Les Amazones sont un peuple mythique de l’Antiquité grecque, mais aussi de la pop culture. On les retrouve dans beaucoup de textes d’auteurs antiques, et dans de nombreuses œuvres de fiction. Aujourd’hui encore, elles continuent de fasciner, et les découvertes archéologiques prouvant leur existence s’accumulent. Mais qui sont-elles vraiment ?
L’Origine du Mythe
C’est au Vème siècle avant J-C que Hérodote, un historien grec, dépeint pour la première fois un peuple de femmes guerrières. Situées selon lui au nord de la Mer Noire, ces redoutables cavalières provoquent étonnement et crainte chez les Grecs de l’époque.
Homère les inclura dans L’Illiade, où elles viennent en aide au Roi Priam. Achille tombera amoureux de la reine Penthésilée, après l’avoir vaincue au combat. Platon les cite dans Les Lois. Hercule combattra leur reine Hippolyte lors d’une épreuve de ses 12 travaux. Thésée, fondateur d’Athènes, affrontera l’Amazone Antiope en combat singulier.
Chaque Grec connait les incroyables récits des Amazones. Des sculptures ornent les espaces publics, et les légendes affluent au fil du temps.
Loin d’être une simple légende, les découvertes archéologiques multiplient de preuves attestant leur existence. Les Grecs les dépeignaient comme une tribu de femmes constamment en guerre, avec un mode de vie porté sur la culture du cheval et de l’archerie.
Ces caractéristiques sont présentes chez les peuples scythes, qui occupaient un vaste territoire des steppes de Mongolie jusqu’à la Mer Noire.
Les Scythes, et les femmes guerrières
Les Grecs, à partir de 700 avant J-C , rencontrent pour la première fois des tribus scythes, un peuple nomade vivant alors dans les steppes au nord de la Mer Noire. Explorant ces zones afin d’y établir des colonies, des historiens comme Hérodote vont étudier ce peuple aux mœurs radicalement opposées à celles de la Grèce antique.
Peuple cavalier, les Scythes sont également spécialisés dans le tir à l’arc, efficace pour la chasse, mais aussi la guerre. Leurs conditions de vie, soumises à un climat plus hostile, sont plus brutales que celles des Grecs au sud. Platon, pensait d’ailleurs que ce mode de vie devrait être inculqué aux jeunes Grecs afin de les endurcir.
Cela impliquait un maniement des armes précoce, et une maitrise de l’équitation et du tir à l’arc. Bien que leur mode de vie ne soit que peu détaillé, la société Scythe permettait aux femmes les mêmes postes de commandement qu’aux hommes.
Ainsi, il n’était pas rare de trouver des femmes dirigeant des hordes de cavaliers, ou bien des groupes armés uniquement féminins. Un choc pour les Grecs, vivant dans une société très patriarcale où l’on jugeait que la place de la femme n’était certainement pas à la guerre.
Un malentendu archéologique
Comme pour beaucoup de peuples eurasiatiques, les sépultures scythes laissent derrière elles un grand nombre d’artefacts à étudier. Ainsi donc les défunts, enterrés dans des kourganes, reposent à coté de leurs armes, de leurs mobiliers et d’objets de leur quotidien.
Cependant, il a fallu de nombreuses années avant que certaines tombes ne soient attribuées à des femmes.
En effet, les armes et les blessures liées au combat découvertes sur les ossements étaient souvent attribués à des hommes. Ce malentendu, né de l’idée qu’une femme ne peut exercer dans les arts de la guerre, ne fut résolu qu’à partir de récentes recherches et de l’évolution des mœurs.
Tout comme l’idée que les Amazones étaient des guerrières sanguinaires méprisant les hommes. Les récentes fouilles archéologiques ont montré que les femmes guerrières étaient aussi non seulement des mères, mais également des membres actives de leurs sociétés, occupant même parfois des postes de leader.
Artisanat, dressage de chevaux, agriculture : les sépultures russo-ukrainiennes ont prouvé que la société scythe était égalitaire et inclusive.
L’évolution de la recherche
En 2019, une équipe d’archéologues russes ont excavé une sépulture scythe datant de 2600 ans. Dedans, 4 corps de femmes de 13 à 40 ans, inhumées avec des lances, des pointes de flèches et des couteaux. Cette récente fouille, située dans le sud-ouest de la Russie, confirme la présence de femmes guerrières chez les Scythes, élevées à des rangs de pouvoir.
Chez les Scythes, mais également chez les tribus sarmates, un tiers des corps exhumés de tertres funéraires depuis les années 1940 sont des femmes. En 2017, un squelette de femme guerrière fut trouvé en Arménie. Le squelette présentait une flèche plantée dans le fémur, et d’autres blessures de champs de bataille.
L’évolution des capacités de recherches ADN permet maintenant d’identifier le sexe des squelettes. En effet ces derniers étaient souvent pris à tort pour des hommes en raison d’une musculature développée par la pratique de l’archerie et de l’équitation.
Aujourd’hui, les preuves affluent, et il est évident que les femmes guerrières ont existé à travers l’histoire.
Un modèle d’égalité entre hommes et femmes
Les femmes guerrières étaient souvent détournées dans les récits pour assoir la suprématie des héros grecs. Pour le monde occidental, elles représentaient un monde païen et sauvage, aux mœurs radicalement opposées à leurs valeurs très patriarcales.
De ces différences culturelles naissent alors le mythe des Amazones, et son interprétation horrifique. Les Amazones tueraient les bébés garçons, et mépriseraient le genre masculin. La réalité étant tout autre, et des preuves archéologiques continuent d’être découvertes. Il est aujourd’hui possible d’affirmer que les Amazones n’étaient pas ce que l’on croit.
Mères, éleveuses, guerrières, mais aussi cheffes et reines de contrées lointaines et mystérieuses. Les Amazones continuent de fasciner et d’apporter un modèle positif d’égalité.
Sources :
- Selon cette chercheuse, les guerrières Amazones de la mythologie grecque ont bel et bien existé ! – Neozone
- Une tombe de 2500 ans contenant quatre guerrières découverte en Russie – Geo
- Des tombes au pays des Amazones – Histoire et civilisations
- « Amazones, guerrières de légendes » – ARTE productions 2013
- The Real Amazons – The New Yorker
- Archaeologists Just Discovered the Bones, Weapons, and Headdresses of Four Real-Life Amazon Warriors in Russia – ArtNet News
vous oublié les dora milaji s. Les Amazones du Dahomey ont d’ailleurs servi d’inspiration aux guerrières des Dora Milaje (dont font partie Danai Gurira et Florence Kasumba) dans le film Marvel, Black Panther.6 juil. 2022
allociné