Diogène de Sinope, le philosophe cynique et provocateur de Grèce antique

Diogène de Sinope, le philosophe cynique et provocateur de Grèce antique - Cultea

Après avoir abordé les nombreuses excentricités d’Emmanuel Kant, nous vous proposons de découvrir Diogène de Sinope, un mendiant et philosophe grec qui vécut dans un tonneau. Sa contribution à la philosophie fut cruciale, et il devint le premier philosophe vagabond, admiré et critiqué de toute part. Retour en Grèce antique sur la vie de cet homme cynique qui avait le sens de la théâtralité.

Le mouvement du cynisme

Diogène est une star parmi les philosophes, de nombreuses statues commémorent sa vie en Grèce et sa notoriété n’est plus à prouver aujourd’hui. Il existe même un syndrome de Diogène depuis 1975, utilisé pour décrire le trouble du comportement d’une personne âgée qui néglige son hygiène quotidienne et accumule de nombreux objets en tous genres. Mais alors, qui était Diogène ?

Statue de Diogène - Cultea

Diogène naquit à Sinope vers 413 avant notre ère et fut le premier philosophe à pratiquer le mode de vie du cynisme. Cet état d’esprit cherche à aller à l’encontre des normes du monde civilisé et à vivre en marge de la société, en autarcie totale. En effet, les cyniques souhaitent se rapprocher de la condition animale et en font même un exemple à suivre. On surnommait d’ailleurs Diogène « le chien ». Et en effet, tel un chien errant, Diogène passa la plus grande partie de sa vie dans la rue à se contenter du nécessaire pour survivre :

« L’homme doit vivre sobrement, s’affranchir du désir, réduire ses besoins au strict minimum. »

La vie de Diogène de Sinope contre la richesse : libre comme l’air

Diogène de Sinope vécut à Athènes au IVe siècle avant J.-C. Il était le fils d’un banquier et l’aidait à falsifier la monnaie. En véritables faussaires, ils fabriquèrent de la fausse monnaie jusqu’à ce que la population de Sinope découvre la fraude. Diogène et son père furent donc bannis de la ville, les forçant à adopter une vie de vagabonds. Ce fut à ce moment que le philosophe décida de rejeter toute forme de richesse.

En effet, il réalisa que les animaux sauvages vivaient leur vie comme ils le souhaitaient, se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient et dormaient où ils pouvaient. Il souhaita vivre de la sorte, opérer un retour à l’état sauvage, sans être en proie aux conventions sociales. D’ailleurs, l’homme au tonneau n’hésitait pas à faire ses besoins ou à se masturber sur la voie publique.

Diogène de Sinope - Cultea

Il passa donc le reste de sa vie dans le plus grand dénuement. En effet, Diogène vécut toute sa vie dans un tonneau, une très grosse amphore, et revêtit une barbe hirsute, des haillons et une simple besace. Il choisit donc d’abandonner tout son confort et déclara que la terre entière était sa maison. Il déambulait partout, toujours pieds nus. Diogène avait avec lui une écuelle pour pouvoir boire. Toutefois, lorsqu’il vit un enfant boire dans ses mains, il réalisa qu’il n’avait pas besoin de son écuelle. C’était trop de luxe pour la vie qu’il voulait mener :

« Cet enfant qui boit dans le creux de sa main m’apprend que je conserve encore du superflu.« 

Un philosophe provocateur et insoumis

Si l’on connaît Diogène aujourd’hui, c’est pour ses propos et ses actes très provocateurs. Il ne se laissait impressionner par personne, ni les riches, ni les puissants. Il demandait même la charité aux statues pour s’habituer au refus et marchait à reculons dans la rue pour déstabiliser les passants.

Diogène fut un contemporain d’un autre philosophe très connu, Platon. Ce dernier, se prenant très au sérieux, décrivit l’homme comme un bipède sans cornes et sans plumes dans l’un de ses textes. Diogène se balada alors dans la ville d’Athènes avec une poule déplumée pour prouver que Platon avait tort. Il n’hésita pas non plus à le traiter de bavard intarissable.

Alexandre le Grand - Cultea

Son insolence et son mode de vie extrême lui valurent le mépris de certains, mais également l’admiration des plus grands de ce monde. Alexandre le Grand déclara à son sujet que, s’il n’avait pas été Alexandre le Grand, il aurait voulu être Diogène. L’empereur alla même le rencontrer dans son tonneau. Il lui proposa de lui offrir ce qu’il souhaitait, ce à quoi Diogène répondit : « Ôte toi de mon Soleil ». Ainsi, bien qu’il vécût comme un mendiant, il refusa l’aide de l’un des plus grands empereurs de l’histoire.

La mort de Diogène de Sinope, à l’image de sa vie

Le philosophe au tonneau mourut à un âge très avancé, en 327 avant J.-C. Les raisons de sa mort restent encore mystérieuses et plusieurs légendes se disputent la vérité. L’une énonce que Diogène serait mort d’une infection due à une morsure de chien, auquel il aurait tenté de dérober un os pour se nourrir. Une autre histoire raconte que Diogène aurait tout simplement décidé d’arrêter de respirer. Vu le bonhomme qu’il était, on n’a pas de mal à le croire !

Diogène demanda à être enterré très simplement, tel un chien, de la même façon qu’il vécut. Son tombeau fut donc décoré d’un chien en marbre et ses fidèles gravèrent sur son tombeau :

« Même le bronze subit le vieillissement du temps. Mais ta renommée, Diogène éternité ne la détruira point. Car toi seul as montré aux mortels la gloire d’une vie indépendante. Et le sentier de l’existence heureuse le plus facile à parcourir. »

Finalement, Diogène de Sinope fut le premier à inventer le refus de la civilisation. Cette attitude traversa les siècles et peut encore être observée aujourd’hui, comme avec l’auteur Henry David Thoreau, les Beatniks ou encore l’histoire de Christopher McCandless, qui inspira le livre puis le film Into the Wild. Et vous, seriez-vous prêts à abandonner tout rêve de richesse ?

 

Sources :

3 Replies to “Diogène de Sinope, le philosophe cynique et provocateur de Grèce antique

  1. Pour les Beatnicks, nombreux étaient des fils de bonnes familles , qui avec l’argent de papa -maman, vivaient une vie de plaisirs et sans contraintes 😁. J’en ai connu.

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