River Phoenix : une étoile filante à Hollywood

River Phoenix : une étoile filante à Hollywood

Il aurait eu 55 ans cette année. Révélé par Stand by Me, promis à une grande carrière, l’acteur prodige à la gueule d’ange et à la sensibilité atypique, fauché en pleine gloire à l’âge de 23 ans, nous a laissé des performances mémorables. De son enfance chaotique au Venezuela à son dernier souffle sur un trottoir de Sunset Boulevard, retour sur la vie et les rôles de River Phoenix.

Enfance

River Bottom naît le 23 août 1970 dans l’Oregon. Son prénom fait référence au Fleuve de la Vie du roman Siddhartha de Hermann Hesse. Il a 2 ans lorsque ses parents s’installent au Venezuela et rejoignent la secte tristement célèbre des « Enfants de Dieu », qui promeut l’amour libre en même temps qu’elle s’adonne au proxénétisme et à la pédophilie. River confiera en interview avoir lui-même été abusé sexuellement. Avec son frère Joaquin et ses sœurs Rain, Liberty, Summer et Jodean, ils connaissent la misère. Privé d’école, il lui arrive de chanter dans la rue pour subvenir aux besoins de la famille.

En 1977, la famille quitte la secte, rentre aux États-Unis et adopte le nom de Phoenix (symbole de renaissance). C’est à cette époque que, choqué par le sort réservé aux poissons sur un bateau de pêche, il décide en même temps que son frère et ses sœurs de devenir végan. Cet événement marque le début d’un engagement en faveur des droits des animaux.

Encouragé par ses parents, il se présente à des castings pour la télévision et obtient des petits rôles. Il donne notamment la réplique à Michael J. Fox dans un épisode de Family Ties, puis débute au cinéma dans le rôle d’un petit génie scientifique dans Explorers de Joe Dante. Mais c’est à l’âge de 15 ans qu’un film le révèle au grand public.

Chris Chambers

Adapté d’une nouvelle de Stephen King et réalisé par Rob Reiner, Stand by Me sort en 1986 et parle d’un groupe de jeunes garçons et de leur initiation aux grandes questions de la vie, lors d’un été pendant lequel ils partent à la recherche d’un cadavre en forêt. River y incarne Chris Chambers, avec qui l’acteur a quelques points communs : petit caïd à fleur de peau, issu d’une famille à problèmes, l’adolescent est responsabilisé de façon précoce et joue le rôle du grand frère de la bande. Le charisme de River et la maturité de son jeu crèvent déjà l’écran.

La même année, il enchaîne avec Mosquito Coast de Peter Weir, dans lequel il joue le fils d’Harrison Ford. C’est sur ce tournage qu’il rencontre Martha Plimpton, qui sera sa première copine et sa partenaire à l’écran dans À bout de course.

Danny Pope

C’est en 1988, à l’âge de 17 ans, que River Phoenix apparaît face à la caméra de Sidney Lumet, grand réalisateur américain connu notamment pour 12 hommes en colère. Dans À bout de course, il incarne Danny Pope, un personnage dont l’histoire fait là encore écho à la sienne de façon métaphorique : aîné de la famille, Danny subit le mode de vie de ses parents, activistes de gauche, poursuivis par le FBI après un attentat et contraints à déménager sans cesse.

Avec une simplicité et une force d’écriture remarquables, le film traduit la tension de ce personnage condamné au mouvement alors qu’il aimerait se sédentariser et vivre sa propre vie. Sensible, un peu absent, à la fois impétueux et responsable, l’adolescent bouleverse, et la performance de River lui vaudra une nomination pour l’Oscar du meilleur second rôle.

Plus tard, la scénariste Noami Foner Gyllenhaal, parlera de lui en ces termes :

« Il dégageait une pureté étonnante. On voyait bien qu’il n’était pas armé pour vivre dans notre monde. Son enfance en dehors du système a entraîné des lacunes à tous les niveaux, culturelles et affectives. Il n’avait pas de carapace et se retrouvait exposé bien plus que les autres aux menaces extérieures. Il était par exemple incapable de héler un taxi. Il se mettait au milieu de la rue et arrêtait les voitures qui manquaient de l’écraser. »

La même année, il lance avec sa sœur Rain le groupe de rock Aleka’s Attic, dans lequel il sera chanteur-guitariste et qui fera quelques tournées dans l’est des États-Unis.

Recommandé à Steven Spielberg par Harrison Ford lui-même, River mettra le pied dans l’univers d’Indiana Jones en interprétant non moins que le rôle-titre, dans le flashback racontant la jeunesse de l’aventurier et servant d’introduction à Indiana Jones et la Dernière Croisade.

Mike Waters

Dans My Own Private Idaho, sorti en 1991, Gus Van Sant adapte, avec le style poétique et austère qu’on lui connaît, des pièces historiques de William Shakespeare en les transposant à notre époque. River interprète Mike Waters, toxicomane homosexuel contraint de se prostituer pour survivre et souffrant de crises de narcolepsie. L’acteur se liera fortement d’amitié avec son partenaire à l’écran, Keanu Reeves. Innocent et idéaliste mais torturé dans son âme et dans son corps, Mike est l’un de ses plus beaux rôles. Pour s’y préparer, il passera plusieurs semaines dans un squat, où il touchera à l’héroïne pour la première fois, expérimentant ainsi le début de la fin.

Mort

Dans la nuit du 30 au 31 octobre 1993, devant une boîte de nuit tenue par Johnny Depp, River Phoenix est auprès de son frère Joaquin, sa sœur Rain, sa petite amie Samantha Mathis et son ami Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers) quand il s’effondre sur le trottoir, en arrêt cardiaque après avoir consommé un mélange de plusieurs drogues. Transporté d’urgence à l’hôpital, il décède à l’âge de 23 ans.

Pressenti pour incarner Arthur Rimbaud dans Rimbaud Verlaine, c’est finalement le jeune Leonardo DiCaprio, au commencement de sa carrière, qui reprendra le rôle du poète.

Par sa beauté, sa fragilité et son innocence, la personnalité de River Phoenix et son destin tragique se confondent avec ceux de ses plus beaux personnages. Joaquin Phoenix, aujourd’hui au sommet de la gloire, a tenu à citer son frère pour lui rendre hommage sur la scène des Oscars en 2020 :

« Cours après l’amour et la paix suivra. »

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Sources :

  • River Phoenix – Wikipédia
  • L’histoire tragique de River Phoenix, fauché en pleine gloire – Vanity Fair
  • À bout de course, River sans retour – Kessel

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