« Le dictionnaire définit un aventurier comme : une personne qui vit, qui apprécie ou qui recherche l’aventure. Ce même dictionnaire définit une aventurière comme : une femme prête à tout pour acquérir de la richesse ou une position sociale. Je suis persuadée que cette définition a influencé le rapport inexistant que j’avais à mon corps. » C’est sur cette phrase que s’ouvre L’Odeur de la guerre, un récit coup de poing du festival d’Avignon.
L’Odeur de la guerre sera joué jusqu’au 30 juillet au Théâtre Scala Provence, au Festival d’Avignon, à 21 heures.
S’égarer et se retrouver !
Récit de femme percutant, le spectateur découvre Jeanne, de son enfance à l’âge adulte. L’élément commun de chacune de ses tranches de vie ? L’impression d’appartenir à quelqu’un. Une vie dans laquelle elle s’est posée beaucoup de questions sur sa relation avec son corps. Elle n’a jamais eu la sensation que son corps lui appartenait. Elle n’en savait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle devrait plaire aux hommes ou qu’elle devrait enfanter quand elle serait grande. Pourtant, petite fille, Jeanne aurait voulu être une guerrière. Mais ses proches et ses rencontres en décideront autrement…
L’Odeur de la guerre décide lui aussi de s’engager dans une lutte au Festival d’Avignon. Cette fois, sur les problématiques d’appropriation et d’hypersexualisation du corps. Jeanne a toujours vu son corps comme un objet hypersexualisé, et c’est dans la boxe qu’elle tentera de reprendre confiance. Tout comme son interprète, Jeanne va pratiquer la boxe. Sport de combat violent dans lequel elle va réapprendre à reprendre possession de son corps et comprendre ce qu’est l‘émancipation.
Le signe d’un combat !
Ce seule en scène est coloré et porté par une mise en scène onirique signée Juliette Bayi. La comédienne Julie Duval campe un personnage remarquable. Fragile et forte à la fois, rebelle et sincère également, elle semble agir comme une deuxième identité pour l’actrice, qui est aussi boxeuse, aidant des femmes à pratiquer ce sport. C’est une part d’elle qu’elle a su mettre en Jeanne, ce qui rend la performance des plus marquantes.
Chaque scène laisse une trace indélébile permettant de s’identifier pleinement au personnage, mais aussi d’en être un soutien indéfectible. L’Odeur de la guerre sait se montrer doux, drôle, dur, violent. C’est un véritable uppercut, à l’instar de chaque coup donné par Jeanne dans la boxe. Ce sport qui lui permet de redevenir la guerrière qu’elle veut être, après avoir subi des violences, la normalisation de propos difficiles et l’anéantissement de ses rêves. Ce sport qui apporte un message optimiste et d’espoir au spectacle et dont il soulèvera les consciences.
L’Odeur de la guerre trouve sa place auprès des spectacles engagés d’Avignon à travers ses thématiques sincères. Julie Duval y incarne une Jeanne émouvante et délivre un grand message d’espoir. Une comédienne plus que prometteuse !
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