« Undead Girl Murder Farce » : un premier tome déluré [critique]

"Undead Girl Murder Farce" : un premier tome déluré [critique]

C’est une œuvre forte de son succès en light-novel puis en animé qui arrive chez Panini Manga ce 24 avril. Undead Girl Murder Farce est un fourre-tout assumé, qui se lit sans peine et qui sait accrocher son lecteur. Du sang, du mystère, une enquête, des monstres de tout poil… Tout ça baignant dans une France du 19ème siècle, où l’occulte se cache derrière chaque fait divers. Les talents du scénariste Yugo Aosaki et de la dessinatrice Haruka Tomoyama se rejoignent déjà sur trois tomes, pour une histoire encore en cours de publication chez Kodansha. 

Résumé : 19e siècle, dans un monde peuplé de vampires, de golems, de loups-garous et autres créatures surnaturelles, Aya Rindo est une beauté immortelle à la tête sans corps. Accompagnée de Tsugaru Shin’uchi, tueur de démons mi-humain mi-démon, et de sa fidèle servante Shizuku Hasei, elle voyage à travers l’Europe en tant que détective du paranormal, résolvant des mystères surnaturels tout en recherchant son corps perdu.

Haruka Tomoyama

Si Undead Girl Murder Farce attire l’œil, c’est déjà grâce à son dessin. La mangaka Haruka Tomoyama a choisi de prendre ses distances avec l’animé réalisé par Lapin Track et s’est véritablement réapproprié l’histoire. Son univers visuel est un des gros points forts du manga. On plonge avec son trait soigné dans l’esthétique gothique et foisonnant propre au fantastique victorien. Malgré une histoire très bavarde, pleine de déductions et donc de bulles, la mangaka évite de s’alourdir avec une mise en scène trop fournie. Un point qui rend la lecture agréable et plus légère, surtout lorsque le découpage sait se substituer aux monologues pour illustrer la pensée des personnages.

Personnages qui sous la plume de Haruka Tomoyama se montrent sous leur plus beau jour. Car si les meurtres ensanglantent l’intrigue, on est loin des mangas horrifiques ou peu ragoûtants. Ici, tous les personnages sont absolument charismatiques et dotés d’un physique avantageux, ne pouvant que plaire au lecteur. Si le regard se fait parfois racoleur et insistant, surtout sur les personnages féminins, il sait aussi heureusement s’éloigner du sempiternel « plan-culotte » pour sublimer les émotions et l’action.

Undead Girl Murder Farce

Le résultat est sans aucun doute une réussite. Haruka Tomoyama amène une vraie plus-value à une histoire somme toute relativement classique et qui aurait pu passer sous le radar des éditeurs. Car si Yugo Aosaki est un auteur qui s’est fait remarquer au Japon, on est quand même loin de la trame scénaristique d’un Edogawa Rampo, d’une Agatha Christie ou d’un Maurice Leblanc.

Undead Girl Murder Farce : entre références, hommage, citation et parodie

Avec Undead Girl Murder Farce, il faut s’attendre à des mystères légers qui tirent du roman policier une cascade de références sans fin plutôt qu’un suspens insoutenable. Les enquêtes, souvent convenues, fonctionnent grâce aux touches d’humour et au décalage absurde entre les héros et leur entourage. On s’amuse des actions imprévisibles du porteur de cage et de la servante, de leurs interactions piquantes et violentes. Undead Girl Murder Farce est un manga conventionnel et agréable. On ne plonge pas dans la culture underground ou le thriller psychologique, mais on se laisse porter par les déductions de nos détectives et les combats qui les opposent à une succession de monstres du folklore.

Là aussi, côté monstre, on reste sur la surface des créatures légendaires. Loups-garous, monstre de Frankestein, démons, vampires s’enchaînent dans une parade aussi amusante que sympathique. Le manga est un gigantesque fourre-tout où les fans d’intrigues criminelles pourront jouer à retrouver tous les clins d’œil aux œuvres cultes du genre. Dès le premier tome, on retrouve des noms familiers comme le comte Jean Godard (vampire au nom de cinéaste), des raisonnements parodiant ceux de Sherlock Holmes, des planches tirant leur inspiration des gravures de Gustave Doré ou des illustrations de Sidney Paget et même un hommage à un tableau de Delacroix.

La suite des événements nous entraînera vers des icônes culturelles classiques : Arsène Lupin, Sherlock Holmes, Phileas Fogg, le Fantôme de l’Opéra…Undead Girl Murder Farce rappelle la manière de Détective Conan ou de Bungo Stray Dogs de citer ses influences directes frontalement, sans chercher à s’en affranchir ou à les dépasser.

Un trio charismatique

Une autre force de Undead Girl Murder Farce réside dans son trio de héros charismatique, hétérogène et fort sympathique au demeurant. Entre un demi-démon, une tête immortelle et une servante sociopathe, la moindre situation devient vite cocasse. Ces personnages intriguent, chacun avec son passé nébuleux et sa propre quête personnelle. On a vite envie d’en savoir plus sur leur compte et on s’interroge sur leurs capacités, leurs limites, leur vrai visage.

Dès ce premier tome, on éprouve une vive sympathie pour ce trio de dégénérés aux faux-airs de freak show surpuissant. Leur synergie improbable est à l’origine de beaucoup de scènes réussies et on se surprend à tourner les pages en attendant d’en voir plus, faisant parfois passer l’enquête au second plan. Enquête qui ne trouvera d’ailleurs pas sa résolution dans ce premier tome, puisque ce dernier se finit sur un cliffhanger assumé, qui nous fait attendre le 5 Juin avec impatience pour la sortie du tome 2.

C’est donc un nouveau succès confirmé pour Panini qui continue d’alterner entre la réédition de grands classiques (20th Century Boys, Lone Wolf and Cub, Host Club, Banana Fish) et de nouveaux titres prometteurs (Kotaro en solo). On peut s’attendre cette fois à une série sur le long terme puisque Undead Girl Murder Farce, c’est déjà 6 light-novels sortis chez Kodansha. Et pour les fans d’animé, ce sont aussi 13 épisodes tout aussi réjouissants sur Crunchyroll.

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