« The Legend of Zelda » : entre mythes, réalité et références culturelles

"The Legend of Zelda" : entre mythes, réalité et références culturelles

Alors que le dernier opus de la saga, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, a battu des records de vente cette année, les joueurs n’ont pas fini d’explorer le royaume d’Hyrule ! Mais où les développeurs de la série vont-ils puiser leur inspiration sans fin ? Entre contes légendaires, mythologie, cinéma… Les références ne manquent pas et se cachent dans les moindres détails.

Aux origines de la série : l’enfance de son créateur Shigeru Miyamoto

C’est à la curiosité de ce dernier que le premier volet de 1986 devrait son existence. Ayant grandi à  Sonobe, petit bourg du Kansai au Japon, le créateur aimait explorer son environnement. Parcourant des univers inconnus, alliant forêts, lacs et cavernes, Miyamoto souhaite faire vivre au joueur les émotions qui l’ont marqué dans sa jeunesse :

« J’ai voyagé sans carte à travers le pays, essayant de trouver mon chemin, et j’ai découvert des choses incroyables au fur et à mesure de mes pérégrinations. Je me suis rendu compte de l’effet produit sur moi par de telles aventures ».

Et c’est un pari réussi puisque l’on ne cesse de s’émerveiller au hasard des explorations dans le monde fantastique d’Hyrule. Miyamoto s’est d’ailleurs inspiré du dédale de couloirs de sa maison d’enfance pour créer les donjons labyrinthiques du premier opus.

L’heroic fantasy et les mythes occidentaux

The Legend of Zelda est rempli de références aux croyances médiévales et celtiques. Et pour cause, le jeu vidéo appartient à l’univers de l’heroic fantasy. Ce sous-genre littéraire consiste en un récit épique prenant place au sein d’un monde merveilleux.

Ainsi, légendes et mythes abondent. L’univers même du jeu vidéo renvoie aux codes de la chevalerie. La quête de la Triforce par Link pour combattre les forces du mal et sauver le monde rappelle la quête du Graal. De plus, l’épée du héros à la tête blonde fait penser à la fameuse épée Excalibur du roi Arthur. En outre, les qualités de force, de sagesse et de courage incarnées par le Triforce évoquent les valeurs centrales de l’époque médiévale.

Même Epona, jument de Zelda, prend le nom de la déesse celtique protectrice des chevaux et cavaliers… Les personnages d’elfes et de fées reflètent tout aussi bien la mythologie nordique. Enfin, les forteresses du jeu reprennent l’architecture des châteaux d’Europe de l’Ouest. Parmi eux : l’Alcazar en Espagne ou Neuschwanstein en Allemagne (pour le château d’Hyrule).

Par ailleurs, Miyamoto et ses équipes n’hésitent pas à utiliser le cinéma ou la littérature pour nourrir leur créativité. De fait, le jeu s’inspire de Legend, film de Ridley Scott sorti en 1985. Dans ce long-métrage, Jack, jeune elfe incarné par Tom Cruise, doit lui aussi combattre le Seigneur des Ténèbres pour sauver le royaume. Du reste, c’est sans surprise que Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien a étoffé l’univers fantastique d’Hyrule. On doit cette référence à Takashi Tezuka, bras droit de Miyamoto chargé du scénario et passionné de romans fantastiques. Pour finir, ce n’est pas un hasard si le personnage de Link avec sa petite fée semble familier… Miyamoto a directement pris appui sur Peter Pan !

« A l’époque, qui disait personnage avec des oreilles pointues disait aussi Peter Pan, et comme j’aime beaucoup Disney, nous avons commencé à nous en inspirer « 

The Legend of Zelda au fil des années : une ouverture sur le monde

The Legend of Zelda repose donc principalement sur la culture médiévale européenne. Cependant, les références se font de plus en plus diverses et ouvertes sur le monde. Dès le départ, l’univers japonais était évidemment présent. A ce titre, les paysages semblables à ceux de Sodobe, évoqués plus haut. Mais aussi, la Triforce, dont le design reprend la bannière d’un clan samouraï du Japon féodal : les Hojo…Toutefois, c’est en 1998 avec la sortie de l’opus The Legend of Zelda: Ocarina of Time, qu’un tournant est pris. En effet, des allusions plus ou moins évidentes aux cultures et traditions du monde parsèment les décors.

Ainsi, le Temple de l’Esprit abrite des créatures momifiées appelées Anubis. Ici, la référence au dieu égyptien protecteur des morts est claire. On retrouve également des sculptures de femmes à tête de serpent rappelant Ouadjet, déesse cobra protectrice du pharaon. De plus, le monocle de Vérité, qui permet de voir l’invisible, revêt la même fonction que l’oeil protecteur Oudjat de l’Egypte antique. De son côté, le Temple de l’Eau nous renvoie à la philosophie d’Asie du Sud-Est. En effet, Link se bat ici contre son reflet maléfique, Dark Link, illustration du Ying et du Yang. La ressemblance frappante du médaillon de l’Esprit avec le symbole chinois vient appuyer cette référence.

Les volets suivants enrichissent encore la saga de références multiculturelles. On retrouve donc la mythologie amérindienne avec les 4 Géants protecteurs dans Majora’s mask (2000). Appelés les Bacabs dans la mythologie maya, ces 4 frères étaient placés aux 4 points cardinaux et chargés de porter la voûte céleste. A l’issue du jeu vidéo, les 4 Géants vont justement retenir la Lune pour l’empêcher de s’abattre sur la population. Toujours dans Majora’s Mask, les Keaton apparaissent pour la première fois. Ils s’apparentent à la créature japonaise mythologique Kitsune, qui signifie « renard » en japonais.

Les peuples de la saga font également appel à des cultures lointaines. Les Gerudos, dans Ocarina of Time, femmes guerrières éleveuses de chevaux, évoquent les Amazones de la mythologie grecque. Apparus dans le même opus, les Gorons et leurs nombreux tatouages semblent illustrer les traditions d’un peuple insulaire du Pacifique.

Enfin, c’est au tour du cinéma japonais d’alimenter l’imagination de la Direction Artistique de Zelda. Les deux derniers volets de la saga (Breath of the Wild, 2017, et Tears of the Kingdom, 2023) sont librement inspirés des animés des studios Ghibli. Les aficionados de Miyazaki retrouveront avec plaisir des allusions au Château dans le ciel (1986) ainsi qu’à Princesse Mononoké (1997).

Depuis 1998, l’univers de Zelda continue d’évoluer et d’explorer de nouveaux horizons. Le jeu ne cesse de se renouveler pour faire rêver ses fans et c’est sûrement ça, le secret de sa réussite…

Sources :

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