Las Mariposas : les sœurs Mirabal qui luttèrent contre la dictature

Las Mariposas : les sœurs Mirabal qui luttèrent contre la dictature

Pourquoi le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ? Cette journée honorent la vie des sœurs Mirabal qui se sont opposées à la dictature menée par Rafael Trujillo en République Dominicaine dans les années 1950. Toutes les trois payèrent leur engagement de leur vie mais grâce à leur combat, elles réussirent à changer leur pays. Retour sur le destins hors du commun de ces combattantes pour la liberté.

Une enfance privilégiée et préservée sous la dictature

Les soeurs Mirabal, Patria, Adela, Minerva et Maria Teresa naquirent à la fin des années 1920 à Ojo de Agua en République Dominicaine dans les Caraïbes. Leur père, Enrique Mirabal, était un riche commerçant et propriétaire terrien.

Le dictateur Rafael Trujillo dirigeait alors le pays d’une main de fer. En effet, il atteignit le pouvoir par un coup d’État en 1930 et imposa vite son parti comme parti unique. Il se surnommait lui-même « El Jefe » (« le chef ») et imposait un culte de personnalité. Il obligea par exemple à sa population d’accrocher un portrait de lui avec l’inscription « Trujillo est Dieu » ou « Trujollo est le maître ici ».

Rafael Trujillo
Rafael Trujillo.

Toutefois, les soeurs Mirabal grandirent dans l’insouciance, élevées dans une famille aisée. Elles bénéficièrent d’une bonne éducation, elles allèrent à l’école dans un établissement catholique. Minerva était la plus intelligente et vive d’esprit, elle se passionna pour la littérature, la poésie. À quinze ans, elle insista donc pour continuer ses études et commença à remettre en question la politique du dictateur.

Rencontre avec le dictateur

Un évènement inattendu en 1949 bouleversa le destin des sœurs et précipita leur engagement. La famille Mirabal est invitée à une fête en l’honneur du dictateur dans le palais de Trujillo. Ce dernier eut tout de suite une grande attirance pour Minerva, d’une grande beauté. Très vite, la famille reçut donc une nouvelle invitation pour une soirée qu’ils ne purent refuser. Au cours de ce bal, la jeune femme repoussa encore le dictateur. Puis, lors d’une troisième fête, Trujillo réitéra ses avances mais Minerva les refusa une ultime fois. La famille décida alors de quitter les festivités.

Minerva Mirabal
Minerva Mirabal.

Trujillo étant furieux et humilié, il arrêta, emprisonna et tortura le père de famille, qui mourut des suites de ces mauvais traitements. Minerva et plusieurs de ses amis furent également arrêtés et interrogés sur leurs liens avec le Parti Socialiste Populaire. On proposa à Minerva d’être libérée en échange d’une lettre d’excuse à Trujillo. Elle refusa mais fut tout de même libérée. Toutefois, elle et sa famille restèrent sous étroite surveillance.

L’engagement politique des sœurs Mirabal et le Mouvement révolutionnaire du 14 juin

Suite à cet évènement, Minerva retourna à l’université pour étudier le droit, elle y rencontra son futur mari, également un opposant au régime. La thèse de la jeune femme porta sur les droits de l’Homme et la nécessité de changer de régime dans le pays. En 1957, Minerva devint la première femme doctorante en droit de la République Dominicaine. Toutefois, Trujillo l’empêcha de pratiquer.

Patria et Maria Teresa, animées par le même esprit de révolte que leur sœur, la rejoignirent dans son combat contre le dictateur. Elles se feront connaître sous le nom de code « Hermanas Mariposas », les sœurs papillons.

soeurs Mirabal

Ces femmes et leurs époux, tout aussi révoltés, créèrent le Mouvement Révolutionnaire du 14 juin en 1959, suite à une tentative de putsch soutenue par Cuba. En effet, à cette époque, on assistait à la chute de de nombreux régimes autoritaires en Amérique du Sud. Minerva souhaitait donc, avec ce groupe, regrouper tous les opposants contre Trujillo et préparer une révolution. Le Mouvement organise des réunions clandestines et des collectes d’armes.

Cependant, dès janvier 1960, on arrêta une centaine de membres de l’organisation dont les soeurs Mariposas. On condamna les sœurs Papillons à cinq ans de prison. Torturées au sein de la prison, à l’extérieur elles gagnèrent néanmoins en popularité et reconnaissance, elles symbolisent désormais la révolution. Les sœurs avaient derrière elles l’opinion publique du pays, même celle de l’Église catholique qui fut longtemps un soutien de Trujillo, ainsi que celle de la communauté internationale.

Assassinat et héritage des sœurs Mirabal

Le dictateur les libéra donc et elles reprirent leurs activités de lutte. Las Mariposas se doutaient qu’il leur arriverait quelque chose et elles avaient raison. Le soir du 25 novembre 1960, alors qu’elles allaient rendre visite à leurs maris emprisonnés, elles furent brutalement assassinées. Une voiture leur coupa la route et elles furent massacrées à la machette avant d’être replacées dans la voiture qui fut jetée du haut d’un précipice. L’assassinat des Papillons causa l’indignation de tout le pays. Six mois plus tard, le 30 mai 1961, on tua le dictateur dans sa voiture. Minerva l’avait prédit :

« S’ils me tuent, je sortirai les bras de la tombe et je serai plus forte.« 

Grâce au combat de ces femmes, martyres pour la liberté, les premières élections démocratiques eurent lieu dans le pays. Aujourd’hui les sœurs Mirabal sont de véritables héroïnes nationales. Le billet de banque de 200 pesos affiche leur portrait et le gouvernement rebaptisa leur région natale sous le nom « Hermanas Mirabal ». Par ailleurs, en 1999, les Nations Unis choisirent le 25 novembre en leur honneur, date de leur assassinat pour célébrer la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.

billet les soeurs Mirabal

Ces trois femmes sont loin d’être les seules femmes qui se sont battues pour la liberté. Toutefois, elles changèrent le régime politique de tout un pays et on les considère aujourd’hui comme un exemple pour tous. On peut tout de même se questionner quant à la nécessité d’avoir une fin tragique et de devenir martyr pour réussir à se faire entendre. 

 

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