Terre en vue ! Le jeu le plus attendu d’Ubisoft pour ce début d’année est enfin disponible. Après avoir fait couler beaucoup d’encre et avoir dérivé en mer pendant des années, Skull and Bones propose enfin de partir à l’aventure au travers de batailles navales. Verdict ?
Le voyage de Skull and Bones n’aura pas été de tout repos. Confié à Ubisoft Singapour qui avait rendu un travail collaboratif de très haute volée sur Assassin’s Creed Black Flag, considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la franchise, il offre à l’éditeur la possibilité de concevoir un jeu qui pourrait être la plus grande expérience d’une épopée en mer. Les spécialistes de l’océan vidéoludique ont donc la lourde tâche de réussir ce projet étonnement ambitieux que sera Skull and Bones. Annoncé en 2017, le titre dédié à la bataille maritime voit pourtant le vent tourner contre lui.
De multiples reports de plusieurs années et une longue discrétion laissent penser que le jeu pourrait être annulé. Le développement reprend de zéro, tandis que le jeu figure parmi les plus attendus d’Ubisoft. Les ambitions sont tellement hautes que l’on se doute que Skull & Bones devra sacrifier des éléments pour son produit final. Alors que tout semblait jouer contre le projet, il débarque en ce mois de février 2024 et se révèle convaincant. Le studio originaire de Singapour peut enfin montrer ce qu’il a dans le ventre en dehors des collaborations.
Nota Bene : Nous avons testé le jeu sur PS5 par l’intermédiaire d’une édition premium. Mentionnons également qu’une connexion internet est obligatoire.
L’Exeter n’est plus, le vaisseau est coulé par une flotte anglaise. Les rares rescapés tentent de rejoindre Sainte-Anne, le paradis des pirates. Parmi ses survivants se trouve le héros que l’on va devoir personnaliser à notre image. Le capitaine en herbe va devoir se battre pour se tailler une solide réputation de pirate. Sa rencontre avec John Scurlock risque de chambouler son avenir…
Premiers pas sur Skull & Bones
Ne nous méprenons pas ! Skull & Bones est bien plus une histoire de batailles navales que de pirates. Toute personne l’attendant comme le nouveau Sea of Thieves risque fort de juger à tort les qualités du titre. On le devine très rapidement, le jeu d’Ubisoft Singapour est une invitation à larguer les amarres pour rester en presque toute intégralité au cœur de l’océan. En explorant la carte, on s’émerveille des décors dignes d’une carte postale (malgré un moteur graphique qui semble dépassé, comme le prouvent les personnages) et d’une exploration qui regorge de secrets. Cela manque un peu de fantaisie pirate, mais passer des heures à découvrir le vaste environnement est un sentiment vigoureux, d’autant plus que l’on tombe souvent sur des événements temporaires, des surprises de taille et des phénomènes météorologiques impressionnants.
Nota Bene : Sur PS5, le jeu propose aussi un choix entre le Mode Performance (60 i/s) et le Mode Fidélité (30 i/s). Nous préconisons la seconde solution tant la performance entraîne avec elle un flou et des clippings trop nombreux. Le jeu est techniquement très joli, mais la résolution en 60 images par seconde ne lui rend pas honneur…
En attendant de potentiels ajouts, plusieurs embarcations sont réparties en 3 classes qui comportent plusieurs types d’armes comme des torpilles, des canons longs, des lances et du mortier. Certaines compétences peuvent être légères ou lourdes. Cela ajoute des variétés non négligeables au gameplay et permet de définir son style de préférence pour patrouiller à la recherche de trésors, ce qui est typiquement divertissant.
Le tout est encore plus amusant lorsque notre avancée permet une personnalisation très poussée de notre vaisseau. Il peut devenir plus imposant, plus fort, plus terrifiant… Devenir un vrai bateau pirate qui va beaucoup évoluer au cours de la progression. Le choix de modification est assez complet, puisqu’on peut changer les drapeaux, la décoration et les peintures du navire. Le tout crée une unicité devant tant d’équipages que l’on fréquentera en multijoueur. De quoi être fier de sa création !
