Warner Bros Games a de grands projets pour l’avenir. Le succès imposant d’Hogwarts Legacy, autour de l’univers Harry Potter, pourrait très vite entraîner la conception d’une suite. Pourtant, les dernières déclarations de l’éditeur pourraient transformer radicalement le second volet, s’il voyait le jour…
Au début du mois, Warner Bros Games avait répondu quant à l’échec de Suicide Squad : Kill the Justice League. Cependant, la réponse de l’éditeur n’a fait qu’entraîner l’incrédulité et la stupeur des fans devant la volonté de poursuivre dans les jeux services (Gaas) et les free-to-play.
« Nous redoublons d’efforts sur les jeux car nous pensons qu’il y a beaucoup plus d’opportunités de croissance que nous pouvons exploiter avec les licences et certaines des capacités dont nous disposons dans nos studios. Plutôt que de simplement lancer un jeu unique sur console, comment pouvons-nous développer un jeu autour, par exemple, d’un Hogwarts Legacy ou de Harry Potter, qui soit un jeu service où les gens peuvent vivre, travailler, construire et jouer dans ce monde ? De manière continue ? » (J.B. Perrette pour Gamespot)
Le modèle de service en direct a reçu beaucoup de plaintes au cours de la dernière décennie, souvent qualifié de stratégie avare, cupide et lucrative sans générer de passion. En effet, les jeux en direct sont généralement conçus dans un but de doubler le gain d’argent, mais la plupart ne sont pas fondamentalement mauvais lorsqu’ils s’assument comme tels.
Cependant, pour beaucoup, la défaite commerciale de Suicide Squad est arrivée uniquement par son identité de jeu-service qui ne collait pas à l’image du talent des développeurs derrière le titre. Plusieurs projets vidéoludiques deviennent ainsi l’objet d’inquiétudes pour les joueurs. Si c’est le cas pour Wonder Woman, pour lequel l’équipe derrière le mitigé Gotham Knights apportera son aide, la peur vient surtout pour une probable suite de Hogwarts Legacy.
Le destin d’Hogwarts Legacy 2 semble certain !
Petite surprise du RPG fondée avant tout pour les fans d’Harry Potter et pas seulement les joueurs assidus, le jeu développé par Avalanche Software s’est vendu à plus de 22 millions d’exemplaires dans le monde. Un score hallucinant, dont l’éditeur prétend que le résultat est dû au hasard. J.B. Perrette, directeur de Warner Bros Discovery, reconnait le succès incontestable de Hogwarts Legacy, bien que selon lui, un tel produit du genre est un pari sur un marché « trop volatile ».
Il ne fait alors aucun doute que la suite d‘Hogwarts Legacy se transformera en un jeu service. Suite qui semble déjà prochainement entrer en phase de production, puisque l’éditeur avait diffusé une offre d’emploi pour un gros projet ambitieux. Car oui, l’entreprise recherche actuellement un « Lead/Advanced Technical Artist » pour rejoindre Avalanche Software. L’annonce mentionne une forte expérience d’Unreal, précisant que le salarié travaillera sur un « titre AAA de haut niveau ». Beaucoup de fans stipulent déjà l’imminente annonce d’un Hogwarts Legacy 2 (qui s’octroiera sûrement un nouveau titre).
Comprendre le jeu service
Toutefois, le véritable problème vient de cette obstination pour les Game as A Service, qui causa l’échec de nombreuses productions, dont Suicide Squad : Kill the Justice League, demandant une grosse implication financière de la part de Warner Bros. Certes, du côté de Playstation, Helldivers II est un immense succès avec plus de 8 millions de ventes, mais il reste avant tout un jeu d’action coopératif conçu dans le seul but de s’amuser. Cela fonctionne car il ne dispose pas d’un réel schéma narratif, permettant à ses créateurs de glorifier finement son gameplay dantesque.
La fondation d’un Jeu Service n’est pas une mince affaire et cela pourrait entraîner un énorme déficit pour Warner Bros, tant il faut gérer la présence des joueurs, mais aussi leur ténacité autour d’un contenu solide. Dans le cas d’Hogwarts Legacy, il ne s’agirait pas seulement d’extensions de gameplay ou de nouvelles zones explorables, mais bien de l’ajout de nouveautés scénaristiques. Un tout qui représente beaucoup d’argent et des salariés prêts à y travailler pendant de nombreuses années, courant le risque de voir le navire couler avant d’amarrer à son port. Il n’est pas certain que Gringotts donne généreusement de l’argent, même si le projet pouvait être honorable.
Récemment, le premier volet ajoutait du contenu supplémentaire afin d’alimenter le jeu solo. Après tout, Hogwarts Legacy se termine à 100 % en une quarantaine d’heures et le choix de la maison (Gryffondor, Serpentard, Poufsouffle et Serdaigle) ne justifie pas nécessairement une seconde partie. Mais ce qui est plus facile à mettre dans un contenu solo est plus laborieux dans un propos online. En effet, la particularité du Jeu Service est d’être intégralement en ligne.
Les avantages et les inconvénients d’un projet sur longue durée
L’élaboration d’un free-to-play ou d’un GAAS est toujours le fruit d’une étude économique, l’objectif étant d’être rentable en priorité. Pour ce faire, il faut toujours proposer le meilleur pour les joueurs, quitte à redoubler de vigilance. Les tendances et les plaisirs des joueurs peuvent s’interrompre à tout moment, et un contenu pouvant diviser pourrait réduire la fréquentation du titre. Le fantasme du succès de Fortnite n’est jamais loin.
