Il y a 60 ans, le mur de Berlin s’érigeait, divisant le monde…

Il y a 60 ans, le mur de Berlin s'érigeait, divisant le monde...

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le mur de Berlin entama sa construction. Retour sur ce monument qui a profondément changé l’Histoire.

Le contexte de la construction du mur

1945 marque l’année de fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui avait débuté en 1939, faisant plus de 60 millions de morts. Mais en 1947, l’équilibre mondial se fragilise. En effet, la Grande Alliance (URSS, États-Unis, France, Royaume Uni, Chine) se disloque.

Deux blocs se dressent alors l’un contre l’autre :

  • Celui de l’Ouest, occidental et capitaliste mené par les États-Unis
  • Celui de l’Est, socialiste et communiste mené par l’URSS (partie de la Russie actuelle)

L’expression « guerre froide », popularisée par le journaliste américain Walter Lippmann, se définit par une période de tensions extrêmes entre les deux blocs. Ils s’opposèrent idéologiquement, stratégiquement et diplomatiquement. La guerre froide se caractérise aussi par des États se faisant la guerre par alliés interposés et des conflits armés limités.

Deux doctrines s’opposent alors : la politique d’endiguement (du communisme) de Truman et la politique Jdanov, qui énonce un monde divisé en 2 camps irréconciliables.

Ainsi le début des années 50 est marqué par la naissance d’un ordre international bipolaire. L’Allemagne et Berlin vont être au centre de ce conflit mondial.

L’Allemagne au cœur des préoccupations

Au vu de son rôle dans la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne est devenu le premier enjeu de la guerre froide. Le pays et Berlin ont été divisés en quatre zones, dirigées par la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’URSS. Cela fait suite à la conférence de Yalta (février 1945).

L'Allemagne et Berlin dans la guerre froide - 3e - Etude de cas ...

Carte de l’Allemagne après la Conférence de Yalta

Au printemps 1948, les zones françaises, américaines, et britanniques se réunissent. Elles forment une assemblée constituante et créent une monnaie : le Deutsche Mark (juin 1948).

L’URSS riposte par le blocus de Berlin qui a duré de juin 1948 à mai 1949. Lors de la conférence de Potsdam (juillet-août 1945), les alliés avaient décidé qu’autoroutes et voies ferrées relieraient Berlin Est et Ouest. Mais Staline coupe tout échange pendant presque un an. Les États-Unis mettent donc en place 195 000 vols acheminant 1,5 millions de tonnes de marchandises.

Ce blocus prendra fin avec la création de la RFA (République fédéral d’Allemagne) le 8 mai 1949, regroupant les trois zones occidentales. Cet état fédéral, dont la capitale est Bonn, est alors dirigé par un chancelier. Le premier est Konrad Adenauer, qui a œuvré pour une Europe unie et pour une réconciliation franco-allemande

En réponse à la création de la RFA, l’URSS fonde la RDA (République démocratique allemande) le 7 octobre 1949. Ce territoire se construit selon le modèle soviétique (collectivisation, planification, liberté d’expression limitée) avec pour capitale Berlin.

RFA ou RDA ? Allemagne de l'Est ou de l'Ouest ?

RFA et RDA

Cependant entre 1953 et 1961, 2,5 millions d’allemands de l’est ont rejoint la RFA. Cela mène à une pénurie de main d’œuvre en RDA, qui souffre déjà de difficultés économiques. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le mur de Berlin est donc construit.

Le mur de Berlin, symbole de la guerre froide

Durant cette nuit, 14 500 militaires de RDA bloquent toutes voies et moyens transports menant à Berlin Ouest. Ils installent un rideau de fil de fer barbelé à l’emplacement du mur. C’est pour cela que, jusqu’en septembre, le mur est « franchissable ». Mais  un mur de béton et de briques va rapidement le remplacer. Des militaires et chiens gardent ce mur haut de presque quatre mètres avec barbelés, rendant son escalade difficile voire impossible.

