La religion a longtemps influencé la recherche scientifique et les pratiques médicales, comme ce fut le cas pour les protections hygiéniques. Vous aurez déjà peut-être entendu que l’âme de chaque être humain pèse 21 grammes. Cette assertion surprenante court depuis le début du XXème siècle. Le médecin croyant Duncan MacDougall était convaincu de l’existence de l’âme humaine et théorisa sur le poids de l’âme. Il se mit donc en tête de le prouver. Alors, l’âme humaine est-elle vraiment aussi légère ? Chez Cultea, on vous explique aujourd’hui l’hypothèse et les expériences de ce scientifique.
Duncan MacDougall : théorie du poids de l’âme et première expérience
Duncan MacDougall est né en 1866 en Ecosse. Il était un médecin et psychiatre britannique, naturalisé américain. En effet, MacDougall devint médecin aux Etats-Unis au début du XXème siècle. Elevé sous l’influence de la religion, il était donc un homme très religieux. Duncan était donc convaincu de l’existence de l’âme humaine. Il tenta donc de mesurer précisément la masse de l’âme afin de prouver scientifiquement son existence. En effet, il partit du principe que si l’âme existait vraiment, elle devait être matériellement tangible et donc avoir un poids. Il réalisa donc plusieurs expériences pour valider sa théorie.
Il débuta ses premières manipulations en 1900. Le scientifique pesa six personnes mourantes, des patients en phase terminale, avant et après leur mort à l’aide de lits-balances qu’il avait construits lui-même. Il réalisa ses expériences dans un centre pour tuberculeux qui l’avait autorisé à mener ses manipulations sur des patients mourants.
Il aurait alors remarqué à chaque fois un écart similaire de 21 grammes entre les deux pesées, celle du malade et celle de cadavre. Duncan en déduisit donc que les grammes manquant correspondaient au poids de l’âme qui s’échappait du corps humain. Il élabora donc sa théorie selon laquelle l’âme humaine pesait 21 grammes et délestait le corps humain de cette masse en le quittant.
Publication de ses résultats
Pour confirmer son intuition et ses premiers résultats, il décida de réaliser une nouvelle fois l’expérience, cette fois-ci avec des chiens, qu’il avait probablement empoisonnés. Toutefois, lors de l’expérience avec les canidés, Duncan MacDougall ne constata aucune différence de poids. Le scientifique extrapola ce résultat et imagina que cette observation prouvait que seuls les humains possédaient une âme.
Confiant dans sa théorie, le médecin rassembla ses résultats dans un compte-rendu qu’il publia dans le New York Times et dans le journal médical American Medicine en mars 1907. Les médias s’emparèrent du sujet et répandirent la théorie très vite. Toutefois, les trouvailles et conclusions du scientifique provoquèrent une véritable indignation au sein de la communauté scientifique.
Contestations de la communauté scientifique
En effet, les scientifiques accusèrent la théorie des 21 grammes de ne se fonder sur aucune véritable méthodologie et manquer cruellement de rigueur. Tout d’abord, l’échantillon était trop petit pour être vraiment représentatif et significatif afin d’avoir une vraie portée scientifique.
De plus, les résultats n’étaient pas très précis, variant d’un sujet à l’autre. Dans un cas, l’un des cadavres repris du poids, l’autre perdit quelques grammes très longtemps après la mort. MacDougall en conclut que l’âme ne devait pas être pressée de quitter le corps. Ainsi, le scientifique exclut trop rapidement les contradictions et les causes possibles de la variation du poids des cadavres. En réalité, un seul cadavre perdit réellement 21 grammes après le décès. Ainsi, la communauté scientifique considérait les mesures comme trop imprécises. Par ailleurs, la démarche de MacDougall allait à l’encontre de la méthode scientifique car le médecin a privilégié les résultats qui confirmaient son hypothèse.
Le médecin Augustus P. Clarke fut l’un des scientifiques contestataires les plus virulents. Il expliqua que l’augmentation de la température corporelle après la mort entraînait une transpiration importante qui justifiait la perte de poids par la disparition de l’eau dans le corps. Les chiens eux, transpirent moins que les humains et uniquement au niveau des pattes. L’absence de transpiration des chiens pourrait expliquer que ces derniers n’aient pas perdu de poids.
La théorie du poids de l’âme dans notre société
Bien que ces résultats n’aient eu aucune valeur scientifique et que la communauté scientifique méprisa cette théorie des 21 grammes, elle se propagea et resta ancrée dans la culture populaire. Elle est donc présente dans de nombreuses oeuvres comme le film 21 grammes, du réalisateur Alejandro Gonzales Inarritu (The Revenant). Duncan MacDougall pour sa part, continua de pratiquer et de mener des expériences jusqu’à sa mort, en 1920. Le projet sur lequel il se concentra ensuite consista à tenter de photographier l’âme humaine.
Finalement, la théorie du poids de l’âme ne fut jamais prouvée scientifiquement. Avez-vous déjà entendu parlé des 21 grammes de l’âme ? A l’inverse de certaines théories scientifiques auxquelles nous avons longtemps cru, les scientifique ne prirent jamais celle de Duncan MacDougall au sérieux, bien qu’elle prit de l’importance dans notre société.
Sources :