16 janvier 1979 : le Shah d’Iran quitte le pays, prélude à la révolution islamique

16 janvier 1979 : le Shah d'Iran quitte le pays, prélude à la révolution islamique

Le 16 janvier 1979, Mohammad Reza Pahlavi, Shah d’Iran, quitte son pays sous la pression croissante d’un mouvement révolutionnaire. Cet exil marque une étape décisive vers la révolution islamique, qui transformera profondément l’Iran et aura des répercussions mondiales, jusqu’à aujourd’hui. 

Un régime autoritaire contesté

Depuis son accession au trône en 1941, Mohammad Reza Pahlavi dirige l’Iran avec une poigne de fer, s’appuyant sur la SAVAK, sa police secrète, pour réprimer toute opposition. Son programme de modernisation rapide, connu sous le nom de « Révolution blanche », visait à occidentaliser le pays, mais provoqua des mécontentements, notamment parmi le clergé chiite et les populations rurales.

Les inégalités sociales croissantes, la corruption du régime et la suppression des libertés politiques alimentent un mécontentement généralisé. Dans ce contexte très tendu, des figures religieuses, comme l’ayatollah Khomeini, exilé en 1964, deviennent alors des symboles de la résistance contre le Shah.

Le départ du Shah : un tournant révolutionnaire

Face à des manifestations massives et à une opposition de plus en plus organisée, le Shah décide de quitter l’Iran le 16 janvier 1979, officiellement pour des raisons médicales. Son départ est perçu par beaucoup comme une fuite, laissant un vide de pouvoir dans le pays. À peine deux semaines plus tard, le 1er février, l’ayatollah Khomeini revient triomphalement en Iran, après 15 ans d’exil, galvanisant les foules et consolidant le mouvement révolutionnaire.

Le 11 février 1979, le régime monarchique s’effondre officiellement, et la République islamique d’Iran est proclamée, instaurant un nouveau système politique basé sur les principes du chiisme duodécimain. Cette révolution iranienne bouleverse l’équilibre géopolitique du Moyen-Orient. L’Iran, auparavant allié stratégique des États-Unis, devient un fervent opposant à l’influence occidentale dans la région. La prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran en novembre 1979 (merveilleusement retranscrite dans le film Argo) illustre cette rupture et conduit à une crise diplomatique majeure.

Ainsi, la révolution islamique de 1979 transforma radicalement la société iranienne, instaurant des lois basées sur la charia et modifiant les structures sociales, politiques et économiques du pays. Des changements qui allaient se traduire par un dénigrement constant des libertés individuelles…

Les dérives autoritaires de la République islamique

Après la chute du Shah, l’ayatollah Khomeini met en place un régime théocratique où le Guide suprême concentre un pouvoir quasi absolu. Cette centralisation du pouvoir s’accompagne de la répression systématique des opposants politiques, qu’ils soient laïcs ou membres de minorités ethniques et religieuses.

Des milliers de dissidents sont emprisonnés, torturés ou exécutés, notamment lors des purges massives des années 1980. Les médias sont placés sous un contrôle strict et la liberté d’expression est sévèrement restreinte. Des figures comme Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix en 2003, dénoncent ces atteintes aux droits humains et appellent à des réformes démocratiques.

L’État islamique contrôle également étroitement la vie privée des citoyens. Les lois basées sur la charia régissent des aspects aussi variés que l’habillement, les interactions sociales et la consommation d’alcool, imposant un cadre moral extrêmement rigide à la société iranienne. Sans surprise, les restrictions organisent également la censure d’Internet et des réseaux sociaux, ainsi que l’interdiction de nombreuses formes d’art et de musique jugées « non islamiques ». L’un des récents témoins de l’art face à la dictature iranienne, est le merveilleux film Tatami.

Droits des femmes : entre régression et résistance 

L’un des impacts les plus visibles de la révolution est le recul très net des droits des femmes. Sous le régime du Shah, malgré les inégalités persistantes, les femmes bénéficiaient d’une certaine liberté vestimentaire et d’un accès croissant à l’éducation et à l’emploi. Après 1979, le port du hijab devient obligatoire, et de nombreuses libertés acquises sont retirées. Les lois de la République islamique relèguent les femmes à un statut légal inférieur.

Malgré ces limitations, les femmes iraniennes résistent activement. Elles jouent un rôle crucial dans les mouvements de protestation, comme celui de 2017-2018 contre le port obligatoire du voile. Des figures emblématiques, telles que Masih Alinejad, militent depuis l’exil pour la liberté vestimentaire et les droits des femmes, amplifiant la voix des résistantes à travers les réseaux sociaux. Plus récemment, en 2024, une jeune étudiante s’est baladée publiquement en sous-vêtements, en signe de protestation pour les droits des femmes.

L’Iran post-1979 est ainsi marqué par des contradictions : d’un côté, un régime intégriste et autoritaire ; de l’autre, une société dynamique et créative qui aspire à davantage de libertés. Des protestations récurrentes, comme celles de 2019 contre l’augmentation des prix du carburant ou celles de 2022 après la mort de Mahsa Amini, montrent que la population iranienne ne renonce pas à ses aspirations démocratiques. 

Sources : 

Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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