À l’occasion d’une rétrospective Wong Kar-Wai à la Filmothèque du Quartier Latin, nous avons pu découvrir Les anges déchus, son film de 1997 dans une version restaurée en 4K. Dans ce film, on suit 3 personnages perdus : un homme et une femme qui forment une équipe de tueurs à gages, mais qui ne se voient jamais ; ainsi qu’un jeune muet loufoque. Leurs chemins s’entrecroisent et on suit leur quotidien.
Tranches de vies
Les anges déchus nous présente ses personnages un par un. Ils sont tous liés par quelque chose. On navigue aisément entre chacun de leurs parcours, s’entremêlant parfois. Les personnages s’expriment très peu (il y en a même un qui est muet) mais cela est contrebalancé par leurs voix off omniprésentes. Dans leur univers étrange, on navigue et on se laisse porter.
Chacun en est à un point de sa vie où il veut changer, évoluer. On les voit passer de galère en galère, de rencontre en rencontre, d’émotion en émotion. La solitude les entoure et les pèse et ces âmes perdues se retrouvent à mi-chemin.
Tout est fait avec fluidité, on passe d’un parcours à l’autre naturellement. L’écriture des personnages est fine, ni trop ni trop peu. On s’attache à eux instantanément ainsi qu’aux personnages secondaires qu’on croise en chemin. Chaque personnalité rayonne et trouve sa place, sans qu’aucune ne marche sur l’autre. Des personnages qu’on ne risque pas d’oublier et qui sont campés par des acteurs stellaires.
Dramatique, drôle et touchant
Nos trois gaillards vacillent entre plusieurs émotions, et chacun d’entre eux apporte quelque chose de différent à l’histoire. Si les tueurs à gages apportent une sorte de mysticisme, le muet apporte un aspect plus drôle. Ces personnages en perdition nous font passer par toutes les émotions. La morale de l’histoire ? On ne sait pas vraiment, mais on pense que la vie est une succession de petits moments de solitude et de liesse. C’est ce qu’est ce film en tout cas.
La mise en scène aime jouer avec plusieurs effets de style. Tout commence sur un plan-séquence en montage alterné, particulièrement réussi. On aime aussi multiplier les angles de vues avec pertinence. La musique est également très importante et nous guide tout au long du récit. On a le style habituel de Wong Kar-Wai dans un film choral qui nous présente des tranches de vies sans réel but. Mais c’est bon, c’est beau et ça en dit long sur nos quotidiens.
Les anges déchus est un très bon film des années 90, une petite pépite venue tout droit de l’esprit de Wong Kar-Wai. Parfait pour passer un moment agréable et réfléchir sur la vie. Vous pourrez le (re)découvrir à la Filmothèque du Quartier Latin le 24 mai à 19h10.