Âgé de 62 ans, Jafar Panahi est l’un des cinéastes iraniens les plus primés. Interpellé la semaine dernière à Téhéran, l’opposant iranien doit purger une peine de six ans. Cet emprisonnement met en lumière la « fausse démocratie » actuelle en Iran.
Jafar Panahi emprisonné
Condamné en 2010, le cinéaste Iranien, Jafar Panahi, a été interpellé le 11 juillet dernier à Téhéran. L’autorité judiciaire du pays a annoncé son incarcération. Il a 62 ans et est un opposant au régime iranien actuel. Le porte-parole de la justice Massoud Stayechi a dit que ce dernier « a été emmené au centre de détention d’Evin pour y purger sa peine » lors d’une conférence de presse.
Le cas Jafar Panahi n’est pas un cas isolé. Un autre réalisateur primé, Mohammad Rasoulof est détenu depuis le 8 juillet avec son collègue Mostafa Al-Hamad. Vendredi dernier, la France a appelé à la « libération immédiate » des cinéastes. L’emprisonnement met en lumière la détérioration de la situation des artistes en Iran. Ainsi que la fausseté de la démocratie actuelle du pays.
Liberté d’expression
En 2010, lors de sa condamnation, Jafar Panahi, a été mis en liberté conditionnelle. Ce dernier était depuis ce jour interdit de voyage, d’écrire et réaliser des films, et même de s’exprimer dans les médias. Sa liberté conditionnelle pouvait être révoquée à tout instant. Il avait été condamné pour « propagande contre le régime » après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad (Président de la république islamique d’Iran de 2005 à 2013).
Le cinéaste a marqué le 7ème art et les festivals. Il a notamment obtenu en 2000, à Venise, le Lion d’Or pour Le Cercle. En 2018, il gagne le prix du scénario au festival de Cannes avec Trois visages. 3 ans plus tôt, en 2015, c’est à Berlin qu’il gagne l’Ours d’Or pour Taxi Téhéran. Le film étant tourné sans les autorisations du pays, véritable réquisitoire contre le régime iranien et prônant la liberté d’expression.
Ces derniers temps, les autorités d’Iran ont procédé à pas mal d’arrestations. Dans ces arrestations, un homme, figure du mouvement réformateur, Mostafa Tajzadeh. Ce dernier est accusé de rassemblement et collusion contre la sécurité d’État ainsi que propagande contre le régime. Vice-ministre sous le gouvernement de 1997 à 2005, Tazadeh s’est porté candidat aux présidentielles de 2021. Emprisonné de 2009 à 2016, il milite depuis de nombreuses années pour des changements structurels et démocratiques au sein de la République islamique.
La République en Iran
En Iran, les institutions reposent depuis 1979 sur deux fondamentaux : islamique et républicain. La souveraineté divine venant de Dieu et la volonté populaire, venant du peuple. Actuellement, la plus grande autorité de l’État est le Guide de la révolution. Il supervise les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Il veille à ce que les institutions fonctionnent et oriente le régime. Ce dernier, contrôle l’armée, les forces de l’ordre, la télévision ou encore la radio d’État.
Depuis le décès de l’ayatollah Khomeini, la constitution a été révisée en 1991. Le Guide est désigné, et révoqué dans certains cas, par l’Assemblée. Ces derniers sont élus au suffrage universel tous les 8 ans.
Pour ce qui est du pouvoir exécutif, il y a un président de la République. Depuis le 3 août 2021, c’est Ebrahim Raissi. Il est élu par le peuple pour 4 ans. Il préside le Conseil des ministres et dirige le gouvernement. Le Président nomme les ministres qui doivent être approuvés par le Parlement.
Un système autoritaire
En Iran, il existe des structures qui sont élues au suffrage universel, avec campagne électorale et élections. Cependant, tout est verrouillé par les structures autoritaires. Cette structure autoritaire sélectionne les candidats qui peuvent se présenter aux élections. La démocratie devient tout de suite plus un système autoritaire. Tout est centralisé autour du Guide.
Le Parlement, qui exerce le pouvoir législatif, est composé de 190 représentants. Pour être candidat à ce Parlement, il faut présenter sa candidature au Conseil des Gardiens. Le Conseil des Gardiens veille à la conformité des lois avec la Constitution et avec l’islam. Ces derniers analysent la candidature et rejettent tous ceux considérés comme non-conformes. Dernièrement, les candidats venant des partis réformateurs ou modérés sont disqualifiés.
Pour ce qui est du pouvoir judiciaire, le théologien juriste est nommé par le Guide lui-même. Le théologien peut ensuite nommer ses juges.
Le cas Jafar Panahi met en lumière le vrai pouvoir en place en Iran. Un pouvoir où l’opposition n’a pas le droit à la parole, et peut même être emprisonnée si elle est trop bruyante.
Sources