Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981, est décédé des suites de la Covid-19. Retour sur la carrière politique de celui que l’on surnommait VGE.
Valéry Giscard d’Estaing : un président jeune et libéral
Si les Guignols de l’info avaient pris pour habitude de se moquer de son âge avancé, Valéry Giscard d’Estaing fut pourtant le plus jeune président de la République élu à son époque. Il n’avait alors que 48 ans. En remportant l’élection de 1974 face à François Mitterrand, il devient le premier « non gaulliste » à investir l’Élysée.
VGE se place alors comme une figure de modernité, dans une France qui sort tout juste des Trente Glorieuses. Plusieurs réformes libérales verront le jour sous sa présidence. On pense évidemment à la dépénalisation de l’avortement, portée avec force par Simone Veil. Mais l’on peut également citer l’abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, ou encore la loi instaurant le divorce par consentement mutuel.
Par ailleurs, Valéry Giscard d’Estaing fera simplifier les procédures de saisine du Conseil constitutionnel. Un Conseil auquel il siégera par la suite, à partir de 2004 (bien qu’il en fut membre de droit dès 1981).
Virage sécuritaire et défaite de 1981
En 1973, une violente crise économique est déclenchée par le premier choc pétrolier de 1973. Un second choc aura lieu par la suite en 1979. Valéry Giscard d’Estaing se retrouve alors en première ligne et échouera à endiguer l’inflation et la montée du chômage.
C’est dans ce contexte de tensions politiques et sociales que VGE opère un virage sécuritaire. En février 1981, il promulgue la loi « sécurité et liberté ». Une loi qui étend les prérogatives de la police et de la gendarmerie en matière de contrôles d’identité et de flagrants délits. Les actes de violence les plus graves sont dès lors punis plus sévèrement par les nouvelles dispositions législatives.
En parallèle, il refuse de gracier Christian Ranucci, condamné à mort pour l’enlèvement et le meurtre, de Marie-Dolorès Rambla, âgée de 8 ans. Celui-ci fut ainsi exécuté le 28 juillet 1976. Il se montra également beaucoup plus conservateur en matière d’immigration, mettant notamment un frein à « l’immigration économique ».
Sa popularité en prend alors un très sérieux coup. Le suicide très suspect du ministre Robert Boulin et l’affaire des « Diamants de Bokassa » n’ont pas aidé. Ainsi, le 10 mai 1981, il perd les élections présidentielles face à François Mitterrand. Ce dernier est élu avec plus d’un million de voix d’écart. VGE rentrera alors dans l’histoire au moment de son départ de la présidence, grâce à ces deux mots :
« Au revoir ! »
Deux mots devenus emblématiques, tout comme la chaise vide laissée devant la caméra au moment de son départ.
VGE après la présidence
Quid de Valéry Giscard d’Estaing après sa défaite ? Eh bien, il ne resta jamais très loin de la politique. Certes, après avoir perdu contre Mitterrand, il se retira quelques mois dans un monastère en Grèce, puis dans le ranch de son ami Jean Frydman au Canada. Mais il revint très vite dans la vie politique active.
Le , il est élu député dans la deuxième circonscription du Puy-de-Dôme, avec 63,2 % des voix. Il sera réélu au scrutin proportionnel en 1986, toujours dans le Puy-de-Dôme, à la tête d’une liste d’union UDF-RPR. Il envisagea d’ailleurs de devenir président de l’Assemblée nationale. Une fonction qui reviendra finalement à Jacques Chaban-Delmas.
En 1989, il conduit la liste d’union UDF-RPR pour les élections européennes. Une liste qui arrive en tête du scrutin avec 28,9 % des suffrages et 26 élus. Il démissionne alors de l’Assemblée nationale pour entrer au Parlement européen. Il y présidera le groupe libéral, démocratique et réformateur (LDR) de 1989 à 1991. Un groupe qui ne sera cependant pas capable de concurrencer le groupe socialiste de ce Parlement.
Lors des primaires de la droite en 2016, il apporte son soutien à François Fillon, qu’il renouvelle pour l’élection présidentielle de 2017. Il exprime également une certaine sympathie vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Mais il prit rapidement ses distances avec lui, dénonçant « l’enrichissement des plus riches » sous sa présidence.
Le , il devint le président de la République française ayant vécu le plus longtemps. Il devint par la même occasion le président ayant vécu le plus longtemps après son mandat. Cependant, avec l’élection d’Emmanuel Macron, il perdit son titre de plus jeune président de la Cinquième République. Valéry Giscard d’Estaing nous quitte donc après une vie bien remplie, à l’âge de 94 ans, des suites du Coronavirus. Nul doute que de nombreux hommages lui seront rendus dans les jours à venir.
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