Ce n’est pas une nouveauté, l’actualité file à toute vitesse… Et on n’entend quasiment plus parler des soulèvements des femmes iraniennes qui, pourtant, se poursuivent. Cultea vous propose de rencontrer Tahireh, une figure pionnière du féminisme en Iran. Les jeunes femmes iraniennes qui enlèvent leur voile en public peuvent en effet nous faire penser à elle !
Fatemeh, également connue sous le nom de Tahireh, a vécu au cours de la première moitié du XIXe siècle, à une époque où le Moyen-Orient connaît une certaine effervescence culturelle.
Elle est quasiment inconnue et, pourtant, son parcours fut exceptionnel… Fatemeh est la première féministe iranienne moderne. Elle naît en 1817 ou en 1818 à Qazvin, une ville située à l’ouest de Téhéran, au pied des monts Elbourz. La poétesse grandit dans une famille très pieuse. A l’âge de treize ans, elle est mariée à l’un de ses cousins, adepte d’un islam conservateur, aux antipodes des idées de Fatemeh.
Tahireh, première féministe iranienne
Tahireh fait très vite preuve d’une vive curiosité intellectuelle. Alors qu’elle n’est qu’une adolescente, elle écoute les cours de théologie que donne son père, dans la pièce à côté. Elle a ainsi accès à une éducation, ce qui est à l’époque impensable pour une femme. La jeune Fatemeh se passionne en outre pour la poésie.
Elle entretient des correspondances avec de grands intellectuels du Moyen-Orient, dont Sayyed Kazem Rashti. Ce dernier prône un islam moins rigoriste, ce qui intéresse particulièrement notre héroïne. En 1843, Fatemeh décide de le rejoindre à pied en Irak. Mais, à son arrivée, une mauvaise surprise l’attend : Sayyed Kazem Rashti est décédé.
Mais son destin exceptionnel se poursuit. Les savoirs de Tahireh sont si réputés dans la région qu’on lui propose de prêcher à la place de Sayyed Karem Rashti. Séparés par un rideau, des hommes et des femmes écoutent avec une grande attention ses enseignements d’une intelligence rare. Fatemeh s’indigne contre la corruption des mollahs, défend explicitement l’égalité entre les hommes et les femmes. Cela doit passer, selon elle, par une réforme profonde du divorce, de l’héritage et de la charia.
La Conférence de Badasht
Tahireh est de plus en plus attirée par le babisme, un mouvement messianique qui a le vent en poupe au XIXe siècle en Irak. En 1848, elle participe à la Conférence de Badasht qui définit les principes du babisme. Le mouvement se dissocie de l’islam. A cette occasion, elle enlève son voile. Impensable pour l’époque ! Les adeptes du babisme sont dès lors persécutés par le pouvoir central. On estime que le gouvernement aurait fait assassiner 100 000 babis. Tahireh est emprisonnée pendant quatre ans. Ses disciples, parmi lesquels on trouve beaucoup de femmes, s’organisent pour la libérer.
On la dit si intelligente et si belle que le roi de Perse, le shah, l’aurait demandée en mariage. Attachée à sa liberté, Tahireh décline la proposition en lui envoyant un poème. En 1852, ce même roi de Perse est visé par un attentat. On soupçonne alors Tahireh. Le pouvoir la condamne à mort. Elle décède étouffée à l’âge de 35 ans.
Ce n’est qu’en 1935 que le Chah d’Iran, Reza Chah Pahlavi, autorise les femmes iraniennes à ne pas porter le voile. En 1979 cependant, après la Révolution islamique, l’ayatollah Khomeini oblige à nouveau les femmes à se voiler.
Les positions de Tahireh ressemblent furieusement aux revendications des manifestantes iraniennes qui, aujourd’hui, se dévoilent en public. Le port du voile reste une question centrale au sein des mouvements féministes iraniens.
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