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Construction du mur de Berlin

Considéré comme le « mur de la honte » pour les occidentaux, les soviétiques eux le décrivent comme un « mur de protection anti-fasciste ». Pendant presque 30 ans, le mur sépare physiquement Berlin en deux, empêchant tout passage entre Berlin Est et Berlin Ouest. La vision d’un rideau de fer qui coupe l’Europe en deux par Churchill s’est matérialisée par le mur de Berlin. 

Le monde occidental s’oppose à la construction du mur. Lors d’un discours à Berlin, le président américain John Fitzgerald Kennedy énonce « Ich bin ein Berliner » (Je suis un berlinois). Il a ainsi affiché son soutien aux allemands de l’Ouest et aux berlinois de l’ouest, qui sont au milieu du territoire soviétique. Les échanges entre Est et Ouest sont alors extrêmement limités. Le mur a séparé des familles pendant presque 30 ans. Certaines personnes ont évidemment tenté de franchir le mur, mais plus d’une centaine d’entre-elles ont été abattues.

Rétromachine : "Ich Bin ein Berliner" J.F.Kennedy | Euronews

John Fitzgerald Kennedy prononce sa célèbre phrase « Ich bin ein Berliner » le 26 juin 1963

Chute du mur de Berlin

Mais en 1989 tout bascule. Les années 80 ont été particulièrement difficiles pour le bloc de l’est qui s’appauvrit et fait face à de larges mouvements de contestation. En 1989, la Hongrie et la Pologne s’affranchissent de l’influence soviétique. En RDA, de nombreux allemands s’opposent au régime, notamment au travers de manifestations.

C’est lors de la nuit du 9 novembre 1989, qu’un membre du SED, parti politique de la RDA, déclare que les voyages privés vers l’étranger seront autorisés sans présentation de justificatif. Les allemands qualifient cette nuit comme « le tournant », mettant fin à une Allemagne divisée en deux. Des milliers de berlinois escaladent et détruisent ce mur, mettant fin à 30 ans de supervision soviétique et de séparation avec l’occident. Le monde entier suit cet événement. Un des symboles de cette nuit est le violoncelliste Mstislav Rostropovitch qui joue du violoncelle parmi les démolisseurs.  Le lendemain, le chancelier de la RFA, Helmut Kohl, met en place un plan pour une réunification qui sera officielle le 3 octobre 1990.

9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin sous la caméra de Marie ...

La destruction du mur de Berlin

Le mur de Berlin aujourd’hui

Pour perpétuer sa mémoire, des éléments du mur de Berlin ont été offerts à de grandes villes comme Paris, Buenos Aires… Et pour l’anecdote, le côté Est du mur est dénué d’inscriptions car surveillé par les militaires, tandis que le côté Ouest était tagué, célébrant ainsi la liberté d’expression en RFA.

Il est toujours possible aujourd’hui d’apercevoir des morceaux du mur, notamment vers East Side Gallery. Une centaine d’artistes de 20 pays différents se sont réappropriés le mur en le décorant d’inscriptions, de dessins, de graffitis … L’une des peintures les plus célèbres étant celle du Baiser Fraternel entre le président du SED Erich Honecker et le dirigeant russe Leonid Brezhnev.

Épinglé sur PHOTO DE RUE

Le Baiser Fraternel sur le mur de Berlin

Checkpoint Charlie, point de passage le plus célèbre du mur qui permettait de passer de Berlin Est à Berlin Ouest, est devenu un lieu de recueillement. Le musée Checkpoint Charlie situé à côté retrace l’histoire de la seconde guerre mondiale.

Ainsi, le mur de Berlin est à la fois le symbole d’un monde bipolaire mais aussi celui du déclin de l’URSS. Événement essentiel de notre histoire contemporaine, la chute du mur célèbre la liberté mais aussi la fin d’une ère.  Si vous êtes de passage à Berlin, nous vous conseillons fortement d’aller y jeter un œil.

 

Sources :