« Un simple accident » : c’est quoi ce film de Jafar Panahi, sacré Palme d’Or 2025 ?

Les jeux sont faits pour le festival de Cannes 2025 ! Après deux semaines de festivités, de paillettes, de défilés de stars et de spéculations sur quel film obtiendra le prix le plus prestigieux, la Palme d’Or a finalement été accordée à Un simple accident de Jafar Panahi. Dans ce film, nous suivons le parcours d’anciens détenus, qui souhaitent se venger de leur ancien tortionnaire… 

Synopsis : Vahid, un mécanicien automobile Azerbaïdjanais, a autrefois été emprisonné et malmené par les autorités iraniennes. Un jour, alors qu’il croit reconnaître Eghbal, son ancien tortionnaire, il décide d’enlever ce dernier afin de se venger. Ayant toutefois des doutes sur l’identité de l’homme qu’il vient d’enlever, Vahid fait appel à d’ancien codétenus, afin de confirmer son identité. Un tribunal populaire s’improvise alors entre ces ancien.n.es prisonnier.ère.s, qui hésitent quant au sort d’Eghbal…

Jafar Panahi : une référence du cinéma iranien 

Jafar Panahi est sans conteste l’un des cinéastes iraniens les plus importants de sa génération. Récompensé dans les plus grands festivals internationaux tout en étant censuré dans son propre pays, il fait partie de ces voix qui incarnent la résistance artistique face à la répression politique en Iran. Il n’est évidemment pas le seul dans cette situation (on se rappelle du chef-d’œuvre Tatami, sorti en 2024), mais Panahi est une des voix les plus audibles concernant la situation en Iran.

Le réalisateur n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai concernant le festival de Cannes, puisqu’il avait déjà été récompensé en 1995 par la Caméra d’Or, pour son long-métrage Le Ballon blanc. À cela s’ajoutent le Lion d’or de la Mostra de Venise pour Le Cercle en 2000, l’Ours d’or du meilleur film du festival de Berlin pour Taxi Téhéran en 2015, ou bien encore récompensé à Cannes en 2018, avec le prix du scénario pour Trois Visages. Mais jusqu’ici, Jafar Panahi n’avait pas été honoré par la récompense ultime du festival de Cannes : l’emblématique Palme d’Or. C’est maintenant chose faite, et c’est probablement amplement mérité.

Un simple accident : un film tourné clandestinement 

« Les gens au pouvoir nous accusent de faire des films pour les festivals étrangers. Ils se cachent derrière des murs politiques et ne disent pas que nos films ne sont jamais autorisés à être diffusés dans les cinémas iraniens… »

Jafar Panahi dans un média iranien, dans des propos rapportés par l’Agence de presse de la République islamique (IRNA) 

Tels sont les mots de Jafar Panahi après l’obtention de son Ours d’Or pour Taxi Téhéran. Il faut dire que le réalisateur est persécuté depuis de nombreuses années par le pouvoir iranien. Depuis 2010, Panahi est interdit de réaliser des films. Malgré cela, il continua à exercer son métier avec cœur et militantisme, nous offrant des films généralement très bien reçus par la critique.

Un simple accident n’a ainsi pas dérogé à la règle du tournage clandestin. En effet, selon la station d’opposition iranienne Radio Farda, Panahi a tourné le film sans la moindre autorisation de tournage de la République islamique. Autorisation qu’il n’aurait probablement jamais reçue de toute façon, au vu de l’hostilité manifeste entre Panahi et la dictature iranienne. De surcroît, les actrices du film ne portaient apparemment pas le hidjab, pourtant obligatoire selon les lois oppressives qui touchent particulièrement les femmes dans ce pays. Bref, Un simple accident est un film contestataire à chaque niveau de sa création…

Pour rappel, Jafar Panahi avait été arrêté en 2022 par le pouvoir iranien et jeté en prison. Une décision violemment critiquée par la communauté internationale à l’époque. Il fut heureusement libéré après environ sept mois de détention, alors que le réalisateur avait entamé une grève de la faim. On ne peut donc qu’être heureux de le voir de retour à la réalisation et récompensé par cette Palme d’Or 2025. Un simple accident sortira au cinéma en France le 10 septembre 2025 et on a d’ores et déjà très hâte de le découvrir.

Ne manquez aucun article : abonnez-vous gratuitement à Cultea sur Google News