Cependant, cela nécessite du matériel que l’on gagne par un système de loot en s’appliquant sur des activités de pirate, des visites de contrebandiers, des pillages ou en voyageant en terres inconnues. La récupération des ressources, des provisions et d’armes est un point très important du jeu, et cela pourrait malheureusement contraindre à des moments redondants.
Plus tard dans le jeu, lorsque le capitaine pourra poser les pieds à terre dans des petites zones, il sera possible d’accomplir des contrats proposant deux catégories de missions : les primes et les livraisons. L’objectif demandera toujours de se rendre d’un point A à un point B. En exemple, l’un de ces contrats nous demandait de ramener des armes sur une zone de la carte. Un beau prétexte pour explorer l’immense monde ouvert, mais qui devient très vite répétitif. Néanmoins, précisons qu’un peu de préparation sera de mise, puisque les missions deviennent de plus en plus difficiles.
Tout est bon pour gagner de l’Infamie, qui correspond au niveau de réputation de notre héros. Lorsque celui-ci prend plus d’ampleur, de nouvelles missions se débloquent et les choses se corsent très rapidement. On peut aussi trouver des contrats chez des vendeurs ou des PNJ demandant de l’aide dans les périlleuses eaux indiennes.
Des batailles navales parfaitement intenses !
Skull and Bones tournait sa communication autour des batailles navales. Ces affrontements spectaculaires sont le cœur du jeu. Spectaculaire est un maître mot, puisque le jeu d’Ubisoft est une franche réussite sur ce point. En reprenant le gameplay d’Assassin’s Creed Black Flag, il permet de retrouver directement ses repères avec plus de souplesse.
On observe à la longue-vue, on chante avec les marins et on balance les boulets de canon sur les assaillants. Il faudra aussi parfaitement gérer son navire pour atteindre sa cible. Les déplacements et les attaques sont particulièrement exigeants et demandent de bien maîtriser toutes ses capacités. Ce n’est pas spécialement difficile, mais une erreur de gestion peut vite arriver si le joueur n’est pas prudent. Réussir à vaincre un navire bien plus puissant que le sien est satisfaisant et nous pousse à recommencer immédiatement.
Bien évidemment, nous n’attaquerons pas les marins pour rien, n’est-ce pas ? Chaque victoire permet de gagner de l’expérience et de précieuses ressources pour les améliorations de son vaisseau. Parfois, les récompenses demeurent un peu injustes et peu logiques, mais elles permettent ensuite de repartir à l’assaut avec plus de moyens. Avec un bateau plus gros, les dégâts seront plus conséquents et notre résistance plus croissante. Attention toutefois d’éviter les charges lourdes sous peine d’un vaisseau plus lent, risquant d’être une cible facile… Et méfiance quant à l’utilisation des soins qui demandent un long temps de récupération. C’est dans ces petits détails que Skull and Bones est particulièrement admirable et apporte une immersion considérable !
Toutefois, on lui reprochera beaucoup de ne pas proposer des mécaniques qui renforceraient cette immersion. C’est le cas de l’abordage qui se contente simplement d’une cinématique et d’un tableau de score. Egalement, il est difficile de ne pas être déçu de l’absence de combats à l’épée ou de pouvoir se montrer sans pitié en faisant passer par la planche nos ennemis. Les sensations que procurent les batailles navales sont très bonnes, Skull & Bones aurait pu proposer moult possibilités supplémentaires pour devenir un pirate réputé. Fouiller la cale à la recherche de trésors avant de faire passer un message à de rares survivants pour monter sa réputation aurait pu être une idée faramineuse ! Des animations supplémentaires seraient véritablement bienvenues. Et quelle malheureuse surprise de comprendre rapidement que le personnage n’a pas très envie de nager !
Une fin de partie supérieure au jeu lui-même !
