La naissance du métro parisien et ses débuts difficiles au XXe siècle

Swali Guillemant
Swali Guillemant
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« Métro, boulot, dodo ». C’est la routine de nombreux Parisiens qui se déplacent en métro tous les jours. On a beau connaître nos stations habituelles par cœur, connaissez-vous l’histoire du métro parisien ? Après l’anecdote de la station fantôme de la Porte des Lilas, chez Cultea, nous vous proposons aujourd’hui de retourner aux débuts de l’histoire du moyen de transport préféré des Français. 

La naissance du métro parisien

Le métropolitain parisien naquit le 10 juillet 1900. On inaugura la première ligne reliant la porte de Maillot et la porte de Vincennes en 27 minutes à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. Le métro fut créé afin de desservir le bois de Vincennes où eurent lieu certaines épreuves des Jeux olympiques de 1900. Depuis, les Parisiens aiment et détestent ce moyen de transport qui fait régulièrement jaser les habitants de la capitale.

Le métro parisien - Cultea

Le métro se fit donc ressentir à cette époque comme une véritable nécessité. La ville s’apprêtait à accueillir plusieurs événements rassemblant des millions de visiteurs. Il était donc crucial de trouver un moyen pour tout le monde de se déplacer autrement qu’en voitures tirées par des chevaux, ce qui promettait des bouchons terribles.

Fulgence Bienvenüe, le concepteur du métro parisien

Non, la station Bienvenüe n’est pas seulement une station de métro. Il s’agit avant tout du nom de l’ingénieur français qui imagina le premier ce projet de chemin de fer souterrain. Fulgence Bienvenüe naquit en 1852 et passa par les écoles d’ingénieurs de Polytechnique et des Ponts et Chaussées. En 1881, alors âgé de 29 ans, il dut être amputé du bras gauche après un accident de train lors duquel il tomba sur les rails. On peut dire qu’il prit sa revanche sur le train en construisant le premier train métropolitain en France.

Fulgence Bienvenüe - Cultea

Les travaux gargantuesques ne prirent que 20 mois, de 1898 à 1900. Le projet imagina dès sa conception plusieurs lignes, six au total, avec la possibilité de trois lignes supplémentaires. Nous étions alors bien loin des quatorze lignes que nous connaissons aujourd’hui, et sans compter les tramways ! En effet, le métro fut une invention populaire qui connut un franc succès. Il offrit aux Parisiens un sacré gain de temps, tout en étant un moyen de transport plutôt confortable. Seulement cinq mois après l’inauguration du métro, ce dernier avait déjà transporté 4 millions de personnes. Ce fut à la mort du concepteur en 1936 que l’on décida de lui rendre hommage en associant son nom à celui d’une station de métro.

Inauguration du métro londonien en 1863 - Cultea
Inauguration du métro londonien en 1863.

Avec tout le respect que nous devons à Fulgence Bienvenüe, il est loin d’avoir inventé l’idée d’un train sous terre. En effet, le métro parisien ne fut pas le premier au monde. Nos voisins britanniques nous avaient devancés de quelques décennies. En effet, le métro de Londres, ou Tube, fut inauguré en 1863 et il fut le premier système ferroviaire souterrain au monde. Les New-Yorkais, quant à eux, nous suivirent de près puisque leur première ligne de métro date de 1904.

Le drame de Ménilmontant

Et oui, malheureusement, à peine inauguré, le métro parisien prit feu le 10 août 1903. Cet événement se déroula sur la ligne 2 du métro, inaugurée quelques mois plus tôt. Le métropolitain de Paris ne comportait à l’époque que deux lignes.

L’incident débuta à la station Barbès, lorsqu’un conducteur de train réalisa qu’il y avait un début d’incendie sous ses pieds. Il l’éteignit, mais pensant que ce petit feu était dû au frottement sur les rails, il fit évacuer son train par précaution. Il repartit, espérant arriver jusqu’au terminus Nation. Toutefois, l’incendie recommença. Bien qu’il l’éteignit, cette fois-ci, sa machine ne fonctionnait plus. Le conducteur demanda donc à ce que le train derrière lui fasse descendre ses passagers et le pousse. Le convoi des deux trains avançait bien, mais une fois arrivé à la station Ménilmontant, le premier train endommagé pris feu à cause de plusieurs courts-circuits, ce qui explique que le feu redémarrait sans arrêt.

La station des Couronnes pendant l'évacuation des victimes le 10 août 1903 - Cultea
La station des Couronnes pendant l’évacuation des victimes le 10 août 1903

Malheureusement, les quais de toutes les stations étaient bondés, car nous étions aux alentours de 19h et que les deux trains avaient pris du retard et vidé leurs passagers. Le feu continua de grossir et dégageait beaucoup de fumée. Mais le gros problème fut l’arrivée d’un troisième train à la station Couronnes, celle précédant Ménilmontant. Les employés de la Compagnie du chemin de fer métropolitain, comprenant qu’il y avait un problème devant eux, tentèrent alors d’évacuer le troisième train. Toutefois, dans cette station, il n’y avait qu’une seule sortie. De plus, à cause du feu et de la fumée, il faisait noir et on y voyait très mal. De nombreux voyageurs se retrouvèrent coincés face à un mur et ne purent s’échapper.

Une tragédie qui entraîna de multiples améliorations qui n’ont pas cessé depuis

Au total, cette catastrophe du métropolitain coûta la vie à 84 victimes. Il fallut même attendre le lendemain pour que les pompiers puissent rentrer dans la station. On prit alors de nouvelles mesures comme l’utilisation de rails en métal, et non plus en bois, ainsi que l’emploi de fusibles dans les circuits électriques. Cette tragédie est encore aujourd’hui la plus grande catastrophe du réseau métropolitain parisien.

Depuis, le métro parisien est en constante évolution comme le prouvent les nombreuses stations fermées pour travaux. En 1910, le métro traversa pour la première fois la Seine. Et malgré la popularité du métro, il fallut attendre le début des années 1930 pour que le métro s’aventure à l’extérieur de Paris intra-muros. Ce fut la ligne 9 qui desservit pour la première fois la banlieue de Boulogne-Billancourt. Toutefois, ce changement prit des années pour se faire ressentir à travers les différentes communes de banlieue.

Finalement, le métro parisien est une institution du patrimoine français, avec ses dates-clés, ses drames et ses avancées, au même titre que le Louvre. De nos jours, le métro de Paris, c’est 303 stations et plus de 1,5 milliard de voyageurs tous les ans. Connaissiez-vous ces débuts difficiles du métro en France ? Pour devenir véritablement incollable sur le métropolitain parisien, découvrez l’affaire Laetitia Toureaux, le crime parfait du métro

 

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