Par une douce nuit de 1962, trois hommes décidèrent de faire le mur. Rien de bien méchant, nous direz-vous. Sauf que leur lieu de « résidence » n’était ni plus ni moins que l’une des prisons les plus surveillées au monde : Alcatraz ! Revenons ensemble sur cette évasion spectaculaire riche en créativité.
Alcatraz
Située dans la baie de San Fransisco en Californie, la prison d’Alcatraz est mythique. Déjà, elle se trouve sur une île, un lieu isolé dont il est complexe de s’échapper ! Il y a une raison historique derrière cela, évidemment. En effet, les bâtiments étaient à l’origine une forteresse militaire construite dans les années 1850. L’armée américaine décide ensuite de la convertir en prison militaire dès le début du XXe siècle. Dans l’entre-deux-guerres, en 1934, le gouvernement en fait une prison fédérale.
Le lieu est particulier puisque, par sa nature d’île, les possibilités d’échappatoire sont très restreintes. En effet, les courants marins sont particulièrement forts au pied de l’île. De plus, la température moyenne de l’eau oscille entre 10° et 12°. Et pour en rajouter une couche, l’administration pénitentiaire offrait des douches chaudes à ses détenus, afin qu’ils ne puissent pas s’accoutumer à de faibles températures. Ce faisant, la prison était alors une exception mondiale !
La réputation de la forteresse s’est enrichie au fil des passages de VIP, comme Al Capone ou de nombreux criminels majeurs et autres hommes d’affaires. La sécurité y est telle, que même les gardiens vivent sur l’île.
Une prison inviolable…
Avec toute cette sécurité, la prison était réputée inviolable. Personne ne réussit jamais à se soustraire de sa surveillance et sa rigidité. Jamais personne ? Non ! Un petit groupe d’irréductibles a tout de même « réussi ».
Les frères Anglin d’abord, Clarence et John, des experts dans les braquages de banques. Ils se font pincer en 1958, en tentant de dérober la banque de Columbia. Ils sont alors condamnés à 20 ans de prison. Vient ensuite Frank Morris, délinquant dès son plus jeune âge à cause d’une absence de famille et d’un ballotage permanent. Il est reconnu coupable à peu près à la même époque, des mêmes crimes que ses compères. Enfin, Allan West, arrêté pour vols de voitures.
Nos quatre compères se sont connus en prison à Atlanta, avant d’être transférés à Alcatraz pour avoir tenté à de multiples reprises de s’évader. Voilà qui présage du bon…
Le Plan
Le plan est assez complexe, puisqu’il faut s’assurer en amont d’un certain nombre de préparatifs. L’idée de base est de creuser un tunnel vers des couloirs plus calmes afin de pouvoir tranquillement aller vers l’extérieur. Puis, le plan prévoyait d’embarquer à bord d’un radeau de fortune direction la liberté.
Le petit groupe va lentement préparer son coup pendant plusieurs mois… La première étape du plan démarre en décembre 1961. Il s’agit de creuser les tunnels en partant des grilles de ventilation au fond de leurs cellules. Ils effectuent cette action en plein jour, couvert par les bruits classiques du quotidien. À chaque fois qu’ils arrêtent leur « chantier » quand vient le soir, ils replacent la grille de ventilation.
La seconde étape était la confection du radeau. Rappelons que la mer est froide et agitée. Pour ce faire, ils utilisent de la colle volée et des imperméables que John Anglin dérobait à la blanchisserie. Cela aboutit à une embarcation triangulaire de 1,80m de large pour plus de 4m de long.
Une troisième étape consistait à casser le ventilateur du toit, afin que ce dernier soit retiré, laissant l’accès libre.
Enfin, dernière étape et pas des moindres : fabriquer de fausses têtes à disposer dans les lits. L’idée était que ce subterfuge laisserait assez d’avances à nos quatre évadés. Ils utilisent alors les moyens du bord pour un résultat plutôt convaincant.
L’évasion
L’évasion se fait dès 21h30 le 11 juin 1962. Les lumières viennent de s’éteindre et les quatre hommes placent leurs « doublures » dans les lits. Malheureusement pour lui, Allen West n’a pas assez creusé derrière sa grille et il ne passe pas. Ses camarades doivent l’abandonner derrière eux. L’itinéraire vers l’extérieur est dégagé et tout se passe sans accroc. Les hommes embarquent sur leur radeau et prennent le large vers 23h. On ne les reverra jamais.
C’est le matin, lors de l’appel, que les gardes découvrent la supercherie dans les lits et constatent l’évasion. Mais il est déjà trop tard. À 8h, on lance l’alerte et des signalements dans la région. Tous les moyens sont mis en œuvre pour les retrouver, mais les hommes sont déjà loin.
À postériori, l’absence de contact avec leurs proches, les manques de moyens divers et la difficulté de survivre sur une embarcation de fortune avec le courant amènent à penser que les trois individus sont morts. De plus, il n’est pas rare que les corps ne remontent jamais à la surface dans la baie de San Francisco. Ont-ils réussi leur pari fou ou sont-ils morts en souhaitant la liberté ? On ne le saura sans doute jamais. Et c’est ce qui alimenta de nombreux récits de fiction !
Aujourd’hui, l’évasion spectaculaire de ces trois individus fascine et inspire des auteurs du monde entier pour des longs-métrages, des livres ou même des jeux vidéo. Si les raisons de leur emprisonnement sont entièrement légitimes, on ne peut occulter la fascination malsaine que l’on éprouve à voir un individu défier la loi et l’ordre.
Sources :
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