« Mission Impossible 8 » : l’égo-trip boursouflé de Tom Cruise [critique]

"Mission Impossible 8" : l’égo-trip boursouflé de Tom Cruise [critique]

Le 8ème (et dernier ?) Mission Impossible sort cette semaine dans les salles obscures. A 62 ans, Tom Cruise continue de jouer les agents secrets, dans un film à la fois nostalgique et en retard sur son temps, qui vient tenter de raccrocher les wagons de l’ensemble de la licence. Une saga, qui, rappelons-le, a débuté en 1996 sous la direction de Brian De Palma. Presque trente ans plus tard, Tom Cruise cherche à jouer sur la mélancolie de ses fans, en offrant un film hybride, entre hommage et modernité.

Mission Impossible 8 : l’égo-trip de Tom Cruise

Franchement, depuis que Christophe McQuarrie a récupéré la licence en 2015 avec Rogue Nation, on n’avait pas, ou peu, de raisons de se plaindre de la qualité des films de la licence Mission Impossible. Le cinéaste et Tom Cruise avaient réussi à insuffler à la saga un véritable vent de modernité, en proposant aux fans des séquences d’action hallucinantes, ou chaque mouvement, chaque chorégraphie, chaque expression de l’action, mettaient à l’amende toute concurrence.

C’est bien simple, depuis quelques films, aucune licence d’action n’arrive à la cheville de Mission Impossible en termes de traitement de l’action. La course-poursuite en moto dans Fallout, la rampe dans Mission Impossible : Dead Reckoning ou encore l’avion dans Rogue Nation, Tom Cruise a mis en place, il faut bien l’avouer, des cascades absolument hallucinantes, qui ont fait les beaux jours de la licence.

Sauf que Mission Impossible : The Final Reckoning cherche à prendre à rebours les fans de la saga. Christopher McQuarrie et Tom Cruise optent pour une approche étonnement old school, qui vient prendre à contre-courant les récents exploits de la saga. Mission Impossible : The Final Reckoning est un film hybride, une œuvre somme, l’addition d’une licence qui dure maintenant depuis 30 ans. Avec Mission Impossible : The Final Reckoning, Christopher McQuarrie et Tom Cruise cherchent à revenir à un style plus ancien, qui se reconnecte avec le premier long-métrage de la licence : le polar boursouflé de Brian De Palma.

Mission Impossible : The Final Reckoning

Moins film d’action que thriller d’espionnage, Mission Impossible : The Final Reckoning se raccorde aux premiers pas de la franchise. Dans son esthétique, dans son approche résolument bavarde et explicative, dans son absence presque totale de séquences d’action, à travers des fans services plus ou moins crédibles, Mission Impossible : The Final Reckoning vient se relier constamment au film de De Palma. Même dans l’esthétique, Christopher McQuarrie cherche à donner à Mission Impossible : The Final Reckoning une identité plus proche du polar que du film d’action contemporain.

On retrouve ainsi les gros plans un peu désaxés sur des visages en sueur de politiciens dépassés par les événements, propres à l’imagerie de De Palma dans le premier Mission Impossible. C’est aussi un moyen de rappeler que la licence Mission Impossible est initialement adaptée d’une série TV des années 1960. Là encore, Christopher McQuarrie cherche à regarder dans cette direction, en accentuant le côté sériel de la licence cinématographique Mission Impossible et en mettant en scène un générique d’ouverture particulièrement vieillot. Pas certain que la démarche plaise à tous.

Christopher McQuarrie et Tom Cruise s’amusent tellement avec la nostalgie de la franchise qu’ils n’hésitent pas, de manière récurrente, à mettre en scène des flashbacks de la saga. On se retrouve ainsi avec des plans issus des autres films de la licence, pour essayer de jouer sur la corde sensible du fan hardcore. Parfois cela fonctionne et Mission Impossible : The Final Reckoning dégage quelque chose d’assez touchant ; parfois, au contraire, on a l’impression d’être enfermé dans un étalage égocentrique à l’effigie de la magnifique personne de Tom.

Mission Impossible : The Final Reckoning

Une désagréable sensation qui n’est pas aidée par un discours patriotique d’ouverture particulièrement nauséabond. Une trop longue tirade qui vient chanter les louanges de Ethan Hunt, comprendre Tom Cruise, et qui fait du personnage/acteur l’élu, le grand messie, le sauveur du monde moderne et de la paix internationale fragile. Un discours presque religieux, appuyé par la présence de l’Entité, cette intelligence artificielle plus proche d’une réincarnation divine que d’une technologie moderne, et par l’égo-trip d’un comédien qui ne semble plus faire la différence entre Tom Cruise et Ethan Hunt. 

Un mélange des identités qui s’accentue également par la scientologie de Tom Cruise. Cette notion d’élu, de destiné, de sauveur de l’humanité, raisonne involontairement et inévitablement avec les activités un peu sombres de Cruise. La radicalité religieuse qui s’insinue de manière dissimulée dans le film fait parfois carrément froid dans le dos, et nous rappelle à quel point Tom Cruise a un égo surdimensionné, et à quel point un film peut être un objet de propagande plus ou moins assumé. Mission Impossible : The Final Reckoning c’est un film par Tom Cruise, avec Tom Cruise et clairement POUR Tom Cruise. 

On s’ennuie gentiment

Mission Impossible : The Final Reckoning est donc un film hybride, qui ne sait pas réellement sur quel pied danser. Plus proche du thriller que du film d’action, on s’ennuie gentiment devant ce dernier tour de piste. Si ce n’est une séquence dans les airs (tellement teasée) très réussie, Mission Impossible : The Final Reckoning manque de grands moments d’action. C’est surtout une proposition extrêmement bavarde, sur-explicative, qui préfère se noyer dans un océan d’explications redondantes et surtout parfois inaccessibles pour toute personne qui n’est pas un agent secret, que de se concentrer sur ce qui faisait le sel de la saga ces dernières années : son approche de l’action totalement tonitruante.

Mission Impossible : The Final Reckoning

Tout le monde parle trop dans ce film, qui met des plombes à mettre en place des enjeux pourtant parfaitement identifiables. À cause de cette approche factuelle souvent éreintante, l’implication émotionnelle du spectateur est parfois difficile. Un comble alors que Mission Impossible : The Final Reckoning cherche à jouer sur la nostalgie de ses fans.

Malheureusement, le film de Christopher McQuarrie peine à créer de l’empathie pour ses personnages, qui sont, pour beaucoup, devenus des figures génériques. En témoigne Pom Klementieff, clichée d’un cliché déjà cliché à travers son personnage de tueuse froide et taciturne qui parle français avec Tom. Franchement, elle semble surtout vidée de toute essence. Reste Simon Pegg, qui, comme d’habitude, arrive à tirer son épingle du jeu.

Enfin, comme souvent dans la saga Mission Impossible, on repassera sur le traitement de la femme. C’est particulièrement problématique dans Mission Impossible : The Final Reckoning qui réduit tous ses personnages féminins à de simple faire-valoir d’un Tom Cruise en plein trip narcissique.

Bref, vous l’aurez compris, Mission Impossible : The Final Reckoning est une énorme déception. Peut-être même l’un des pires opus de la licence. Une œuvre interminable, inutilement bavarde, qui étire son récit pour finalement ne pas raconter grand-chose.

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