisive des informations fournies par le groupe pour le programme spatial soviétique. Il plaide la cause de Devyatayev, qui finit sa vie en tant que capitaine de navires passagers sur la Volga. Il reçoit alors le titre de héros de l’Union soviétique, ainsi que l’Ordre de Lénine et la médaille de l’étoile d’or.

 

Source :

 

Étudiante chercheuse en Histoire Contemporaine - Passionnée de littérature, de musique, de cinéma.

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