Parmi tous les jeux vidéo qui ont marqué ces derniers mois, Stellar Blade semble avoir eu un fort impact. Que l’on aime ou non selon les critiques, nul n’est resté insensible à son héroïne Eve et à la controverse autour de son hypersexualisation. L’ampleur de la situation et son Gamergate 2.0 a permis au jeu de bénéficier d’une grande notoriété, plus autour des formes généreuses de la jolie jeune femme que du contenu du titre de Shift Up. Cette communication fort douteuse n’empêche pas le studio coréen de nous livrer ce qui semble déjà perçu comme l’un des meilleurs titres d’action de cette année. L’exclusivité PlayStation en a vraiment dans le ventre.
Il serait bon de rappeler que Stellar Blade nous conte l’histoire d’Eve, une guerrière chargée de sauver la Terre ravagée par une terrible catastrophe. Les Naytibas, de dangereuses créatures extraterrestres, ont pris le contrôle de notre pauvre planète inhabitable. Contraints de fuir, les humains se sont réfugiés sur une station spatiale en quête de jours meilleurs. Eve tente alors de sauver la Terre et la civilisation humaine, mais sa mission pourrait remettre ses valeurs en question.
Eve, lève-toi !
Oui, Stellar Blade pourrait prétendre, dans la confusion, à une adaptation de Barbarella. En réalité, il prend des airs de NieR Automata, mais il n’en récupère que l’action et son côté glamour. Si vous espériez une vraie claque philosophique comme le hit de Square Enix, vous pourriez être un poil déçu tant la narration reste finalement assez simpliste, comme un bon gros blockbuster et ses clichés habituels. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir, tant on retrouve les éléments clés d’une bonne intrigue avec plot twist, des réflexions humaines, des personnages riches en profondeur et une figure héroïque très marquante.
N’en déplaise aux adolescents prépubères, Eve n’est en rien l’excuse érotique de Stellar Blade (si, un peu en prenant compte du marketing), mais une véritable héroïne à part entière. Si elle est victime de quelques stéréotypes, elle est dotée d’une vraie personnalité et se révèle très attachante.
En fait, on adore tant Eve que l’on reste finalement mitigé face à cette volonté de la rendre constamment sexy par la mise en scène. Les développeurs ne loupent pas une occasion pour que l’on distingue le physique de la protagoniste. Certes, cela pourra faire plaisir à de nombreux joueurs, mais cela n’est pas du tout justifié dans le cas de Stellar Blade.
Pour exemple, Bayonetta s’amuse de sa dérision, tandis que dans NieR Automata, 2B doit être le sujet qui contrôle 9S et l’empêche de poser des questions. Qu’on le veuille ou non, la sexualisation de 2B se légitimait par une critique de l’obéissance. Ici, les superbes tenues légères d’Eve proviennent soit d’une passion pour la mode et le style, soit tout bonnement du plaisir aux yeux. Et nous savons pertinemment qu’une grande majorité des fans sont retournés sur le titre parce que les maillots de bain sont arrivés !
C’est un peu déconcertant de s’avouer qu’un personnage très inspirant finira obligatoirement transformé en pur objet de fantasme. Les joueurs pourront vite promener une Eve dominatrice en talons chassant de l’alien par dizaines ou en parodie d’Uma Thurman dans Kill Bill. Si Stellar Blade s’était assumé comme un nanar dynamique à l’instar de Lolipop Chainsaw, nous comprendrions peut-être mieux les raisons. Certes, tous les publics ne penseront peut-être pas ainsi et chacun devrait pouvoir aimer ce système de personnalisation des tenues. Après tout, les costumes sont jolis. Oui, il faut largement le reconnaître !
Nota Bene : Les développeurs ont caché une mauvaise surprise sur l’une des tenues légères de l’héroïne. En portant « Seconde Peau », Eve peut mourir beaucoup plus rapidement puisque les dégâts sont considérablement augmentés ! Prenez ça les pervers, non mais ! (on n’a rien à dire, nous avons essayé aussi…)
Stellar Blade est maîtrisé de bout en bout !
Détournez maintenant le regard d’Eve et concentrons nous sur la générosité de gameplay que le titre peut offrir. L’héroïne est athlète, très facilement maniable, bien qu’un peu lourde, et sait faire mal quand il faut. La preuve en est avec un système de combat particulièrement divertissant. Un mix entre le genre du Souls Like « facile » et l’agitation d’un Devil May Cry qui défoule, tout en nervosité et technicité. On apprécie grandement l’apprentissage autour de la posture qui nous permet de maîtriser tous les affrontements une fois la prise en main réussie.
Petit ajout non négligeable : Eve peut s’octroyer de nouvelles compétences et obtenir un arsenal explosif tout en s’accompagnant d’une arme à feu. On vous laisse la surprise du contexte et de la première fois, mais cela renforce encore plus l’impact des combats. Mentionnons également l’excellent travail du sound design et de la musique, qui apportent un plus très satisfaisant à l’immersion.
Il se dégage de Stellar Blade un véritable esprit de cinématographie, ce qui n’est pas pour déplaire puisque le jeu est techniquement très solide pour la PS5 et peut aisément se proclamer comme un vrai titre Next-Gen. Nos compliments lorsque l’on sait qu’il tourne aisément avec le moteur précédent d’Unreal Engine, qui ne semble pas lui avoir défini de limites.
Que l’on joue en 60 images par seconde (1440p) ou dans la résolution la plus haute (4K), le titre de Shift Up est visuellement bluffant. D’ailleurs, Eve est plus vraie que nature et il est dommage que certains personnages n’aient pas obtenu le même traitement (on sait où est passé une partie du budget, hein ! ) À côté, chaque recoin du monde semi-ouvert est presque une carte postale, malgré ce climat désertique permanent.
Une envie de plaire à tout le monde…
Pourtant, dans ce cas précis, le monde semi-ouvert devient fermement l’un des points faibles de Stellar Blade tant il ne paraissait pas obligatoire. Aussi bourré de qualités soit le jeu coréen, il en fait parfois trop et cela gâche son rythme. Tout d’abord, les phases de plateforme sont confuses et perdent beaucoup en intérêt. Pire, elles crisperont les plus patients d’entre nous.
Une autre fausse bonne idée vient de la découverte du monde semi-ouvert qui mène vers des objectifs secondaires peu ludiques. Heureusement, cela permettra toujours d’en savoir plus sur l’univers du jeu et d’apporter des réponses à quelques questions. Certains trouveront leur bonheur, c’est évident, surtout que Stellar Blade reste passionnant durant la vingtaine d’heures nécessaire pour en voir le bout et débloquer le New Game +. De plus, tout le monde peut jouer à son rythme, puisque le challenge n’est pas de haute volée et se montre très accessible, même s’il ne s’empêche pas d’atteindre un pic monstrueux durant son climax.
Mais Stellar Blade semblait avoir peur d’une certaine forme de linéarité ou de ressembler à un simple beat’em up, prenant parfois le risque d’un fourre-tout dans l’espoir de faire l’unanimité. C’était pourtant dans ce principe que le jeu déballe ses atouts. L’aventure n’avait donc pas besoin d’en faire trop pour nous conquérir.
La polémique d’une héroïne trop sexualisée lui fera perdre une partie de son public, un constat bien déplorable puisque Stellar Blade est un vrai plaisir de jeu vidéo qui mérite toute notre attention. Charmant, passionnant, brutal et surtout très inspiré de l’incroyable NieR Automata, c’est un cocktail qui se savoure même en cette fin d’été. Incontestablement, l’une des meilleures exclusivités de la PS5. Et comme le dirait la chanson : Eve, lève toi !