11 février 1979 : Révolution islamique en Iran

11 février 1979 : Révolution islamique en Iran

Il y a 43 ans, le 11 février 1979, la Révolution iranienne ou Révolution islamique s’achevait et mettait fin à une monarchie vieille de plus de 2 500 ans. L’ayatollah Rouhollah Khomeini revient en Iran après quinze ans d’exil. Le monde se souvient des images montrant des milliers d’iraniens à genoux lors du retour de l’ayatollah. Cultea revient sur l’un des événements majeurs du XXe siècle. 

LES PRÉMICES DE LA REVOLUTION ISLAMIQUE D’IRAN

Il faut remonter plusieurs années avant le 11 février 1979 pour comprendre la Révolution islamique. Mohammed Reza Pahlavi, le chah renversé par la Révolution, naît en 1919. Il accède au trône en 1941 après l’abdication de son père. Au début de la Guerre Froide, Mohammed Reza Pahlavi se rapproche des Etats-Unis et du bloc de l’Ouest.

Le nouveau chah ambitionne rapidement de moderniser l’Iran. Mohammad Mossadegh, Premier Ministre entre 1951 et 1953, instaure la sécurité sociale et la réforme agraire. En 1962, Mohammed Reza Pahlavi lance la « Révolution du roi et du peuple », plus connue sous le nom de « Révolution blanche« . Ce programme comprend notamment :

  • L’abolition du système féodal.
  • Le suffrage universel et l’éligibilité des femmes.
  • Plusieurs mesures pour lutter contre l’analphabétisme.

L’Iran dispose en outre d’un sous-sol très riche en pétrole. L’économie du pays profite ainsi très largement du choc pétrolier de 1973. Toutefois, rares sont les iraniens qui profitent des retombées économiques de la modernisation et des revenus pétroliers. L’Etat iranien est atteint d’une corruption endémique. Le fossé entre les élites occidentalisées et la population se creuse.

En 1971,  la famille royale iranienne fête en grande pompe les 2 500 ans de l’Empire perse. L’ayatollah Khomeini fustige d’ailleurs cette célébration fastueuse, bien éloignée de la réalité des iraniens. Dès le début des années 1970, le mécontentement gronde de plus en plus au sein de la population.

Illustration.
Mohammed Reza Pahlavi, dernier chah d’Iran renversé par la Révolution iranienne, dans les années 1970 (Source : Wikipédia)

LE RÔLE DE L’AYATOLLAH KHOMEINI

D’abord peu structurée, l’opposition s’organise autour de l’ayatollah Rouhollah Khomeini. Khomeini défend un nouvel islam politique : le pouvoir vient de Dieu et doit ainsi être détenu par les clercs. Opposé à la « Révolution blanche », Khomeini est contraint de s’exiler à Najaf (Irak), en 1964. Quatorze ans plus tard, il quitte l’Irak pour Neauphle-le-Château (Yvelines). Khomeini enregistre sa propagande sur des cassettes qui sont ensuite transportées et écoutées clandestinement en Iran. Certains intellectuels français, dont notamment Michel Foucault, contribuent à la médiatisation de Khomeini.

Les premières grèves ont lieu en 1977. Elles se poursuivent avec des manifestations massives à partir de 1978. Le chah décrète alors la loi martiale. L’armée réprime très sévèrement les manifestations et provoque une colère encore plus vive chez les manifestants. En janvier 1979, le chah, gravement malade, s’exile en Egypte, où il meurt peu de temps après. Il nomme un gouvernement civil, dirigé par Chapour Bakhtiar. Le 11 février 1979, l’armée se déclare neutre dans le conflit qui oppose le gouvernement aux manifestants. Khomeini peut rentrer en Iran.

Entre 1980 et 1983, les ayatollahs éliminent les opposants de gauche et le parti communiste, le Toudeh. Les membres des élites de la monarchie sont arrêtés ou assassinés. Khomeini et les mollahs rédigent une nouvelle Constitution. La fonction la plus importante de l’Etat est celle du Guide Suprême, qui tient son pouvoir de Dieu. Khomeini occupe cette fonction jusqu’à sa mort, en 1989. Parmi les premières mesures prises par le gouvernement islamique, figurent notamment :

  • L’obligation pour les femmes de se voiler.
  • De nombreuses nationalisations.
  • La confiscation des biens appartenant aux élites, désormais en exil.
  • L’interdiction de vendre de l’alcool.

La Révolution islamique se présente comme anti-américaine. La prise des otages de l’ambassade américaine le 4 novembre 1979 témoigne de la rupture avec les Etats-Unis.

L’ayatollah Ruhollah Khomeini, figure centrale de la Révolution iranienne (source : Wikipédia)

LA VOIX DES ARTISTES DANS LA REVOLUTION IRANIENNE 

Certaines productions artistiques nous permettent d’en savoir un petit peu plus sur la Révolution islamique. Les artistes exilés faisaient souvent partie des élites occidentalisées ou des opposants de gauche. Ces élites sont forcées à l’exil. C’est le cas de Marjane Satrapi, l’auteure de la très célèbre bande dessinée en quatre tomes Persepolis. Marjane Satrapi raconte son enfance à Téhéran et son exil à Vienne. Elle manie subtilement l’humour pour témoigner du déracinement qu’elle a connu sans tomber dans le misérabilisme.

Le roman de Négar Djavadi, Désorientale, traite aussi bien de la thématique de l’exil brutal. Kimia, la narratrice, grandit au sein des milieux intellectuels et occidentalisés de Téhéran. Sa famille quitte l’Iran pour Paris où Kimia est tiraillée entre ses expériences parisiennes et la nostalgie de son pays natal.

La Révolution iranienne présente plusieurs spécificités. Des iraniens issus de différents milieux sociaux et de différentes ethnies se mobilisent ensemble contre le chah. Les étudiants, les lycéens et le Toudeh s’allient aux mollahs. Les imams s’impliquent en effet directement dans les manifestations. Khomeini fait de la Révolution islamique un symbole tiers-mondiste de libération des opprimés face à l’hégémonie occidentale. 

Sources :

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