Le 29 mars 2024, Google rendait hommage au photographe et journaliste franco-iranien Abbas Attar. Plus connu sous le nom d’Abbas, celui-ci s’est fait connaître pour ses photos ainsi que ses essais concernant divers conflits. Celui-ci porta notamment un regard acéré sur les religions et le sort des communautés du monde entier.
Un journaliste politique engagé
Abbas est né en Iran le 29 mars. Il se forgea progressivement une renommée en tant que journaliste à partir des années 70, grâce à ses travaux sur divers conflits politiques et sociaux à travers le monde. Il publia ainsi sur les conflits au Vietnam ou encore au Chili. Il se fit également remarquer pour un essai concernant l’Apartheid qui sévissait à l’époque en Afrique du Sud. Mais sa renommée explosa au moment de la révolution islamique d’Iran, qui survint en 1979.
Abbas s’intéressa en profondeur à cet événement majeur de la géopolitique moderne, publiant même un ouvrage en 1980, intitulé Iran, la révolution confisquée. Un ouvrage qui le rendit d’ailleurs persona non grata dans son pays natal durant un bon moment.
Abbas Attar : un intérêt particulier pour les religions à travers le monde
Ce qui caractérisa Abbas, c’est sa capacité à capturer l’essence des conflits politico-religieuses. Il s’intéressa notamment aux aspects les plus intimes et profonds des religions monothéistes. Son intérêt pour les religions l’amena à se concentrer pendant près de vingt ans sur l’islam. Désireux de comprendre les tensions au sein des sociétés musulmanes, il explora comment la foi modèle la vie des gens à travers le monde, du Moyen-Orient à l’Asie, en passant par l’Afrique. Ainsi, de 1987 à 1994, il photographie la résurgence de l’Islam du Xinjiang jusqu’au Maghreb.
Suite à cela, il se tourna vers d’autres religions. Il documenta ainsi le christianisme, le judaïsme, l’hindouisme, et le bouddhisme, ou encore l’animisme, cherchant à comprendre ce qui unit et sépare les croyants. Il s’intéressa tout particulièrement au christianisme de 1995 à 2000. Un intérêt qui donnera naissance à son livre Voyage en Chrétientés.
Loin du simple documentaire, l’œuvre d’Abbas était profondément humaniste. Il chercha ainsi à révéler les complexités de la condition humaine à travers le prisme des conflits, des révolutions et de la foi. Ses photographies, souvent poignantes et parfois dérangeantes, invitent à une réflexion sur la nature humaine, la spiritualité et le pouvoir.
Membre de la prestigieuse agence Magnum Photos
Abbas rejoint l’agence Magnum Photos dès 1981, pour en devenir un membre à part entière en 1985. Cette prestigieuse coopérative regroupait (et regroupe encore) certains des photographes les plus influents et respectés de la planète. Son adhésion à Magnum Photos permit ainsi à ses travaux d’atteindre une audience mondiale. Ses photographies purent alors être publiées dans de nombreux magazines et journaux internationaux de premier plan. Son travail de photojournaliste consista notamment à documenter les sociétés en conflit. On se rappelle aujourd’hui principalement de son style très impactant, usant du noir et blanc pour capturer le « moment suspendu ».
Abbas Attar est décédé le 25 avril 2018 à Paris. Il laisse derrière lui un héritage durable en tant que témoin des tumultes de son temps. Il fut un explorateur des nuances de la foi et un conteur visuel. Plusieurs décennies plus tard, ses images continuent d’interroger, de provoquer et même de déranger.