Néanmoins, transformer Hogwarts Legacy 2 pourrait être un challenge bienfaisant pour l’éditeur, invitant les fans à vivre plusieurs années au sein de l’école de sorcellerie la plus célèbre au monde. Dans l’univers créé par l’autrice controversée J.K. Rowling, sept années sont requises pour être diplômé de Poudlard. L’élaboration d’un Jeu Service pourrait permettre, par exemple, la conception du projet sur 7 ans, permettant une durée de vie quasiment infinie, mais qui pourrait frôler la lassitude.
Ce serait le moment opportun pour les développeurs d’Avalanche Software d’accentuer le système de choix de dialogue, afin de faire tourner son sorcier du bon ou du mauvais côté. Faire en sorte que son personnage finisse en Aurors ou en Mangemorts (si Voldemort entre en scène) pourrait convaincre tout le monde de persévérer pour le résultat triomphant de voir une évolution marquée et mise en place au cours des années.
Malheureusement, cela pousserait les employés à travailler à plein temps sur plusieurs années autour du projet, tout en analysant régulièrement ce qui plaît aux fans et ce qui pourrait déplaire. Une idée compliquée par l’évolution constante du jeu vidéo. Pour exemple, les mondes ouverts de The Legend of Zelda Breath of the Wild et Elden Ring ont rendu obsolètes certains d’entre eux, comme le récent Rise of the Ronin ou l’antipathique Forspoken. Le premier Hogwarts Legacy avait lui-même reçu des avis négatifs de certains joueurs, lui reprochant un open world trop générique. Pour couronner le tout, il est plus simple de suivre l’actualité d’une série télévisée pendant de nombreuses années que d’être connecté non-stop au même projet vidéoludique.
Trouver l’argent ailleurs à n’importe quel prix
Seulement voilà, l’aboutissement d’un tel projet va devoir justifier une offre et une demande auprès des joueurs et des éditeurs. De nombreuses possibilités offertes par le premier volet risquent d’être impossibles sans l’utilisation du porte-monnaie du public. En explorant Poudlard et ses environs, tout le monde pouvait mettre la main sur de nouveaux sortilèges, des cosmétiques et des objets assez utiles. Le tout gratuitement ! Si Hogwarts Legacy 2 s’avère devenir un jeu service, il monétisera une (trop) grande partie de ses produits cosmétiques et de ses sortilèges.
L’exploration pourrait devenir illégitime, puisque les récompenses pourraient prendre le chemin des loots (les boîtes contenant des éléments aléatoires). Malheureusement, les jeux services prospèrent souvent par les achats intégrés du public (en plus de vendre l’œuvre au prix fort). Pire encore, Hogwarts Legacy 2 pourrait craindre de devenir un Pay-to-Win, facilitant grandement le titre en payant le maximum.
Enfin, un achat qui pourrait s’avérer problématique auprès de la population viendrait d’un bon fournisseur de réseau. Tous les joueurs n’ont pas forcément une connexion internet haut débit permettant les fréquentes mises à jour. Cela pourrait devenir handicapant, d’autant que les jeux services demandent généralement une connexion Wi-Fi obligatoire (même en jouant seul) ! A chaque fois que la communauté apprend une annonce comme celle-ci, cela répand une série de polémiques et de boycott.
Et ce n’est pas pour une raison anodine, puisqu’on constate très souvent des problèmes de serveurs, connus pour planter au lancement d’un jeu. Il suffit de voir les réseaux incapables de prendre tous les joueurs dans Helldivers II ou le premier jour loupé de Suicide Squad. Ce type de projet nécessite que tout le monde soit connecté à Internet à tout moment, risquant de bloquer la progression en cas d’imprévu. Qui plus est, la gestion d’un serveur multijoueur n’est pas gratuite, surtout si le nombre d’utilisateurs devient légion. Une augmentation de cosmétiques tarifés deviendrait imminente.
L’avantage du jeu solo
Finalement, il existe un point que le jeu solo garantit contrairement au multijoueur, c’est celui de suivre son propre parcours. Il est important pour un joueur de voir la conclusion du titre et de lui garantir un sentiment d’avancement, ce qui peut s’avérer compliqué si la durée du titre devient infinie. De plus, tout le monde peut avancer à son rythme, ce qui n’est pas le cas d’un jeu service qui dispose d’une feuille de route. Récemment, Skull and Bones prévoit de changer ses événements et ses missions tous les trois mois afin d’offrir du contenu régulier.
Par conséquent, si un joueur cesse son engagement, il peut rater des objectifs qui pourraient apporter des améliorations non négligeables pour son avatar. Ce problème en solo se résout par le fait que l’intrigue n’avancera pas tant que son participant n’est pas impliqué, lui permettant donc arrêter quand il veut.
D’autre part, l’épilogue d’un Gaas narratif peut être particulièrement pénible à atteindre, surtout si l’éditeur met fin au projet à la moindre déception boursière. Preuve en est, la quête des 13 Brainiacs à tuer dans Suicide Squad pourrait ne jamais se concrétiser à cause de la chute commerciale de l’œuvre. Hogwarts Legacy 2 pourrait très vite énerver son public par l’absence pure et simple d’une fin méritée en cas de soucis avec les enjeux économiques du titre.
Hogwarts Legacy est un projet solo narratif avant d’être un immense succès. Si Warner Bros Games délaisse le solo pour une probable suite, l’éditeur devra prendre en compte les nombreuses lacunes d’un titre en perpétuel changement. En outre, il paraît tout simplement impossible de retirer une intrigue narrative à un jeu qui permet à son public l’immersion la plus totale. Pour faire simple, transformer l’Héritage de Poudlard en free-to-play ou multijoueur est une idée trop compliquée à matérialiser… A moins que les développeurs trouvent une solution pour contourner ce débat enflammé !
Bande-annonce Hogwarts Legacy
Sources :
2 Replies to “« Hogwarts Legacy 2 » : Et si la suite était déjà condamnée à finir comme « Suicide Squad » ?”