Adaptation de l’essai de Jean Giono (1938), Lettre aux Paysans est un spectacle du Festival d’Avignon qui nous laisse en état de choc. Seul en scène très intimiste, le monologue conté par un acteur très convaincant est criant de vérité… Presque un siècle plus tard.
Lettre aux Paysans est joué jusqu’au 30 juillet à l’Atelier 44 pendant le Festival d’Avignon à 20h55.
Révolte et paix !
En lice pour le Prix Tournesol du Festival d’Avignon, Lettre aux Paysans ne laissera pas indifférent son public par la force de son message. C’est un puissant monologue d’une heure, porté par Grégory Bonnefont, dont on ressent à quel point le texte lui tient à cœur. Seul sur scène, sous la lumière créée par Jean-Pierre Surrel, il paraît révolté. Par ses mots, se dévoile un véritable plaidoyer contre l’absurdité de la société. Il mentionne les inégalités, la société de consommation, la politique ou bien l’inutilité de la guerre à venir (la Seconde Guerre mondiale).
Tant de thématiques importantes y sont citées, le tout dans le contexte d’avant la Seconde Guerre mondiale. Mais il est glaçant de voir que les problématiques restent les mêmes. On pense à ces agriculteurs, dont la situation devient de plus en plus désespérée chaque année. On pense à ces machines qui remplaceront la main-d’œuvre. Le monologue sonne comme un discours d’appel à la révolte, mais surtout à la paix. Le monologue de l’interprète apporte une notion de conscience de la Terre. Il rappelle l’importance de notre relation avec la Terre, à l’heure où tout se détruit pour des raisons climatiques, économiques et financières.
Grégory Bonnefont ne fait plus qu’un avec la lettre. Il crie son désespoir et ses craintes, mais aussi ses espoirs. Car l’espoir est ce qui résulte de cette Lettre aux Paysans. Elle offre en effet une véritable réflexion sur le fait de reprendre le contrôle de sa propre vie et de trouver la paix. Et plus le monologue bouleverse, plus on interprète le génie de la mise en scène d’Alain Besset. Si le comédien est seul, sans décor, ni objet, c’est parce qu’il ne restera plus rien de nous sans notre liberté. Ici bien présente, sous la forme d’un halo de lumière dans un océan de ténèbres.
Lettre aux Paysans rappelle avant tout que le théâtre peut labourer les consciences, offrir une vraie réflexion et transmettre des mots à son public à travers un texte intemporel. Stupéfiant.