« Tatami » : une danse aussi addictive qu’éprouvante ! [Critique]

"Tatami" : une danse aussi addictive qu'éprouvante ! [Critique]

Un message politique percutant, de longues chorégraphies où s’entrechoquent les cris de douleur des judokates sous un noir et blanc léché… Retour sur le merveilleux Tatami, une coréalisation signée Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv où « hajime » rime avec liberté ! 

La performance sportive : une véritable prise de position !  

Synopsis : « La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent au championnat du monde de judo avec l’intention de ramener la première médaille d’or de l’Iran. Au milieu de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et de perdre. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila est confrontée à un choix impossible : feindre une blessure et se plier au régime iranien, comme Maryam l’implore de le faire, ou les défier tous les deux et continuer à se battre pour remporter l’or. »

Tatami nous plonge ainsi dans l’histoire d’une judokate iranienne du nom de Leila Hosseini. Une combattante qui sous les traits de la flamboyante Arienne Mandi brandira son kimono comme le dernier étendard d’une femme qui se dressera contre tous. De son entraîneuse, jusqu’à son propre pays.

Un cri du cœur sublimé par une photographie soignée ainsi qu’un rythme en temps (presque) réel effréné. La force de Tatami repose sans aucun doute sur sa capacité à accrocher les spectateurs à la détermination de Leila, de transformer le combat de cette sportive en un hymne, une revendication universelle aussi bien féministe que libératrice. Une mise en scène du plan rapproché, une parfaite alchimie entre politisation et cinématographie qui parvient alors à plonger l’autre côté du quatrième mur dans un état constant d’anxiété et de fascination. Un véritable thriller où l’espace cinématographique, enfermé dans un format 4/3, reflète avec brio l’étouffement de Leila.

Tatami est un film puissant qui par son habile scénario oppose sans aucun jugement deux points de vue, deux réactions face à l’intimidation. Celui de Maryam Ghanbari (Zar Amir Ebrahimi), entraineuse et ancienne judokate, contre celui de Leila, héritière de ses enseignements. L’une animée par la peur, l’autre par l’opposition. Personne à pointer du doigt mis à part le système oppressif dont elles sont toutes deux victimes.

Tatami
Affiche officielle pour Tatami.

Une pointe de Fosse, un soupçon de Scorsese… Un tout pour Tatami  

Que se passerait-il si on mélangeait la mise en scène de Raging Bull (Martin Scorsese) avec cette façon si singulière qu’avait Bob Fosse de découper les corps en mouvement à travers son art du montage ? Probablement un film comme Tatami.

Une œuvre où la performance sportive est chorégraphiée au millimètre près et où le combat devient plus qu’un simple affrontement pour une médaille d’or. Celui-ci en effet, au rythme de la tension narrative, s’étire et s’intensifie. De simples expéditions quand tout se déroule parfaitement, jusqu’au dernier duel de gladiatrices quand Leila se retrouve à porter sur ses épaules le prix de son acte de rébellion. Le temps commence à se ralentir et les mouvements s’allongent tandis que le souffle de la judokate embrouille l’audition de celui qui regardera ce film en priant pour sa victoire.

Zar Amir Ebrahimi est Maryam Ghanbari tandis qu’ Arienne Mandi est Leila Hosseini ©Juda Khatia Psuturi

L’enjeu de visionnage ? Sortir de la séance aussi épuisés que si nous avions nous-même lutté. L’or n’est pas autour du cou, elle se trouve dans la voix qui décide de ne plus se taire. Une réécriture du culte de la performance sportive au féminin que nous attendions depuis longtemps.

Alors oui, Tatami est long et répétitif dans son premier tiers. La faute à peut-être une construction narrative légèrement mécanique malgré son brio. L’action ne démarre que quand l’ultimatum tombe. Un léger défaut qui s’estompe rapidement au rythme des « hajime » et « ippon » de plus en plus voraces.

Tatami, l’histoire d’un combat mais aussi d’un espoir, aussi bien dans le film qu’à travers cette collaboration inédite entre un réalisateur israélien (Guy Nattiv) et une réalisatrice iranienne (Zar Amir Ebrahimi). Un film toujours à découvrir actuellement en salles. 

Sources :

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