Depuis les débuts du cinéma, la colorisation est sujette à débat. Longtemps mise au point, elle est maintenant l’icône de nos films préférés. C’est grâce à la méthode du Technicolor qu’elle est sur nos écrans à l’heure actuelle. Retraçons les pas de cette entreprise phénoménale.
Les débuts du Technicolor
Technicolor, entreprise française créée en 1915, a pour mission de mettre de la couleur au cinéma. L’entreprise allie les mots « technique » et « couleur» pour former son nom, Technicolor. Il a été par la suite associé directement pour définir le procédé de colorisation, ou quelque chose de coloré. Les premiers procédés de colorisation ont été retrouvés chez George Méliès qui peignait les pellicules lui-même à la main. Technicolor voulait quant à elle s’intéresser aux effets visuels. Réinventer les visuels, et faire preuve de créativité, comme la couleur. Elle s’est alors associée avec Kodak, grande entreprise de photographie et de vente de pellicules.
Il existe deux procédés de colorisation : le bichrome et le trichrome. L’explication est dans le nom de ces derniers. Le premier procédé employé consiste à superposer deux positifs collés dos à dos. Un de couleur rouge, un de couleur verte. L’unique film tourné à l’aide de ce procédé bichrome sort en 1917 : il s’agit d’un court-métrage, The Gulf Between, brûlé dans un incendie plus tard. Ce procédé est cependant remplacé par le trichrome, technique plutôt similaire.
Herbert Kalmus, grand nom du Technicolor, crée en 1928 un procédé qui permet de reproduire toutes les couleurs : le Technicolor trichrome. C’est ce même procédé auquel on fait référence aujourd’hui lorsque l’on parle de l’« âge d’or du Technicolor ». La caméra Technicolor trichrome est chargée de trois négatifs noir et blanc qui sont chacun sensible aux couleurs rouge, verte et bleue. Le négatif sensible au vert est seul, tandis que les deux autres sont collés ensemble dos à dos. Ainsi, par ce procédé, nous pouvons retrouver toutes les palettes de couleur à l’écran.
Le premier film
The Gulf Between (1917) a été le premier film commercialisé par Technicolor. Le film a été détruit dans un incendie le 25 mars 1961. Cinq ans plus tard, sort The Toll of Sea. La nouveauté est que ce film peut être projeté partout car il n’y a plus besoin de matériel spécial à la couleur. Cette projection amène un triomphe pour Technicolor qui fait la une du New York Times de 1922. Dedans, un investisseur affirme que 10 % des films américains dans le futur seront en couleur.
L’envolée du cinéma
C’est avec le premier film musical que le Technicolor va commencer son envolée spectaculaire. The Jazz Singer a été le premier long-métrage à utiliser le vitaphone (un appareil permettant de filmer le son et de rajouter des disques pour diffuser le son). C’est à partir de 1929 déjà que Technicolor collabore avec Warner Bros., car le son, la musique et la couleur assemblés ensemble ont conquis le public. Les studios se sont alors intéressés aux techniques de colorisation.
Mais c’est avec Disney que Technicolor remporte son premier Oscar pour le film Flowers and Trees. Par la suite, ils réaliseront ensemble le premier long-métrage animé colorisé entièrement : Blanche-Neige. Ce succès international reste à ce jour le premier dessin animé toujours classé au box office. Ils remportent un second Oscar.
Le succès du Technicolor
Le premier long-métrage entièrement tourné en Technicolor trois bandes est Becky Sharp (1935). Il en faudra peu pour ensuite produire les succès qui ont marqué l’histoire du cinéma. Nous pouvons tout d’abord citer Robin Hood (1938), Gone with the wind(1939), et enfin le grand The Wizard of Oz(1939). Les années 1940 vont alors propulser les grands studios de cinéma, et le Technicolor commence son ascension.
Au début des années 1940, tous les grands studios hollywoodiens utilisaient le procédé Technicolor, illustré par les premiers films somptueux produits par 20th Century-Foxet Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), notamment The Gang’s All Here (1943) et Ziegfeld Follies(1945).
Les comédies musicales vont par la suite prendre le dessus sur l’industrie du cinéma. Les années 1940 vont être bénéfiques, malgré l’arrivée de la guerre. L’entreprise française continue ses collaborations et produit des chefs-d’œuvre.
Le Technicolor débarque chez vous !
Le marché de la télévision battant son plein, de nombreux petits écrans ont été colorisés. Les films hollywoodiens étaient pratiquement tous produits en couleur, il fallait donc les retransmettre correctement dans les foyers. De plus, face à la demande croissante du public mondial, les équipes d’ingénieurs de la société ont réussi à collaborer avec les nouveaux formats de projection sur grand écran, tels que VistaVision, Cinemascope et Todd AO.
Les années 1950 ont sans doute été les meilleures années pour Hollywood. La couleur était au rendez-vous et les comédies musicales battaient leur plein. Les grands noms qui ressortent de cette décennie sont Cecil B. DeMille, George Cukor et Vincente Minelli. Ces trois géants de la caméra vont nous en faire voir plein les yeux et les oreilles ! Car n’oublions pas que la musique au cinéma est indissociable de l’image, encore de nos jours. Les films les plus populaires, considérés comme des « classiques » de nos jours, sont :
- Singin’ in the Rain (1952), Stanley Donen
- The Greatest Show on Earth (1952), Cecil B. DeMille
- Gentleman Prefer Blondes (1953), Howard Hawks
- An Americain in Paris (1951), Vincente Minelli
- A Star is Born, (1954) George Cukor
Les années 1960
Dans les années 1960, s’est lancée la franchise mondiale la plus soutenue de l’histoire du cinéma. Basé sur les romans de Sir Ian Fleming, James Bond voit le jour avec James Bond against Dr No avec le légendaire Sean Connery.
