Louise Michel est associée à plusieurs luttes historiques importantes comme la Commune de Paris, le féminisme ou encore l’anarchisme…
Louise Michel : contre le système dès son plus jeune âge
La célèbre Louise Michel naît en 1830 en Haute-Marne. Elle est la fille d’un riche châtelain et de sa servante. Dès le plus jeune âge, son caractère généreux et altruiste se fait sentir. Ses lectures contribuent à engager une certaine réflexion orientée politiquement comme avec Voltaire dont elle apprécie les idées humanistes ou encore Rousseau.
En 1851, à 21 ans, elle part faire ses études à Chaumont et décroche son brevet de capacité afin de devenir institutrice. Elle veut transmettre. Mais à cette époque, nous sommes sous le régime de Napoléon III. Toute la profession se doit de prêter serment à l’empereur pour être autorisée à exercer. Elle refuse. Déjà en désaccord avec le système, Louise décide d’ouvrir sa propre école libre à Audeloncourt et d’y enseigner. Elle ouvrira par la suite de nombreuses autres écoles au cours de sa vie.
En 1856, elle s’en va finalement à Paris pour commencer une nouvelle carrière d’enseignante. Le soir, elle continue d’apprendre en participant à des cours du soir dispensés par Jules Favre et Eugène Pelletan. De plus en plus, son engagement militant se développe. À la capitale, elle fréquente des cercles d’intellectuels révolutionnaires, avec par exemple Jules Vallès, Eugène Varlin, Raoul Rigault et Émile Eudes, qui lui permettent d’élargir un peu plus encore le champ de ses idées. À cette époque, Louise Michel est blanquiste. Il s’agit d’un un courant politique créé par Auguste Blanqui, un socialiste français qui lutte pour une révolution menant à un nouveau système socialiste.
C’est à ce moment qu’elle écrit ses premiers textes marqués par son engagement contre les inégalités qu’elle observe. On retrouve quelques-unes de ses publications dans les journaux d’opposition. Certains de ses vers parviennent également à Victor Hugo. Les deux intellectuels entretiendront dès lors une correspondance.
Louise Michel et la défense des libertés
L’égalité entre hommes et femmes
Si le mot « féminisme » ne s’emploie pas encore au XIXe siècle, des mouvements luttant pour les libertés des femmes existent déjà. Louise Michel fait partie intégrante de cette mouvance. Par conséquent, elle défend l’idée d’égalité entre les hommes et les femmes et lutte férocement pour l’émancipation de ces dernières. En 1869 elle devient secrétaire de la Société démocratique de moralisation, qui est une association ayant pour but d’aider les ouvrières à prendre conscience de leurs droits.
Quelque temps plus tard, après la chute du Second Empire, elle devient Présidente du Comité de vigilance Républicain des citoyennes du 18e arrondissement de Paris. Alors que le jour, elle exerce son métier d’institutrice, la nuit, elle participe à plusieurs réunions révolutionnaires. La Commune de Paris éclate alors en 1871… (cf. De la Commune aux lois constitutionnelles de 1875 : les débuts houleux de la IIIe République).
La Commune de Paris
Cet éclat révolutionnaire ravit de nombreux militants utopistes, anarchistes, socialistes, etc… On veut faire les choses bien avec la Commune de Paris. Louise Michel est alors au cœur de cette frénésie libertaire qui gagne la population et devient un des symbole les plus importants de cet évènement. Elle se jette sur les barricades armée d’une carabine, encourage le peuple à l’assaut des buttes Montmartre, puis devient parfois ambulancière ou encore propagandiste.
Les femmes ont alors une influence importante dans la Commune de Paris. Tout le monde se réunit dans des clubs afin de réfléchir aux réformes que l’on peut mettre en place dans ce nouveau système. De nombreux courant politiques discutent entre eux et Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale aux côtés des anarchistes. De cet évènement verront le jour de nombreuses avancées sociales, éducatives et économiques.
Mais l’armée française menée par Mac Mahon met fin à cette utopie le 2 avril 1871. Les Versaillais reprennent peu à peu la capitale dans une répression brutale. On compte 20 000 Parisiens exécutés et 15 000 morts à la fin de la Semaine sanglante... Les chefs communards sont activement recherchés mais Louise Michel se cache.
Les autorités arrêtent alors sa mère à sa place, elle est donc obligée de se rendre… On l’incarcère dans différents camps (Satory) et prisons (Chantiers). Tour à tour ses amis meurent, puis son amant et amour Théophile Ferré est également exécuté.
Devant le Conseil de guerre, elle reconnaît tous les faits dont on l’accuse, elle les revendique même. Elle balance aux juges tout son orgueil et sa liberté :
« Ce que je réclame de vous, c’est le poteau de Satory où, déjà, sont tombés nos frères ; il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, on a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit aujourd’hui qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi. »
Louise Michel est finalement condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie…
La déportation de Louise Michel
En 1873, elle embarque donc pour la Nouvelle-Calédonie, alors colonie française, en direction de la presqu’île de Ducos. À bord, elle rencontre d’autres intellectuels et activistes révolutionnaires comme Henri Rochefort et Nathalie Lemel. Sur place, elle apprend une langue canaque et continue à écrire. Peu à peu, elle reprend son métier d’institutrice pour transmettre et apprendre aux enfants de l’île et des déportés.
Durant sa déportation, Louise Michel se rapproche de l’idéologie anarchiste, ce qui l’amène à soutenir l’insurrection kanaks en 1878 contre les colons. Jusqu’à son retour en 1880, elle n’aura de cesse d’instruire grands et petits en adaptant sa pédagogie à ses élèves avides de savoir…
Un retour en France pour la Vierge Rouge
En 1880, elle est donc de retour en France sous les acclamations de la foule qui félicitent la « Vierge Rouge« . Sans détour, elle clame désormais haut et fort être anarchiste et adopte le drapeau noir, un drapeau de deuil. Louise Michel prend alors la tête du mouvement ouvriers et encourage la grève générale.
En France et en Belgique, elle organise des conférences où se pressent les masses. Mais son action n’est pas laissée de côté. Elle prend position contre la peine de mort, manifeste, soulève les foules… Les mouvements qu’elle déclenche lui valent d’ailleurs d’être emprisonnée quelques temps. De surcroit, elle est victime d’une tentative d’assassinat en 1888 qui lui laisseront une balle logée dans le crâne jusqu’à sa mort.
Suite à de nombreuses incarcérations après certains discours, elle se réfugie à Londres pour gérer une école libertaire pendant quelques années et ainsi faire une pause. Elle a alors 60 ans. Après son retour en France, elle multipliera les conférences et appuiera ses positions pendant une dizaine d’années avant de s’éteindre à l’âge de 74 ans.
Louise Michel est une figure emblématique pour de nombreux combats qui convergent tous vers la Liberté. En ces temps actuels, le symbole de ses luttes est d’autant plus important, car il permet à notre génération actuelle de réfléchir profondément aux conditions d’existence que nous offre l’avenir et s’il ne serait pas temps de vivre pour notre futur.
10 choses à savoir sur Louise Michel
Sources :
- Deluermoz Quentin, « Louise Michel ou la lutte sans fin », dans : Michel Winock éd., Les figures de proue de la gauche depuis 1789. Paris, Perrin, « Hors collection », 2019
- Libération : Louise Michel comme une rouge
- Archive.is
- Herodote : la rebelle
5 Replies to “Louise Michel : grande figure de la Commune de Paris”