Le « test de Bechdel » : les femmes et leur représentation dans la fiction

Le "test de Bechdel" : les femmes et leur représentation dans la fiction

Il est fortement probable que vous sachiez déjà à quoi correspond le test de Bechdel, mais que le nom vous échappe. Il sert en fait à mesurer la représentation féminine dans un œuvre de fiction. On vous explique ! 

Les origines du test de Bechdel

Le nom du test est apparu pour la première fois en 1985. À l’époque, la dessinatrice Alison Bechdel sort sa BD intitulée Lesbiennes à suivre (Dykes to Watch Out For en version originale). Elle est elle-même une des protagonistes de la BD, avec son amie Liz Wallace. Sur l’une des pages, d’ailleurs appelée La règle (The Rule), Liz Wallace explique ses propres critères pour voir un film. Le test est alors né, et d’après Bechdel, l’idée viendrait effectivement de Liz Wallace.

Elle a aussi expliqué plus tard s’être inspirée de l’essai Une chambre à soi de Virginia Woolf. Dans celui-ci, la narratrice se plaint du manque de livres décrivant une amitié féminine. Elle considère par ailleurs que les femmes sont toujours présentées comme étant uniquement intéressées par les affaires domestiques.

Alison Bechdel - Cultea
Alison Bechdel.

Comment ça marche ?

Le principe du test est très simple. Pour le passer, l’œuvre (que ce soit un film, un épisode, un livre ou autre) doit remplir ces 3 critères :

  1. l’œuvre doit contenir au moins 2 femmes
  2. celles-ci doivent avoir une conversation
  3. elles doivent parler d’autre chose que d’un homme

Plus tard, certains ont ajouté une précision au premier critère : les 2 femmes doivent avoir un nom.

Variantes au test

Depuis la création du test de Bechdel, de nombreux tests similaires sont apparus. Par exemple, on peut citer le test de Mako Mori, nommé d’après un des personnages de Pacific Rim. Celui-ci a pour objectif de mettre en avant des personnages féminins forts, tels que Black Widow dans Avengers (2012). Ses critères sont les suivants :

  1. il doit y avoir au moins un personnage féminin
  2. celle-ci doit avoir son propre arc narratif
  3. elle ne doit pas être le faire-valoir d’un personnage masculin

La scénariste Kelly Sue DeConnick a aussi mis en place un test de ce type, cette fois plus radical. Il consiste à remplacer un personnage féminin par une lampe. Si l’histoire reste inchangée, l’œuvre ne passe pas le test, d’où le surnom de « test de la lampe sexy ». Et étonnamment, beaucoup de films échouent, tels que Gatsby le Magnifique (2013) ou Skyfall (2012).

The Rule - Cultea
La Règle (The Rule) d’Alison Bechdel dans Lesbiennes à suivre.

Les limites du test de Bechdel

Il est important de préciser qu’une œuvre qui réussit à passer le test de Bechdel – ou les autres – n’est pas nécessairement féministe. En effet, un film peut suffisamment représenter les femmes mais rester sexiste (c’est le cas de la saga Twilight selon certains). D’un autre côté, une œuvre de fiction peut échouer simplement car son cadre va à l’encontre de l’inclusion des femmes. C’est par exemple le cas du film Le Nom de la rose (1980) d’Umerto Eco. De plus, des films contenant peu de personnages en général ne passeront sans doute pas le test, comme Gravity (2013).

Enfin, Faith Lawrence explique que les résultats dépendent de la rigueur avec laquelle le test est appliqué. En effet, est-ce que mentionner rapidement un homme dans une conversation portant sur autre chose indique l’échec du test ? Et à quel moment débute et finit une conversation ?

Vous l’aurez compris, le test comprend quelques failles. Néanmoins, il reste nécessaire puisqu’il signale le manque de représentation féminine dans les œuvres de fiction. Un article du New York Times publié en 2014 indique même que le pourcentage de rôles féminins avec dialogue n’a que très peu augmenté depuis les années 1940, où il oscillait entre 25% et 28%. Alors, la prochaine fois que vous regardez un film ou un épisode de votre série favorite, essayez de faire ce test, vous serez peut-être surpris du résultat…

 

Sources :

Etudiante en Master Culture, patrimoine et médiation, je m'intéresse de très près à l'histoire ainsi qu'à culture pop, particulièrement à Marvel et Star Wars. Passionnée d'anglais depuis toujours, j'ai un goût prononcé pour les contenus dans cette langue ainsi que les pays où elle est parlée.

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