Dans sa volonté de retrouver son âge d’or après de multiples échecs, Square Enix semble faire demi-tour sur de nombreuses décisions. Après la fin des exclusivités et la sortie de Final Fantasy XVI sur PC, l’entreprise japonaise a décidé de mettre fin à son partenariat avec la tristement controversée boîte de consultation Sweet Baby Inc.
S’il est une entreprise qui est devenue un véritable bouc émissaire cette année, c’est bien Sweet Baby Inc. Depuis ce Gamergate 2.0 qui fait trembler le milieu vidéoludique, une grande majorité des joueurs sont formels. Tout ce qui se rapproche du studio de développement narratif et de consultation doit être boycotté. Véritable fléau selon de nombreuses théories conspirationnistes, la liste des clients est régulièrement pointée du doigt. Parmi eux, Remedy, Rocksteady, Ubisoft, Warner Bros Games, Electronic Arts ou encore Square Enix…
Que leur reproche-t-on exactement ? Entre l’apparition du personnage de Saga Anderson dans Alan Wake 2, la mort de Batman dans Suicide Squad Kill the Justice League et la censure de Stellar Blade, les joueurs propagent un mouvement de colère, persuadés que l’entreprise basée à Montréal force l’inclusivité et la diversité « woke » au détriment du scénario et de la structure de nombreux jeux. Quelques titres sympathiques en ont payé le prix fort, comme Tales of Kenzera ZAU ou Sable. Vous pouvez retrouver notre article autour du Gamergate 2.0 pour en savoir plus.
Square Enix tourne-t-il la page ?
Pour Square Enix, l’expérience avec Sweet Baby Inc provient de Forspoken, qui fut un échec commercial et critique. Dans notre test, nous expliquions que le périple de Frey Holland était beaucoup trop en retard face à des mastodontes du monde ouvert comme Zelda Breath of the Wild ou Elden Ring. Surtout, il disposait d’une écriture peu flatteuse, des dialogues peu crédibles et d’une héroïne très antipathique. Certes, moins que Pax dans Dustborn (aussi client de l’entreprise de consultation), mais suffisamment pour ne pas prolonger le plaisir de jeu. Plus grave encore, Luminous Production, le studio à l’origine de Forspoken, a fermé ses portes en 2023 après le rejet massif du public sur le jeu.
Cette opposition conspirationniste ne peut que faire craindre le pire pour Square Enix, lorsqu’on voit le déchaînement de dislikes sur des projets multiples. Récemment, c’est Assassin’s Creed Shadows que les joueurs accusaient de révisionnisme et de ne pas respecter les traditions japonaises. Autre exemple, Dustborn est sorti dans le mépris le plus total, dépassant à peine les 1 000 exemplaires vendus, mais attirant énormément de moqueries sur les réseaux sociaux. Nous avions nous-mêmes peu apprécié le titre et son message extrêmement maladroit.
Les nombreuses rumeurs s’enchaînent sans interruption et continuent d’infliger des mauvaises réputations. Récemment, des créateurs de contenus auraient affirmé que Sweet Baby Inc se serait approché de Game Science pendant le développement de Black Myth Wukong pour réécrire des éléments du jeu et instaurer de la diversité dans les personnages principaux. Le studio chinois aurait refusé pour cause du tarif exorbitant et serait devenu l’objet d’une exclusion de certains médias. Le résultat de Black Myth Wukong est sans appel : plus de 20 millions d’exemplaires vendus. De quoi alimenter les spéculations sur un tout autre niveau.
Si Square Enix pointe son regard vers la concurrence, ils ont forcément découvert les risques d’un bannissement et d’une mauvaise réputation autour de Sweet Baby Inc à cause de la propagation sur les réseaux sociaux.
En conséquence, les éditeurs de Final Fantasy VII Rebirth semblent avoir décidé de mettre fin à leur partenariat avec la boîte et ne figurent plus dans la liste des clients. Pour l’heure, aucune des deux entreprises n’a communiqué sur la fin de la collaboration, mais il semble évident que Square Enix met en avant ses actions en bourse et ses finances qui n’atteignent plus les mêmes résultats que l’époque. Notons donc que tout ceci ne reste que des rumeurs, malgré la disparition du logo de l’éditeur sur la liste des clients…
Après tout, du côté d’Ubisoft, bien que la chute économique dépende des faibles recettes des titres comme Star Wars Outlaws ou le décalage incessant de nombreuses productions comme Skull and Bones, les joueurs adeptes du boycott accusent le partenariat d’en être la cause. L’éditeur français est moqué sur les réseaux sociaux, d’autant que la suite de Ghost of Tsushima est annoncé.
Rappelons que Sweet Baby Inc n’est pas associé automatiquement à l’échec commercial. L’entreprise a collaboré avec PlayStation sur God of War Ragnarok et Marvel’s Spider-Man 2. Ils participeront également au conseil d’écriture de Marvel’s Wolverine, tandis que du côté de chez Xbox, nous les retrouverons pour South of Midnight. Peut-on réellement penser que les joueurs feront l’impasse sur la sortie d’un jeu autour du plus célèbre des X-Men ? Affaire à suivre.