Comme tout GAAS (Jeu Service) qui se respecte, Skull and Bones mise beaucoup plus sur son contenu de fin de jeu que sur son scénario lui-même. Sur ce point, il mérite tous les honneurs, tant le endgame prolonge considérablement l’expérience. Les possibilités deviennent plus grandes et les missions ne manquent pas pour gérer notre empire si difficilement bâti. Les développeurs d’Ubisoft Singapour ont réussi à gérer tout le plaisir du jeu et offrent, par la même occasion, un multijoueur qui atteint son paroxysme. Pour tout dire, Skull & Bones devient absolument génial à ce stade du jeu !
Si on pense également aux ajouts à venir, la piraterie pourrait incontestablement proposer une durée de vie illimitée. La retraite ne sera donc pas pour tout de suite… Ou tout dépendra de la lassitude des pirates en herbe. Hélas, atteindre la fin de partie demandera une patience de plus de 25 heures !
Le problème n’est pas la longueur du jeu (au contraire !), mais bien cette sensation de ne parcourir qu’un long didacticiel de toute la durée de l’histoire principale. Il faut toujours attendre avant de pouvoir pratiquer une activité ou un contrat intéressant. Ce n’est qu’une fois l’histoire terminée que l’on se sent vraiment libre de tout son potentiel ! L’attente en vaut vraiment la chandelle, mais les joueurs pourraient être vite frustrés.
Reconnaissons aussi que le scénario n’est pas des plus passionnants. Le concept n’est pas mauvais, mais il manque clairement d’une intrigue peaufinée. On préférera prendre ça pour une excuse d’enchaîner les boulots de pirate pour la richesse, les ressources et la gloire ! De toute façon, le plus important réside dans les récompenses. Ce n’est qu’en avançant dans l’intrigue que l’on débloque de plus en plus de facultés dans le jeu. Certains joueurs risquent d’être laissés sur le large en apprenant que des interactions intéressantes ne sont disponibles que trop tard. Par exemple, le fait d’attaquer les autres joueurs en ligne (PvP) demande de passer plusieurs heures dans le jeu ! Le scénario limite bien trop Skull and Bones et cela pourrait complètement lui nuire !
Nota Bene : Comme la majorité des jeux services sortis en ce début d’année, Skull & Bones propose de très nombreuses microtransactions. Cependant, elles n’ont pour but que d’obtenir des cosmétiques et n’apportent aucun avantage. Pas de Pay-to-Win à l’horizon, capitaine !
Mon seul amour, c’est l’océan !
En fait, on remarque très vite cet amour profond de l’océan pour l’équipe d’Ubisoft Singapour. Ce n’est peut-être pas un hasard si le contexte le place près des eaux indiennes, puisque les développeurs peuvent apporter une patte artistique et une identité fidèle à travers un espace qu’ils connaissent relativement bien. On devrait retrouver un savoir-faire de l’équipe de développement plus abouti dans leurs prochaines productions. On l’encourage !
Malgré un rattrapage régulier du cahier des charges d’un jeu vidéo, Skull & Bones est réalisé avec passion. Si on peut lui trouver des défauts (mais aussi de nombreuses qualités), son charme excelle ! Les temps sont passés depuis les problèmes de sa conception, sa passion semble être restée intacte.
Skull and Bones se sera fait longuement désirer, pour un résultat finalement attrayant et satisfaisant. Bien que son approche de jeu service pourrait encore rebuter les joueurs, la simulation multijoueur de combats maritimes réussit à se montrer réjouissante, précisément lors de son endgame particulièrement savoureux. Si on espérait beaucoup plus sur de nombreux aspects, et si on a parfois cette fâcheuse impression de ne traverser qu’un long tutoriel répétitif préparant la fin du jeu, le titre d’Ubisoft n’a pas à rougir. Il peut poser l’ancre à terre et être fier de son périple. Le voyage a été difficile, trouvant de flagrants défauts sur son chemin, mais il trouvera son public ! Probablement, plus tard, surtout si les propositions à venir seront bonifiantes ! Qui deviendra le plus grand pirate du monde ?
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