Premier chauffard de l’histoire de France : la duchesse d’Uzès

Premier chauffard de l'histoire de France : la duchesse d'Uzès

Le cliché que les femmes conduisent plus mal que les hommes a longtemps persisté au sein de la société. Il a depuis été invalidé par les faits. Cependant, au XIXème siècle, le premier chauffard de l’Histoire de France fut une femme. En effet, le premier PV pour excès de vitesse fut donné à la duchesse d’Uzès. On vous raconte qui était cette femme audacieuse.

Anne de Rochechouart de Mortemart, la duchesse d’Uzès

Anne de Rochechouart de Mortemart naquit en 1847 à Paris dans une famille de la haute société très riche. Fille d’un comte, elle était surtout l’arrière-petite-fille de Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin. Cette dernière, plus connue sous le surnom de « la Veuve Clicquot », fut la propriétaire d’une maison de champagne avec laquelle elle fit fortune.

Veuve Clicquot Anne d'Uzès

Très faible étant enfant, on pensait d’ailleurs qu’elle ne vivrait pas longtemps, on peut dire qu’elle a plus tard croqué la vie à pleine dent. À dix-neuf ans, elle assista à son premier bal pour se trouver un bon parti. Après s’être préparée pendant des mois, le jour J aucun homme ne la remarqua. Mais une fois qu’ils apprirent à quel point sa famille était riche, elle fut abordée par de nombreux prétendants. Dès lors, Anne se ficha du qu’en-dira-t-on et s’intéressa à la condition des femmes. Elle se maria tout de même en 1867 avec un duc, avec lequel elle eu plusieurs enfants. Grâce à ce mariage, elle devint la duchesse d’Uzès. Toutefois elle fut veuve dès 1878, ce qui lui laissa toute la liberté pour faire ce qu’elle souhaitait.

Première femme à passer le permis

À l’époque, on était en train d’inventer une nouvelle machine : l’automobile. Au milieu des années 1880, le moteur à explosion changea l’industrie des voitures et elle furent désormais plus petites et plus faciles à conduire.

Première automobile

La duchesse décida donc d’acheter une voiture, un Break Delahaye, et de se présenter au Certificat de capacités pour la conduite des véhicules, l’ancêtre du permis de conduire. Ce dernier n’avait rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui bien sûr. Les examinateurs étaient des ingénieurs et les épreuves consistaient en quelques exercices de démarrage et d’arrêt du véhicule. Il fallait démarrer la voiture puis l’arrêter et la redémarrer à nouveau. Ainsi, le 12 mai 1898 duchesse d’Uzès fut la première femme à passer et décrocher le permis de conduire. Cette grande première intéressa beaucoup la presse, ce que ne comprenait pas la duchesse :

« Je m’étonne de voir ❲ dit-elle fort obligeamment〕, tout le bruit qu’on a fait autour de cette chose pourtant si simple en soi.« 

Persuadée qu’elle n’avait rien d’extraordinaire, elle défendit que de nombreuses autres femmes allaient la suivre et passer leur permis de conduire. Elle n’eut pas tord puisqu’elle lança un mouvement. Ainsi, avant la Première Guerre Mondiale, une centaine de femmes avait obtenu leur permis de conduire.

Première verbalisation pour excès de vitesse en France

Cependant, à peine deux mois plus tard, le 3 juillet 1898, elle fut le premier conducteur français verbalisé pour excès de vitesse. On la prit en flagrant délit au bois de Boulogne où elle roulait à 15 km/h, bien au dessus des limitations autorisées. En effet, a cette époque, les limitations de vitesse étaient de 12 km/h en ville et 20 en pleine campagne. Il faut dire que la duchesse d’Uzès était une intrépide conductrice, elle aimait la vitesse et les sensations que procuraient l’automobile :

« Les impressions que j’ai ressenties ? me demandez-vous ; elles ont été délicieuses. C’était d’abord d’aller à l’allure qui me plaisait, de dépasser, vite, vite les autres voitures, assez adroitement pour ne pas les accrocher.« 

Le tribunal de police de la ville de Paris la condamna à cinq francs d’amende, l’équivalent de 200 euros aujourd’hui. Elle paya l’amende, cinq francs n’étaient rien pour elle. Malgré le PV, elle garda tout de même son permis de conduire.

Se faire arrêter pour excès de vitesse devint alors à la mode pour l’aristocratie. En effet, les voitures étant très rares, pour ceux qui en ont, se faire verbaliser pour excès de vitesse devint une distinction sociale. De nombreux procès pour excès de vitesse prirent donc place à Paris.

La duchesse d’Uzès, une conductrice militante

Ainsi, Anne fut audacieuse, elle montra qu’une femme pouvait avoir sa place au volant, aussi bien qu’auprès des enfants. Elle milita d’ailleurs pour l’émancipation féminine. Elle considérait d’ailleurs que l’automobile devait servir la libération des femmes.

Duchesse d'Uzès

Les femmes n’étaient alors pas autorisées au sein de l’Automobile Club de France, un club privé français fondé en 1895. La duchesse créa donc en 1926, à l’âge de 79 ans, l’Automobile Club féminin de France, réservé aux femmes. Elle le présidera jusqu’à sa mort en 1933. Elle présida également l’Union des femmes peintres et sculpteurs en 1901, étant sculptrice elle-même. Et elle apporta son soutien à Louise Michel.

Finalement, la duchesse d’Uzès aimait le progrès et faire des choses qui n’avaient jamais été faites. Elle fut donc la première femme à passer le permis mais reçut également le premier PV pour excès de vitesse de France. Après la première femme chauffard, découvrez la première femme équipée d’une prothèse à aller dans l’espace.

 

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