Lorsque la Seconde Guerre mondiale se termine en 1945, les puissances alliées commencent immédiatement à traquer les anciens nazis. Parmi ces derniers, on trouve notamment les officiers de la SS. Au départ simple police militaire du parti nazi, la SS est devenue un véritable organisme autonome. Ses membres, considérés comme le « pire » des nazis, sont particulièrement recherchés. C’est alors un bête détail qui aura trahi certains…
La Schutzstaffel
Fondée une première fois dans les années 1920, la Strosstrupp est une simple garde rapprochée. Au départ, elle n’est composée que de huit membres chargés de protéger la vie du dirigeant du parti allemand NSDAP : Adolf Hitler. Suite au putsch raté de ce dernier en 1925, le parti nazi est interdit en Allemagne ainsi que ses corps « armés ».
Pourtant, la même année, il fonde sa remplaçante : la Schutztaffel ou « SS« . Cette dernière assure toujours la protection rapprochée du leader tandis que l’autre groupe, la SA, est le bras armé du parti nazi. La SA est plus généraliste et la SS se veut plus élitiste.
Mais toujours en 1925, Hitler annonce que chaque section du parti nazi disposera de son propre service de sécurité. Ainsi, la SS s’agrandit largement et n’est plus limitée géographiquement. Dès 1928, on compte presque 300 SS tandis que les SA sont plusieurs dizaines de milliers.
Ces évolutions seront immensément plus grandes dans les années suivantes. La SS devient de plus en plus élitiste pour se démarquer de la SA. On examine les nouveaux arrivants, leur généalogie ainsi que celle de leur future épouse. On veut s’assurer de l’apparence. Les membres sont tous aryens, propres sur eux et bien habillés par Hugo Boss.
Lors de l’élection d’Hitler à la chancellerie en 1933, les SA sont trois millions contre 52000 membres pour la SS.
Durant la guerre
Durant la Seconde Guerre mondiale, la SS devient un État dans l’État. Son dirigeant, Heinrich Himmler, est l’un des dix plus hauts dignitaires nazis. A la tête de la SS, il dirige alors tous les organes de police du Troisième Reich. Mais cela va encore plus loin. La SS se divise en trois corps :
- L’Allgemeine SS, service politique, administratif et policier de la Schutzstaffel.
- Les SS-Verfügungstruppe, troupes armées de la Schutztaffel qui deviennent par la suite Waffen-SS lors de la Seconde Guerre.
- Les SS-Totenkopfverbände, gestionnaires des camps de concentrations et d’exterminations.
En plus de ces corps, on retrouve des organismes dépendants de la SS comme la Gestapo (police politique) ou le Sicherheitsdienst (service d’espionnage). Nul besoin de rappeler les nombreuses exactions commises par tous ces « corps »…
Après la Guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, les puissances alliées cherchent à établir des degrés de responsabilité. En partant du principe que tout soldat allemand est un nazi, on décide que le SS est un nazi d’élite ou « fanatique ». De fait, sa responsabilité dans les plus grands crimes commis par le régime dépasse largement celle du soldat de base de la Wehrmacht . Se pose alors le souci de bien identifier les « SS » parmi tous les individus arrêtés.
C’est alors un bête détail qui va les trahir. En effet, les SS avaient cette particularité d’être tatoué sous l’aisselle. Ce tatouage, baptisé « Kainsmal », est un marquage du groupe sanguin de l’individu qui, en cas de blessure lourde, pourrait être perfusé rapidement avec le bon sang correspondant. Ainsi, lors de la capture de troupes allemandes, les alliées forcent les individus à défiler torses nus et bras levés pour constater ou non la présence du tatouage.
Sauf qu’en réalité ce tatouage n’était pas seulement fait aux SS mais bien au moins à tout membre de la police allemande… Dans la précipitation, le gouvernement français voulait un critère symbolique pour traquer les SS mais il s’est planté. De plus, on constate rapidement que durant les dernières années de la guerre, on enrôlait de tout dans ce « corps d’élite du Reich ».
Ainsi, on retrouve des sportifs de haut niveau, des soldats de la Wehrmacht aux bons états de service ou encore des pompiers. On ne leur demandait pas leur avis et hop, ils devenaient membres de la Schutztaffel. La France mettra deux ans pour établir qu’en effet, le tatouage du groupe sanguin et l’appartenance globale à la SS ne suffisait pas à établir une culpabilité ou l’expression d’un « fanatisme nazi ». De plus, certains SS eux-mêmes n’avaient pas réalisé le tatouage…
Le cas Mengele
Josef Mengele, ô combien célèbre pour avoir été un tortionnaire et « médecin » nazi ayant expérimenté directement sur des sujets humains, est un cas notable de cette « bourde ». En effet, ce dernier est fait prisonnier après la guerre. Lors de son enregistrement, on ne constate pas ce célèbre tatouage et on le prend pour un simple médecin de la Wehrmacht. Il est relâché un mois plus tard et s’enfuit en Argentine en juillet 1949. Là-bas, il coulera des jours paisibles jusqu’à se noyer à cause d’une attaque alors qu’il se baignait tranquillement près de Sao-Paulo en 1979. Il ne sera jamais jugé pour ses atrocités alors même que celui-ci était un capitaine largement décoré de la Schutztaffel.
Ainsi, ce détail qui devait être un atout majeur pour l’identification des criminels SS n’était en réalité qu’un leurre.
Sources :
- CAIRN – Les autorités françaises face aux prisonniers de guerre allemands SS (1944-1948)
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