On sait que durant la Seconde Guerre mondiale, deux camps sont opposés : les Alliés et les forces de l’Axe. Mais saviez-vous qu’à la fin de la guerre, deux armées issues de ces deux camps se sont alliées ? Voici l’histoire de la bataille du château d’Itter, lorsque les Américains et les Allemands ont combattu côte à côte contre les nazis en Autriche.
Les prisonniers d’Itter recherchent des alliés
Le château d’Itter est réquisitionné le 7 février 1943 par le SS Oward Pohl, sur ordre du Reichsführer-SS Heinrich Himmler. En avril 1943, la bâtisse devient un camp annexe à celui de Dachau.
Pourquoi Himmler, haut dignitaire nazi, a-t-il décidé de réquisitionner ce château ? Pour y enfermer les prisonniers de guerre importants, des personnalités de premier plan. Au sein de ce château, on y trouve par exemple : Maurice Gamelin, l’ancien commandant de l’armée française entre 1939 et 40 ; Édouard Daladier, président du Conseil Français ; mais aussi Marie-Agnès Cailliau, la sœur ainée du Général de Gaulle.
À l’aube du 4 mai 1945, les prisonniers se rendent compte que les SS qui surveillaient la prison se sont enfuis. Une fuite qui s’explique par la défaite imminente de l’Allemagne. Les prisonniers décident alors de s’armer et d’écrire un message à l’attention des forces alliées présentes dans le secteur, mais ils craignent le retour des forces SS d’ici quelques jours. Les prisonniers envoient un cuisinier autrichien, du nom d’Andreas Krobot, pour délivrer aux alliés le message écrit sur un morceau de papier.
Malheureusement, le jeune cuisinier autrichien arrive dans la ville de Wörgl, une ville où siègent les Waffen-SS. Ces derniers n’hésitent pas à tirer sur tout ce qui bouge, même sur ceux qui souhaitent se rendre. Mais par chance, Andreas Krobot parvient à rencontrer des membres de la Résistance. Et la résistance est menée par Josef Gangl, commandant des restes d’une unité de soldats de la Wehrmacht. Ce dernier est alors considéré comme un véritable héros du IIIème Reich pour avoir survécu à Stalingrad et au débarquement. Cependant, il ne participe pas aux tueries des Waffen-SS, qu’il juge inhumaines et cruelles.
L’alliance avec les Américains : la mise en place de la mission de sauvetage
Après avoir pris connaissance de la situation, Josef Gangl monte dans un véhicule allemand léger et part à la recherche de troupes alliées qui peuvent lui prêter main forte.
Une heure après son départ de Wörgl, le commandant de la Wehrmacht arrive à Kufstein, une petite bourgade autrichienne. Dans cette dernière se trouve un contingent de soldats de l’US Army. Josef Gangl reçoit un sacré accueil à son arrivée : quatre chars Sherman du 23e bataillon de chars, ainsi que des soldats américains l’accueillent avec leurs armes braquées sur lui.
Il rencontre le capitaine John. C. Lee. Le major allemand explique alors la situation au capitaine américain dans un anglais approximatif.
Il donne ensuite le morceau de papier que lui a donné Andreas Krobot. John. C. Lee décide de préparer une mission de sauvetage. Josef Gangl le rejoint. À eux deux, appuyés par leurs hommes, ils sont résolus à libérer les prisonniers du château d’Itter.
Le 5 mai 1945, la bataille « la plus étrange » a lieu
Dans la soirée du 4 mai 1945, les soldats allemands et américains arrivent au château. Le capitaine Lee prend le commandement des troupes. Les prisonniers ont décidé de s’ajouter à ces dernières. Au cours de la nuit, le commandant Gangl et le capitaine Lee se partagent leurs souvenirs de guerre.
Au lever du matin, entre 100 et 150 soldats SS de la division Götz von Berlichingen lancent une attaque contre le château. Avant d’essuyer les tirs, le major Gangl a pu appeler du renfort. Néanmoins, au fil du temps, les renforts n’arrivent toujours pas et les munitions des défenseurs du château commencent à s’amoindrir dangereusement.
Finalement, aux alentours de 16h00, le capitaine Lee soupire de soulagement. Il entend au loin le bruit de l’artillerie américaine, qui se rapproche de plus en plus. Les renforts arrivent et les prisonniers sont sains et saufs. Une centaine de soldats de la Waffen-SS sont arrêtés après la bataille. Dans le camp des allemands-américains, on ne déplore aucune victime. Exceptée une : Josef Gangl a été abattu par un sniper nazi.
La bataille du château d’Itter est entrée dans l’histoire comme étant la bataille « la plus étrange » de toute la Seconde Guerre mondiale. Cette bataille n’est pas des plus connues, mais elle rappelle que même en temps de guerre, les hommes et femmes de toutes nationalités peuvent arriver à se comprendre et à se battre ensemble contre un ennemi commun.