La Samaritaine : l’histoire du grand magasin qui rouvre après 16 ans de travaux

La Samaritaine : l'histoire d'un grand magasin parisien

La Samaritaine est un grand magasin parisien situé entre la Seine et la rue de Rivoli, non loin du Pont Neuf. Créée en 1870, elle a fermé en 2005 pour cause de vétusté. En ce 23 juin 2021, elle réouvre enfin ses portes après plus de 15 ans de travaux. Retour aujourd’hui sur l’histoire de cet édifice emblématique.

Le nom de La Samaritaine vient de celui d’une pompe à eau se trouvant sur le Pont Neuf. Henri IV avait demandé au flamand Jean Lintlaër de la mettre en place. Première machine élévatrice d’eau, elle fournissait le quartier du Louvre en eau. Entre 1712 et 1729, Robert de Cotte la reconstruisit. On trouvait sur cette pompe une représentation de l’épisode de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine. On doit ce travail de sculpture à Bernard et René Frémin.

La pompe de la Samaritaine et le pont Neuf
La pompe de la Samaritaine et le Pont Neuf en 1777, tableau de Nicolas Raguenet.

Création de la Samaritaine

En 1870, Ernest Cognacq, un vendeur de tissus, fonde La Samaritaine. Un petit café avec lequel il s’était bien entendu lui a en effet permis de louer sa salle annexe. Cognacq décide donc d’en faire « un petit commerce de nouveautés ». En janvier 1872, il épouse Marie-Louise Jaÿ, qui avait déjà travaillé dans le rayon des confections du Bon Marché. Cette dernière le rejoint alors dans la direction du magasin, qui s’agrandit jour après jour. En outre, il passe en 1874 de 48 mètres carrés à des centaines de mètres carrés. En 1900, les Grands Magasins de La Samaritaine naissent alors.

À la manière du Bon Marché, Cognacq organise La Samaritaine en rayons. Les prix y sont uniques et affichés, et on offre la possibilité au client de déambuler dans le magasin et d’essayer les vêtements. Avec le temps, Cognacq acquiert d’autres bâtiments, ce qui lui permet d’agrandir constamment sa structure. De plus, Frantz Jourdain, un architecte d’origine belge, dirige entre 1883 et 1933 le réaménagement du quartier. Dès lors, on voit se côtoyer Art nouveau et Art Déco. En 1910, on compte alors deux magasins.

La même année, Cognacq décide d’ouvrir un autre magasin, souhaitant cette fois atteindre une clientèle plus aisée. La Samaritaine de luxe ouvrira donc sept ans plus tard boulevard des Capucines.

La première boutique de La Samaritaine
La première boutique de La Samaritaine, rue du Pont-Neuf.

Après Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ

Marie-Louise Jaÿ meurt en 1926, suivie deux ans plus tard par son mari. N’ayant pas d’héritier direct, c’est Gabriel Cognacq, le neveu d’Ernest, qui prend les commandes de La Samaritaine. Il ne dirigera pas la structure seul, puisque Georges Renand, qu’il a connu au front lors de la Première Guerre mondiale, le rejoint dans cette tâche. Les deux connaissent déjà les rouages d’une telle entreprise, puisque le premier travaillait au service d’expéditions du magasin. Quant au deuxième, il gérait l’organisme de crédit de la structure. Enfin, ils ont été formés à HEC Paris.

Dans les années 1930, on ouvre deux magasins supplémentaires au niveau de la rue de Rivoli. Gabriel Cognacq meurt en 1951, et Georges Renand s’associe avec son fils Maurice, lui aussi passé par HEC. Plus tard, c’est le fils de ce dernier qui reprendra la direction.

La Samaritaine a longtemps été le plus grand magasin parisien. Avec sa surface de vente de 48 000 mètres carrés, elle devançait le Printemps et les Galeries Lafayette. Beaucoup se souviennent encore de son slogan publicitaire inventé dans les années 1960 :

« On trouve tout à La Samaritaine. »

Devanture de La Samaritaine.
Devanture de La Samaritaine.

De la fermeture de La Samaritaine à sa réouverture

Après des années de prospérité commerciale, la situation de l’entreprise devient compliquée dans les années 1970. En 1986, on transforme même La Samaritaine de luxe en immeuble de bureaux et commerces. De plus, des rayons historiques tels que celui de l’oisellerie ou de l’animalerie disparaissent. Outre les difficultés financières, l’idée est de s’aligner sur les autres grands magasins parisiens. De fait, on se concentre majoritairement sur le mobilier et la mode. La situation s’empire en 1998, et l’entreprise est contrainte de louer ses magasins 1 et 3.

Le coup de grâce arrive en 2001. En effet, LVMH devient actionnaire de La Samaritaine, qui est désormais déficitaire. En 2005, le grand magasin parisien ferme ses portes pour cause de vétusté. Cinq ans plus tard, l’entreprise appartient totalement à LVMH, qui avait déjà annoncé un projet de réaménagement en 2008. À l’origine, La Samaritaine devait réouvrir en 2015, mais les travaux ont prit du retard en raison de contestations de la part d’associations de défense du patrimoine architectural. En effet, on avait pour projet de détruire la façade de 1852, ce qui a depuis été réalisé.

La pandémie a également repoussé la réouverture de la structure, qui ouvre finalement ses portes en ce 23 juin 2021. Aujourd’hui, le magasin fait 20 000 mètres carrés. En plus de ça, on trouve un palace (le Cheval Blanc), des bureaux, une crèche, ainsi que 96 logements sociaux. 

 

Sources :

Etudiante en Master Culture, patrimoine et médiation, je m'intéresse de très près à l'histoire ainsi qu'à culture pop, particulièrement à Marvel et Star Wars. Passionnée d'anglais depuis toujours, j'ai un goût prononcé pour les contenus dans cette langue ainsi que les pays où elle est parlée.

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