En bon français, on a tous grandi en lisant les bandes-dessinées Les Aventures de Tintin. Mais saviez-vous que le personnage de la Castafiore a réellement existé ? Florence Foster Jenkins était une cantatrice américaine qui aurait inspiré Hergé pour le « rossignol milanais ». Retour sur la vie de cette femme qui paya pour réaliser sa carrière de chanteuse, une cantatrice hors du commun.
Florence Foster Jenkins fut une chanteuse lyrique amateure et une véritable diva qui fit sensation dans les années 1930 et 1940 de l’autre côté de l’Atlantique. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’était pas connue pour son talent, mais était ridiculisée et moquée pour ses fausses notes et son chant horrible. Riche héritière, elle disposa de suffisamment d’argent pour réaliser son rêve malgré les qu’en-dira-t-on du public et des critiques.
Une vocation découragée par ses proches
Florence Foster Jenkins naquit sous le nom de Narcissa Florence Foster en 1868 en Pennsylvanie aux Etats-Unis. Elle grandit dans une famille aisée et cultivée. Son père était banquier et avocat, sa mère était peintre. Florence suivit des cours de piano tout au long de son enfance, ses parents voulurent soutenir son intérêt pour la musique. Toutefois, ils refusèrent de lui payer des cours de chant, car elle n’y excellait pas. Toute sa vie, elle fut passionnée par la musique et ne se laissa pas décourager.
Lorsqu’elle souhaita partir étudier ce domaine à l’étranger et que son père refusa de lui payer ses études, elle s’enfuit à Philadelphie avec Frank Thornton Jenkins. Ce médecin devint son mari en 1883, avant qu’ils ne divorcent en 1902. Elle travailla alors comme enseignante et pianiste pour gagner sa vie.
En 1909, à la mort de son père, elle hérita de sa fortune. Puis, la mort de sa mère en 1928 lui permit d’accéder à encore de plus de ressources. Cela lui permit de se consacrer à sa carrière de cantatrice, que ses parents et son mari avaient tous découragée. Elle prit des leçons de chant grâce à cet argent et finit par donner des récitals à partir de 1912.
Florence Foster Jenkins, une diva sans talent
Florence organisa ses propres représentations dans des petits clubs. Elle fonda le Verdi Club en 1917, une société de soutien pour les musiciens. Florence Foster Jenkins n’hésita pas à s’attaquer aux plus connus : Mozart, Verdi, Strauss et Brahms. Mais elle n’avait aucun talent pour le chant. Son air préféré se trouva être le très difficile Air de la Reine de la nuit de l’opéra de Mozart, La Flûte Enchantée. Mais n’ayant aucun sens de la gamme, du rythme, une voix fausse et sachant à peine tenir une note, elle massacra tous les grands classiques.
Cependant, elle devint tout de même rapidement populaire. Le public, très curieux, l’appréciait plus pour l’amusement procuré par ses spectacles que pour son talent musical. Elle devint donc persuadée de son talent extraordinaire. Florence était sûre que les rires du public émanaient de jalousie et que les critiques étaient des incompétents. Elle avait donc conscience des critiques, mais n’en avait que faire et faisait ce qu’elle souhaitait :
« Les gens pourront toujours dire que je ne sais pas chanter, mais personne ne pourra jamais dire que je n’ai pas chanté.«
Florence Foster Jenkins se produisait lors de représentations autofinancées. Elle ne se produisait que lors de quelques spectacles dans ses endroits favoris, et bien souvent devant ses amis. La chanteuse supervisait elle-même la distribution des quelques billets. Véritable diva, il lui arrivait de jeter des fleurs dans le public à la fin d’une performance. Toutefois, elle ne se satisfaisait pas d’être sur le devant de la scène. Elle se produisait sur les planches dans des tenues incroyables qu’elle dessinait elle-même. Il faut reconnaître qu’elle s’occupait de tout.
Carnegie Hall et la fin de sa carrière
En 1944, à l’âge de 76 ans, Florence Forster Jenkins se produisit au Carnegie Hall, une salle de concert mythique de New York, après avoir longtemps refusé. Les billets se vendirent des semaines à l’avance et de nombreuses célébrités se trouvèrent dans le public. Toutefois, les commentaires et critiques furent acerbes. Deux jours après cette performance, Florence Foster Jenkins fut victime d’une crise cardiaque. Elle mourut un mois plus tard, le 26 novembre 1944.
Certains prétendent aujourd’hui que la carrière de la cantatrice fut un canular. D’autres affirment que la mort de l’artiste après le concert au Carnegie Hall résulta du fait qu’elle devint la risée de tous lors de cette représentation. Toutefois, on ne peut vérifier aucune de ces deux théories. Il semblerait toutefois que Florence Foster Jenkins a bien eu la vie d’artiste dont elle avait rêvé. Au total, elle a enregistré neuf arias, pièce de musique écrite pour une voix dans un opéra, sur cinq disques et a plus 32 ans de carrière derrière elle. Alors Florence Foster Jenkins était-elle une artiste incomprise ou une simple mélomane à l’égo trop grand ?
Il existe aujourd’hui deux films sur cette artiste. Le premier est un film français de Xavier Giannoli intitulé Marguerite, qui a été en compétition pour la Mostra de Venise de 2015. Le personnage principal y est inventé de toutes pièces, mais il s’inspire grandement de cette femme. La deuxième œuvre cinématographique, Florence Foster Jenkins, a été réalisée par Stephen Frears avec Meryl Streep dans le rôle de la cantatrice.
Finalement, Florence Foster Jenkins est la preuve qu’on peut réussir sans talent. Elle aura vécu sa vie comme elle l’entendait, c’est-à-dire en véritable diva. On espère que cet article vous aura donné envie de vous replonger dans les bandes-dessinées de Tintin. Si la réalité derrière vos œuvres de fiction préférées vous intéresse, nous vous proposons de découvrir l’exactitude historique de la série Vikings.
Florence Foster Jenkins (2016) – Bande-annonce
Sources :