Le vent souffle, les feuilles craquent, la nuit tombe… Bienvenue en automne ! Saison des pumpkin spice latte made in Instagram et d’une série emblématique des années 2000 connue pour ses 50 nuances de « La La La » : Gilmore Girls ! L’heure est ainsi venue pour nous de vous donner 3 raisons de revoir cette série aussi douce qu’un chocolat chaud avec un max de chantilly !
Une série de femmes écrite (presque) à l’entièreté au féminin !
Bienvenue à Stars Hollow, une sympathique petite bourgade du Connecticut où une jeune femme de 32 ans du nom de Lorelei Gilmore (Lauren Graham) élève seule sa fille de 16 ans : Rory (Alexis Bledel). La douce histoire d’une mère et de sa fille à la complicité folle qui, ensemble, évolueront dans le petit paradis cosy de leur ville.
Une série composée de 7 saisons et d’un sequel dont la presque totalité fut orchestrée par la géniale Amy Sherman-Palladino (The Marvelous Mrs. Maisel…). L’histoire de Gilmore Girls est un récit de femmes conté lui-même par une femme. Un véritable ovni qui a su dépeindre avec brio des histoires au féminin, tout en créant un microcosme où la plupart des rôles importants de la ville (habituellement genrés au masculin) sont tenus par des figures s’identifiant comme telles !
Nous pourrions alors citer pêlemêle la douce et maladroite Sookie St. James (Melissa McCarthy), la talentueuse cheffe cuisinière et copropriétaire de l’auberge du Dragonfly avec Lorelei, la mécanicienne chevronnée de la ville : Gypsy (Rose Abdoo) ou l’excentrique Miss Patty (Liz Torres) ancienne grande star du music hall et commère à ses heures perdues en compagnie de l’adorable voisine de Lorelei : Babette Dell (Sally Struthers) ! Un riche panorama de femmes de tous âges et professions, qui ne peut alors que nous ravir !
Une forte mise en avant d’une grande sororité que nous pouvons retrouver dans des amitiés telles que celle entre Sookie et Lorelei ou celle entre Rory, Lane (Keiko Agena) et Paris (Liza Weil) !
Anecdote amusante pour la fin ! L’emblématique personnage de Luke Danes (Scott Patterson), tenancier du diner de la ville devait lui aussi à l’origine répondre au nom de Daisy ! Une idée rapidement abandonnée lorsque la chaîne distributrice de l’époque (The WB) demanda à ce que ce personnage devienne un homme. La raison ? La série comptait déjà de trop nombreuses figures féminines !
Gilmore Girls : la série aux scripts infinis et références pointues !
Certains se souviendront probablement de lignes de dialogues telles que : « Everything in my life has something to do with coffee. I believe in a former life I was coffee. » ou « I’m attracted to pie. It doesn’t mean I need to date pie. » D’iconiques répliques, toutes fruit du fantastique travail de scénariste d’Amy Sherman-Palladino et de son époux Daniel.
Le travail de cette légendaire showrunner s’est distingué des autres productions télévisuelles par son utilisation brillante de l’art du dialogue et de la réplique assassine ! Un subtil mélange de références pointues à la pop culture (surtout américaine), de jeux de mots et d’associations verbales toutes plus hilarantes les unes que les autres ! Nous pourrions alors citer cette merveilleuse réplique d’Emily Gilmore (Kelly Bishop), la mère de Lorelei : « Well, if you expect that muffin to fly back to the kitchen by itself, you better go get it a cape. »
Un phrasé rapide, une pointe de loufoquerie et une avalanche de références : voici la formule magique de Gilmore Girls ! Un moyen pour Amy Sherman-Palladino d’ancrer les spectateurs dans une temporalité et un univers auquel ils peuvent s’identifier tout en profitant de la précipitation syntaxique pour étaler ses intrigues sur la durée ! La devise de la scénariste : « faites en sorte que le petit soit grand, faites en sorte que le grand soit petit » !
On clôt encore ce paragraphe avec une anecdote croustillante ! Un script d’un épisode classique de la série (soit une quarantaine de minutes) se pesait par environ 80 pages contre une moyenne de 50 à 60 pages pour des épisodes d’une heure chez la concurrence. Une page était donc égale à une vingtaine de secondes à l’écran ! Du jamais vu !
Et surtout ! Un show simple et réconfortant, mais aux racines plus profondes !
Oui, Gilmore Girls, ce sont des histoires d’amourettes, de délires entre mères et filles qui se gavent de café et de pizzas sans jamais ô grand jamais s’approcher d’une feuille de salade. Un récit aux premiers abords doux et futile, mais dont on peut déterrer une double lecture bien plus profonde.
La série est avant tout l’histoire d’une mère célibataire qui décida à 16 ans de quitter sa richissime, mais conservatrice famille pour élever sa fille seule. L’histoire d’une fausse classe moyenne où difficultés financières et népotisme se rencontrent sans aucun problème. Le personnage de Rory se présente alors comme la synthèse de ces deux mondes.
Rory est probablement l’incarnation de cette jeune femme blanche qui refuse de voir ses propres privilèges : celui d’être une Gilmore dont les grands-parents ont les moyens de miraculeusement effacer les difficultés financières de sa mère pour l’envoyer dans des écoles privées huppées et les universités les plus couteuses du pays ! La trajectoire de son personnage (que nous vous laisserons découvrir), même si critiquée semble écrite avec un brio total !
Une logique scénaristique implacable, où le show donne au spectateur une perspective réaliste loin du fan service. La série alors brille par son héritage féministe et sa question sur les privilèges sociaux tout en péchant sur une question plus intersectionnelle de son militantisme. Gilmore Girls, comme de nombreuses séries de son époque, ne s’exempte pas de véhiculer certains clichés racistes et stéréotypés tels que la représentation des familles coréennes (ultra-strictes et conservatrices) ou des lignes de dialogues plus que douteuses.
La série malgré sa modernité reste un show où la majorité du casting reste blanc et où les questions de racisme, clichés et queer sont totalement occultées. Une tare dont la série qui s’autoréférence comme l’héritière du show : Ginny et Georgia (Netflix) a fait le choix de corriger.
Gilmore Girls est un show complet, aussi doux que sombre aussi réconfortant que légèrement vieillissant sur certains points. Un véritable bonbon néanmoins, que nous vous invitons tout de même à découvrir que ce soit simplement pour chiller un max dans un plaid tout chaud ou pour réfléchir à toutes ces questions d’intersectionnalité et de népotisme.
On termine encore avec une petite anecdote ! La ville de Stars Hollow fut également le décor, sous les traits de la bourgade de Rosewood, le théâtre de l’emblématique série des années 2010 : Pretty Little Liars ! La preuve ultime qu’une armée de citrouilles et de guirlandes colorées changent l’atmosphère de toute une ville !
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