Après la Seconde Guerre mondiale, d’autres concurrents sont arrivés sur le marché. Cependant, Technicolor était encore utilisé dans les années 1970. L’un des derniers grands films américains à être tourné en Technicolor est The Godfather Part II (1974).
Les comédies musicales vont laisser la place aux films de science-fiction. Les réalisateurs de cette époque sont Steven Spielberg (Jaws),George Lucas (Star Wars) et F.F. Coppola (Apocalypse Now).
Les années 1980 à 2010
Pendant cette période d’un peu plus de 30 ans, le Technicolor s’est associé avec plusieurs entreprises :
- Moving Picture Company (MPC), leader mondial des effets spéciaux
- The Mill
- Mikros Animation, qui a permis de créer plusisurs films et séries animés
- Technicolor Games, dédiée aux effets visuels et à l’animation dans les jeux vidéo, en collaboration avec les développeurs de jeux
Le Technicolor a un peu perdu de sa popularité, mais compte quand même des films notables à son actif. Edward Scissorhands de Tim Burton et Gladiator(Ridley Scott) en font partie. Martin Scorsese (Hugo Cabret, The Wolf of Wall Street) s’est rendu compte de la nouvelle technologie qui remplace le Technicolor :
« Je vois de nombreux cinéastes essayer d’obtenir le look Technicolor. Cependant, ce n’est tout simplement pas la même chose. Je ne suis pas nostalgique, c’est comme ça. Le technologie numérique peut reproduire la lueur et la vibrance, mais elle ne peut pas tout à fait atteindre la chaleur – du moins pas le même type de chaleur. Je ne considère pas cela comme un défaut, c’est juste une technologie qui se comporte différemment. »
Martin Scorsese
Le Technicolor change de plan
L’association inédite entre Technicolor et Nickelodeon est née. La production pour enfants se faisant un nom dans le monde du cinéma, ils décident de produire ensemble des séries. Basées sur les personnages emblématiques de Madagascar, la série Penguins of Madagascar a connu un franc succès, devenant la première émission pour enfants sur la télévision par câble aux États-Unis.
La collaboration est propice, comme en témoigne Mark Taylor, directeur général de Nickelodeon :
« Nous avons construit une excellente relation avec l’équipe de Technicolor lors de notre collaboration sur Penguins of Madagascar. Ils ont développé un studio de production et une équipe d’animation CGI de classe mondiale avec une compétence établie qui s’intègre parfaitement et efficacement dans notre pipeline de production. Nous pensons que Kung Fu Panda renforce et améliore à la fois notre relation de production avec Nickelodeon. Avec ce salon, nous cherchons à poursuivre la croissance de notre équipe et de notre infrastructure. »
Mark Taylor, vice-président senior et directeur général de Nickelodeon Animation Studios.
Nous ne pouvons pas non plus parler des années 1990 sans parler du succès qu’a connu une des plus grandes franchises au monde. Eh oui, grâce à The Mill, Harry Potter peut être associé à Technicolor. The Mill a modélisé les décors des deux premiers films de la franchise. Les effets visuels impressionnants continuent alors d’opérer chez Technicolor, continuant à nous épater.
Les 100 ans du Technicolor
Le Technicolor a célébré son 100e anniversaire en tant que leader de la technologie créative. L’entreprise a eu droit à son étoile sur le fameux « Walk of Fame » de Los Angeles. Ils ont pu également célébrer cet anniversaire avec un de leur film les plus merveilleux : Birdman. Ce film, avec en tête d’affiche Michael Keaton (Batman), possède des chorégraphies, des photographies spectaculaires et une colorisation unique.
Le Technicolor de nos jours
Aujourd’hui, le Technicolor est devenu Vantiva, une entreprise française spécialisée dans la fabrication de systèmes d’accès à Internet haut débit, de vidéos et d’effets visuels destinés aux opérateurs de réseaux. Elle est la successeuse de Thomson. Technicolor Creative Studios est devenue une société indépendante cotée à la bourse d’Euronext Paris.
« Mon ambition est de bâtir la compagnie d’arts visuels la plus prospère au monde. Nous pensons que notre héritage d’innovation et de créativité est notre fondement pour l’avenir, et le succès de nos studios reposera sur des investissements continus dans le technologie de pointe, les meilleurs talents du monde et nos relations continues avec les principaux studios et marques de divertissement. Le prochain chapitre en tant qu’entreprise indépendante sera crucial dans notre croissance et notre évolution. »
Christian Roberton, PDG de Technicolor Creative Studios.
Le Technicolor continue de produire des films à succès comme The Revenant, Creed II, The Lion King (2019) et bien d’autres.
La société française aux couleurs chatoyantes a réussi à donner vie aux plus grands succès du cinéma. Se surpassant de jour en jour, le Technicolor s’améliore et s’associe à beaucoup de productions. Même si l’entreprise Technicolor original n’existe plus vraiment, elle vit tout de même à travers ses sociétés, se mettant au goût du jour.
Sources :