Il est l’héritage de la Première ministre Elisabeth Borne. L’histoire de son père, Joseph Borne, né Bornstein, est un passé douloureux qu’elle n’aime pas aborder. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, arrêté et déporté, il survécut au camp de concentration d’Auschwitz. Seulement, Joseph Borne se donne la mort en 1972, laissant sa fille, Elisabeth Borne, comme « pupille de la nation ».
Nota Bene : nous ne faisons pas ici le bilan des actions, bonnes ou mauvaises, de la Première ministre. Le passé d’Elisabeth Borne n’est en rien un indicateur de la qualité de son action politique. Cet article n’a qu’une vocation culturelle, sans prendre en compte les controverses en cours.
Les origines de Joseph Borne
Né en 1925, Joseph est le troisième garçon d’une fratrie de 4 : Léon (1921), Isaac (1923) et le plus jeune, Albert (1930). Ses parents, Anna et Zelig, ont fui la Pologne pour venir se réfugier en Belgique, à Anvers. Il grandit dans une famille juive et pratiquante. Ses parents trouvent du travail chez un diamantaire.
En 1939, la famille doit quitter le pays pour fuir les nazis qui se rapprochent. Ils se réfugient alors dans le sud de la France, à Toulouse, avant de s’installer à Nîmes. Cette même année, Anna, leur mère, décède à l’âge de 36 ans seulement. Les quatre garçons se retrouvent désormais seuls avec leur père.
Le nom de Joseph, Bornstein, se modifie au fil du temps. La guerre qui éclate, la persécution des juifs et sa migration vers le sud entraîneront sa simplification, devenant simplement Borne. D’abord inscrit sur de faux papiers, Joseph gardera finalement ce nom à l’état civil pour ne plus revivre cette période.
Les premières persécutions
En août 1942, alors que le régime de Vichy instaure la traque des juifs dans le pays, Joseph et son frère, Isaac, sont arrêtés devant leur domicile. Ces derniers commençaient à entrer en contact avec un réseau de résistants. Ils sont alors enfermés, puis incarcérés dans le camp de Rivesaltes. Néanmoins, leur père parviendra à les faire évader, en soudoyant un gardien.
« Zelig se rend à Rivesaltes et parvient à soudoyer un gardien, qui laisse Isaac et Joseph « s’évader ». Ils reviennent à Nîmes fin 1942 et décident de s’engager dans la résistance. »
Jean-Paul Boré, vice-président des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation du Gard.
À leur retour, ces derniers se rendent à Nîmes. Joseph, Isaac et Albert, le plus jeune de la fratrie, décident de s’engager au sein de l’Organisation juive de combat. Léon, l’aîné resté à Toulouse, est arrêté et sera déporté en 1943.
Les frères se font appeler Borne lorsqu’ils intègrent la résistance. De fait, leur mission consiste à convoyer des hommes et des femmes de Grenoble dans le Tarn, afin d’y rejoindre le maquis de Biques. Cette mission est dirigée par Abraham Polonski, fondateur de l’Organisation juive de combat. Joseph et Isaac font alors de nombreuses fois le trajet de Grenoble vers le Tarn, risquant leur vie à chaque fois.
L’arrestation et la déportation
Malheureusement, le 24 décembre 1943, des miliciens perquisitionnent l’appartement de la famille. Ils arrêtent les trois frères, ainsi que le père de famille. Joseph Borne émettra une hypothèse sur cette arrestation après la guerre.
« Envoyé en mission de liaison à Grenoble, j’ai probablement été suivi et ai été arrêté avec mon père et deux frères. Il est aussi possible que j’ai été dénoncé. »
Joseph Borne. (Citation dans un dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant, consulté par Le Point.)
Joseph, son père et ses frères, sont incarcérés à Drancy avant d’être déportés au camp d’extermination d’Auschwitz, le 20 janvier 1944. Les parents de Raymond Aubrac ainsi qu’Alfred Nakache sont également présents dans le convoi.
Malheureusement, la famille est séparée. Joseph et Isaac sont envoyés comme main-d’œuvre dans le camp de Buna, une usine de peinture qui travaille pour l’industrie de la guerre. Quant à Zelig et Albert, le jeune frère âgé de seulement 13 ans, ces derniers sont envoyés dans les chambres à gaz dès leur arrivée.
Les deux frères se soutiennent alors mutuellement et veillent l’un sur l’autre. Chacun a tiré sa force de l’autre et ils sont restés soudés dans l’enfer que leur faisait vivre Auschwitz.
« Isaac a reconnu que cette exigence envers eux-mêmes était peut-être ce qui les a sauvés. Joseph était épileptique. Il n’a pas eu une seule crise pendant sa déportation mais chaque matin, Isaac a vécu avec l’angoisse qu’une crise envoie son frère à la chambre à gaz. »
Jean-Paul Boré.
Lorsque l’armée russe progresse et gagne du terrain à l’est, le camp évacue les frères et ses prisonniers vers l’ouest, dans le camp de Buchenwald. Ainsi, l’armée américaine les libérera le 11 avril 1945, après plus d’un an d’emprisonnement.
Les dernières années de Joseph Borne
Lorsqu’ils reviennent en France, Joseph et Isaac sont accueillis par une bénévole, Marguerite, qui les enverra chez ses parents en Normandie. Ainsi, c’est dans le Calvados que Joseph va essayer de reprendre une vie normale. Les deux frères vont peu à peu reprendre goût à la vie, tandis que Joseph épousera Marguerite, avec qui il aura une fille en 1961 : Elisabeth Borne.
Joseph sera naturalisé français en 1948. Cependant, des documents consultés par Le Point constatent qu’il s’est battu pendant des années afin d’obtenir son statut de déporté résistant. En effet, le ministère des Anciens Combattants remettait en cause la vérité concernant ses actes de résistance. Finalement, son statut lui sera enfin accordé en 1962.
Malheureusement, Joseph Borne se donnera la mort 10 ans plus tard, à l’âge de 48 ans. Les circonstances de sa mort ne sont pas réellement connues, mais certains proches la relient au traumatisme subit à Auschwitz, dont il ne se serait jamais remis.
L’ancien résistant et survivant du camp d’Auschwitz n’aura jamais voulu reparler de son passé. Son frère, Isaac, tentait tant bien que mal d’en parler avec lui, mais il refusait catégoriquement. Peut-être que tous ces traumatismes contenus en lui l’ont fait basculer, laissant derrière lui sa fille de 11 ans à l’époque, Elisabeth Borne, aujourd’hui Première Ministre.
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Comme beaucoup de jeunes ou moins jeunes les déportés n’ont jamais parlé de leur période de leur internement. Encore une horreur de cette époque. On apprendra sans doute d’autre cas semblable. En tout cas n’oubliez pas cette époque si terrible